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— 82 —

En voulez-vous la preuve? écoutez quel-
ques extraits du rapport.

« Au nombre des études littéraires qui pré-
sentent à la fois la théorie et la pratique, le
précepte et l'exemple, nous devons citer en
premier lieu le Froissavt de M. Kervyn de
Lettenliove. Distingué déjà par l'Académie
française, ce travail a été depuis revu, re-
nouvelé, achevé, d'après les bienveillantes
observations contenues dans le rapport de
M. Villemain; et les détails précieux sur la
biographie de Froissart, sur ses voyages,
sur ses relations, l'appréciation de ses chro-
niques et de ses poésies, d'ingénieux aperçus
sur les traditions littéraires du Hainaut et
l'état de la civilisation morale au XIVe siècle,
tout concourt à nous donner une idée com-
plète de cette intéressante époque qui appar-
tient à notre histoire bien plus légitimement
qu'à celle de la France. Le livre de M. Ker-
vyn de Lettenhove, complet dans le sujet qu'il
embrasse, continue utilement la voie ouverte
par l'introduction de Ileiffenberg à la chro-
nique de Philippe Mouskes et l'esquisse de
M. Van Hasselt sur l'histoire de la poésie
française en Belgique. C'est un service de plus
rendu à notre nationalité littéraire parl'émi-
nent auteur de l'Histoire de Flandre. »

Il nous semble à nous, simple public, que
si l'ouvrage de M. Kervyn de Lettenhove,
doit être cité en premier lieu, s'il a déjà été
distingué par l'Académie française, s'il a été
après cela revu, renouvelé, achevé, si tout
concourt à nous donner une idée complète de
etc., s'il est complet dans le sujet qu'il em-
brasse, s'il est im service de plus rendu à no-
tre nationalité littéraire par l'éminent auteur
de l'histoire de Flandre, il nous semble,
disous-nous, qu'il y a là plus de titres qu'il
n'en faut pour couronner M. Kervyn de
Lettenhove.

Il y a un mais, nous dira-t-on. Où est-il?
pourquoi nous le cacher? En le cachant, le
jury s'est-il bien pénétré de la nature de
ses devoirs?

» Notre pays aussi peut se féliciter d'avoir
vu, à maintes reprises, les concours ouverts
par l'Académie ou institués par le gouverne-
ment, favoriser leclosion de talents vérita-
bles et distingués. M. Emile de Laveleye, un
de nos esprits les plus littéraires, une de nos
intelligences les plus actives, est un ancien
lauréat des concours d'universités, et sa tra-
duction des Niebelungm, accompagnée d'une
étude aussi profonde que lumineuse sur la
formation de l'épopée, montre qu'il esi resté
bon philologue. Ullisloire de l'influence de
Shakespeare sur le Théâtre Français, par M.
Albert Lacroix, a reçu la palme à ces mêmes
concours, et c'est le fruit de studieuses in-
vestigations classées avec sagacité. Enfin le

dernier lauréat, M. Frédéric Hennebert, a
fait de son coup d'essai un coup de maître :
son Histoire des traductions françaises d'au-
teurs grecs et latins pendant le XVIe et le XVIIe
siècles, est un travail complet, que distin-
guent une judicieuse critique, mise au ser-
vice d'une infatigable érudition, et des idées
d'une maturité surprenanie exprimées dans
un style pittoresque, abondant et rapide. »

M. Fr. Hennebert a fait de son coup d'essai
un coup de maître, son livre est un travail
complet que distinguent une judicieuse critique
mise au service d'une infatigable érudition et
des idées d'une maturité surprenante exprimées
dans un style pittoresque, abondant et rapide.

S'il en est ainsi, voilà une bien belle oc-
casion de couronner M. Hennebert et de ne
pas tromper le pays en lui faisant accroire
que celui-ci n'a rien produit de bon.

Y a-t-il encore un mais ténébreux caché
au fond d'une crainte ou d'un ménagement?

