Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

PEINTURE, SCULPTURE, GRAVURE, ARCHITECTURE, MUSIQUE, ARCHÉOLOGIE, BIBLIOGRAPHIE, BELLES-LETTRES, ETC
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE M. A. SIRET, MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.

Paraissant deux fois par mois.

N° 22.

sommaire : Publication centrale de documents sur
l'histoire des arts et des artistes. — Correspondances par-
ticulifo*es : Paris, la statue de la colonne Vendôme. ■—
Bruxelles, Révélation curieuse de M. Rubens-Powell. —
Autres correspondances.—Un tableau duTiticn à Bruxelles.
■— Gand ; à propos de la sépulture de G. de Craeyer. —
Extraits de l'exposé de la situation de l'Empire français.

— Iconographie. — Nouvelles d'atelier.— Chronique._

Tentes de Tableaux etc. — Annonce.

PUBLICATION CENTRALE

DE DOCUMENTS SUR L'iHSTOIRE DES ARTS ET DES ARTISTES.

11 n'est personne qui n'ait été plusieurs
fois désagréablement interrompu dans ses
études sur l'histoire des arts et des artistes,
non-seulement par les lacunes que cette his-
toire présente, mais encore par les difficultés
de toute nature accumulées comme à plaisir,
soit par d'anciens écrivains, soit par des écri-
vains modernes à qui la facilité el l'aplomb
ont tenu lieu de savoir et de labeur. Sous ce
rapport, les vieux historiographes sont les
coupables; c'est à eux que nous devons ces
renseignements erronés sur lesquels tant
d'érudits ont construit de laborieux échafau-
dages tombés aujourd'hui; c'est à eux que
nous devons ces anecdotes apocryphes qui
ont traîné si longtemps dans les livres ; c'est
à eux, en un mot, que nous devons ce chaos
dans lequel l'esprit d'investigation si persis-
tant de notre époque, est parvenu à jeter une
vive lumière.

Pour ne parler que d'une branche des arts
et d'une catégorie de Belges renommés, les
peintres, rappelons-nous ce qu'en ont fait les
écrivains qui s'en sont occupés les premiers.
D'abord, il est extrêmement rare que les don-
nées chronologiques soient exactes; on ne
rencontre à peu près partout que des erreurs
grossières et parfois des impossibilités ab-
surdes, fruits inséparables de la légèreté
avec laquelle ces renseignements ont été
pris. C'est ainsi que nous avons maintes fois
rencontré dans ces livres, des peintres déjà
illustres à un âge où il est matériellement im-
possible de signifier quelque chose; d'autres,
nés avant les auteurs de leurs jours; quelques-

Belgique. — 30 Novembre 1863.

uns nés après leur propre mort; plusieurs
désignés comme élèves de maîtres disparus
depuis!ongtemps;unepartie enfin, qui, n'étant
qu'une seule et même personne, reviennent
sur la scène du monde avec d'autres noms,
d'autres allures, d'autres attributions; de ce
nombre on peut citer en passant, Gérard Hont-
horst et Gérard Desnuits qui ne font qu'un
seul et même peintre. Un biographe italien a
même augmenté cette famille d'un troisième,
Gérard Délie notte, en donnant à chacun des
dates différentes de naissance et de mort. Le
premier est classé à l'école hollandaise, le
second à l'école française et le troisième à
l'école italienne.

Ceci est déjà une cause de grande pertur-
bation , mais ce n'est, en tout cas, que le ré-
sultat de la négligence. Ce qui est plus grave,
c'est la partialité souvent révoltante avec la-
quelle les artistes flamands, principalement,
sont traités. On a sans doute remarqué qu'il
est bien rare que les anciens biographes ne
fassent pas de nos vieux peintres des types
exceptionnels d'aventuriers, et surtout d'in-
corrigibles ivrognes. A les en croire, on dirait
des héros de taverne dont les excès ont at-
teint des proportions fabuleuses et l'on se
croirait plutôt en compagnie de grands cou-
pables que d'illustrations qui ont jeté un si
brillant éclat sur la patrie. Hélas, toutes ces
anecdotes vulgaires et triviales, ces imputa-
tions la plupart mensongères, ces comméra-
ges indignes de l'histoire, sont tombés dans le
domaine public et ont fait un tort considéra-
ble à la valeur réelle du type flamand. Il est
vrai que chaque jour des documents vengeurs
sont mis en lumière et mettent à néant ces
odieux bavardages, mais pourra-t-on jamais
en détruire complètement les effets?

Peut-être.

Ce qui manque à la Belgique, à l'heure qu'il
est, c'est un dépôt unique et certain où l'on
puisse étudier, avec toutes les garanties né-
cessaires, l'histoire de nos grands hommes.
11 ne s'agit pas d'un vaste répertoire, d'une
collection nombreuse de documents ni d'une
bibliothèque, il s'agit simplement d'une bro-
chure périodique, faiteavecconscience, etdans
laquelle les faits et les dates viendraient s'a-

CinquièMe Année.

ligner avec l'impitoyable logique des chiffres.
Le passé et le présent feraient tout à la fois
l'objet de la sollicitude des directeurs de ce
recueil.

Ici se place naturellement le développe-
ment du projet.

La spécialité de la publication projetée se-
rait tout ce qui se rattache à la vie et aux ou-
vrages des artistes en général, peintres, mu-
siciens, statuaires, graveurs, architectes, etc.
On y insérerait tous les actes publics ayant
caractère d'authenticité. On rectifierait, avec
preuves à l'appui, les biographies si indigne-
ment tronquées de nos ancêtres. Les anciens
recueils publiés en Belgique et à l'étranger,
seraient naturellement mis à contribution,
ainsi que ceux qui sont en voie de publica-
tion et où nous trouvons tous les jours des
renseignements précieux, mais presqu'inu-
tiles, puisque le public ne sait où aller les
chercher, perdus qu'ils sont dans la masse
des livres publiés. Les anciennes archives se-
raient consultées, et toute note qui pourrait
intéresser la vie ou l'œuvre d'un enfant du
pays, serait déposée dans son originalité et
avec commentaire, s'il y a lieu, dans le re-
cueil. Il y a un monde à découvrir dans notre
passé : peintres, enlumineurs, musiciens,
imagiers, architectes, ciseleurs, toutes ces
ombres attendent qu'on les tire du néant et
il semble vraiment que l'instant soit venu de
les rendre à la lumière. Nous savons bien
que tous les jours on découvre à ce sujet d'i-
nestimables documents, mais, encore une fois,
ils sont publiés dans une masse de revues dif-
férentes. Ce sont autant de ruisseaux qui se
perdent dans les sables, faute d'un centre
commun où ils puissent confondre leurs eaux.

Une l'ois ce centre établi, quel monument
ne pourrons-nous pas alors élever à la gloire
nationale; car,Heroublionspas, lerecueildont
nous parlons n'est pas une réunion de bio-
graphies, mais une concentration de maté-
riaux dont nous pouvons déjà, par la pensée,
entrevoir la haute utilité. Ce que nous vou-
lons accomplir, cen'est ni une mission de con-
quérant, ni une œuvre de penseur, c'est sim-
plement un travail d'ouvrier, l'architecte
viendra plus tard.
 
Annotationen