Une seule fois le jury ose se permettre une
critique dédaigneuse par sa brièveté, dure
et vulgaire par ses termes, une critique qui
n'est tempérée par aucun mot d'éloge. C'est
lorsqu'il s'agit de M. Loise, lauréat de l'a-
cadémie, une de nos jeunes intelligences
les plus vigoureuses, de celles que l'on doit
respecter, qu'il est impardonnable de cher-
cher à décourager et qui, dans tous les cas,
méritait d'être traitée avec des allures plus
dignes. Voici comment le rapport s'exprime
à son égard :

» M. Ferdinand Loise a publié récemment
la suite du mémoire sur les rapports de la
civilisation avec la poésie, couronné par
l'Académie en 1858. Peut-être cette seconde
partie, excessivement longue, ne justifie-t-elle
pas entièrement la bonne opinion que l'auteur
avait su inspirer tout d'abord. On désirerait
plus d'originalité, plus de précision; mais
hâtons-nous d'ajouter que ces défauts sont
ceux du plan, de la conception générale,
beaucoup trop étendue. »

Notons en passant que VHistoire de la poésie
de M. Loise est tout simplement une œuvre
hors ligne, dont la France elle-même a con-
staté toute l'importance par l'organe de MlM.
Cérusez et Alexis Pierron et sur le compte
de laquelle la presse européenne s'est ex-
pliquée de façon à venger M. Ferd. Loise en
le plaçant au rang des Ginguené et des Sis-
naondi.

Nous l'avouons, le courage nous manque
pour continuer l'examen d'une œuvre qui
nous offre le spectacle aussi triste qu'im-
prévu de sept hommes de cœur et de talent
se réunissant pour affirmer, par une décision
implicite, l'impuissance littéraire de la Belgi-
que.

CORRESPONDANCE PARTICULIERE.

Paris.

EXPOSITION DES BEAUX-ARTS t PEINTURE RELIGIEUSE. -

GENRE HISTORIQUE. — GENRE FAMILIER. — PORTRAITS.
— PEINTURES D'ANIMAUX.

Si j'avais besoin dans mon dernier compte-
rendu de l'indulgence de vos lecteurs, pour ne
rien omettre des diverses parties du program-
me que je m'étais tracé, je trembleaujourd'hui
de fatiguer leur patience, quand je considère
la quantité de noms que j'ai à faire passer
sous leurs yeux et le nombre d'oeuvres esti-
mables qu'embrassent les séries multiples
dont je me propose de parler. Cependant je
crains encore plus d'être obscur ou incomplet
que de sembler trop long et j'espère que la
bienveillance du lecteur, venant à mon se-
cours dans une œuvre longue et difficile, me
permettra de tout dire pourvu que je m'efforce
de ne rien dire de trop.

Quatre noms manquent encore à la liste
des élèves de l'école de Borne qui exposent
cetteannée:Un plafond de M. Biennoury repré-
sentant les Arts, nous rappelle la peinture sé-
rieuse et quelque peu froide deM.Barrias.M.
Michel, parti pour Borne en 1860, nous ra-
conte l'origine de cette bourgade de voleurs
devenue la reine du monde : Faustulus dé-
couvrant Remus et Romulus allaités par une
louve ; le berger est une bonne étude aca-
démique,, rien de saillant d'ailleurs dans cette
œuvre d'élève. MM. Bernard et Thomas en-
fin , nous fourniraient l'occasion de prouver
l'exactitude de nos observations sur le pay-
sage historique. Les vues prises dans les Etats
romains par M. Bernard, présentent de la
grandeur et de l'harmonie; mais les arbres
sont lourds plutôt que majestueux. M. Tho-
mas, un élève d'architecture, est arrivé à
dorer ses paysages asiatiques de chauds
rayons. Ii a même atteint l'originalité et le
style dans la Vue de nuit d'une mosquée per-
sane près de Bagdad. Ces coupoles qui se
détachent pâles, au milieu d'un bouquet de
palmiers, sur l'immensité bleuâtrede la nuit,
cette nature endormie sous les regards bla-
fards de la lune, sont rendus avec un vérita-
ble sentiment de la nature, avec une connais-
sance réelle des ressources du clair-obscur.
Mais ne nous attardons point ici, et, cet oubli
réparé, arrivons maintenant à la peinture re-
ligieuse.

C'est un triste spectacle que le sort de la
peinture religieuse de nos jours. En vain
quelques natures énergiques se révoltentcon-
tre l'indifférence et protestent encore contre
le dédain et le mépris. Avec la peinture his-
torique a succombé l'art religieux, élevé si
haut par les maîtres italiens du quinzième et
 
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