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— 130 —

prouvé. L'organisation de Delacroix était
riche et brillante, mais il ne faut pas crain-
dre de le dire, elle était très incomplète.
Aussi le sentiment que font éprouver ses
œuvres les plus importantes et les mieux
réussies, est-il pénible et angoissé. L'esprit
est inquiet devant ces beautés imparfaites.
Partagé entre l'admiration que lui inspire
tant de splendeur et une répulsion bien natu-
relle devant des incorrections choquantes, il
souffre, au lieu de ressentir cette satisfaction
sereine et sans mélange, cette volupté su-
prême que produit en nous la vue de la per-
fection.

Quoique d'une complexion nerveuse et
délicate, Delacroix était d'une activité peu
commune. 11 a travaillé presque jusqu'au
dernier moment de sa vie. La dernière oeuvre
qu'il ait achevée est une réplique de sa Médèe
du musée de Lille, et lorsque la mort l'a
frappé, il mettait la dernière main à quatre
grands panneaux représentant des nymphes
au bain, ainsi qu'à un tableau important :
Bolzaris surprenant le camp des Turcs au lever
de V aurore. Sa vie simple, modeste, fut toute
consacrée à son art, Cependant il aimait et
recherchait la gloire; mais c'est là une ambi-
tion que l'on peut avouer. Par son esprit
étendu et très orné, par sa conversation
nourrie et brillante, par la distinction de ses
manières, il exerçait une sorte de séduction
sur ceux qui l'approchaient. Ses goûts, môme
en matière d'art, étaient classiques, et ses
portefeuilles sont pleins d'études et de cro-
quis d'après l'antique et les maîtres de la
Renaissance. Il a publié, dans la Revue des
Deux Mondes, quelques articles très remar-
quables sur Michel-Ange, Nicolas Poussin,
Géricault, qui sont écrits dans un style excel-
lent, calme et châtié, et qui contraste singu-
lièrement avec l'exubérance de sa peinture,
Il prenait très au sérieux les intérêts de l'art,
et l'on n'a pas oublié la lettre si ferme et si
mesurée qu'il adressait à l'Institut, il y a à
peine une année, lorsqu'il put croire que
l'existence d'une collection justement célèbre
était en péril. Il n'eut pendant longtemps que
des admirateurs fanatiques et des détracteurs;
mais, depuis quelques années, malgré de
légitimes réserves, tout le monde rendait
hommage à son incontestable talent. A la
suite de l'exposition de 1855, il avait obtenu
la grande médaille d'honneur. En 1857, il
entrait à l'Institut, où il succédait à Paul
Delaroche. Plus heureux que ne l'ont été tant
d'autres, il a donc vu le jour de la justice.
Son oeuvre est immense, et ce qu'il y aurait
ajouté n'aurait sans doute pas été de nature
à modifier d'une manière importante le juge-
ment que portera sur lui la postérité. Il
semble cependant que cet infatigable lutteur

eût mérité de jouir de ces années tranquilles
qui devraient toujours terminer une vie aussi
laborieuse et agitée, et que sa mort fût pré-
maturée, puisqu'il n'a pu savourer que pen-
dant peu de temps cette gloire qu'il avait
désirée et qui restera attachée à son nom.

(Journal des Débats). Chaules Clément.

NOUVELLES D'ATELIER.

CHRONIQUE.

— Dans les fêles qui ont eu lieu à Anvers, à propos
de l'affranchissement de l'Escaut, tout le monde a re-
marqué la superbe statue représentant la liberté de
l'Escaut qui surmontait le pont d'un Steamer des plus
richement ornés. Cette statue est denotre habile statuaire
J. Geefs. Nous apprenoms avec bonheur que cette belle
œuvre d'art survivra à la circonstance et sera conservée.

■— Le commerce d'Anvers a chargé 11. L. Wiener, de
graver la grande médaille commémoralive de l'affran-
chissement de l'Escaut. La composition à laquelle notre
excellent graveur s'est arrêtée, a pu être vue, aux der-
nières l'êtes d'Anvers, développée dans de gigantesques
proportions, sur la vaste caisse de roues du Steamer qui
est allé chercher la flolillc dans le fias-Escaut.

— Un brillant banquet a été offert à M. Génard, à
l'occasion de sa nomination comme archiviste de la ville
d'Anvers. Cette fête, toute cordiale, avait réuni, dans les
salles de la sodalité , à Anvers, un grand nombre de per-
sonnes. Différents toasts, ont été portés, enlr'autrcs par
le poète flamand Van Beers, qui, dans son improvisation,
a eu des moments d'une tuperbe éloquence.

— On nous écrit pour nous demander ce que devient
le projet d'un monument à élever à Termonde à la mé-
moire du poète Prudent Van Duyse. Nous espérons être
à même de satisfaire à cette demande dans notre pro-
chain numéro.

—Nous lisons dans les journaux de Prusse que le char-
mant peintre de genre, MeyerVon Bremen, vient d'être
nommé Professeur. On sait que c'est une des distinctions
les plus flatteuses qui, eu Prusse, puisse être accordées
à un artiste.

— Nous publierons incessamment un travail que veut
bien nous promettre M. Génard sur le peintre Emma-
nuel Biset.

— Dans l'ornementation des rues, à l'occasion des fêtes
de Malines, on a beaucoup remarqué l'immense portique
d'un temple romain, composé et peint, croyons-nous,
par M.Vervloct. Cette composition, d'une hardiesse éton-
nante et d'un dessin très savant,, lait le plus grand hon-
neur à l'artiste qui a eu l'heureuse idée d'en orner le
fond de la place de Malines.

— On nous écrit de Paris : M. De Courmont, le di-
recteur des Beaux-Arts en France, vient d'être promu
au grade d'officier de la légion d'honneur. Avant d'occu-
per son poste actuel, M. De Courmont était le chef de la
division des monuments historiques. C'est une intelli-
gence des plus remarquables, qui joint à de grandes
connaissances spéciales, les .qualités nécessaires à l'ad-
ministration et surtout à l'appréciation des Beaux-Arts.
On a tout lieu d'espérer que sous sa direction éclairée et
impartiale, toutes les branches des Beaux Arts recevront
une protection intelligente et par cela même efficace.

— On signale à l'attention des amateurs, l'église de
Buchy presqu'enlièrement reconstruite à neuf par M.
Dauphiné, architecte normand. C'est un monument en
style renaissance, à trois nefs, et remarquable par l'élé-

gance des piliers et la beauté des voûtes. Une jolie tour
byzantine de 140 pieds de hauteur, surmonte l'édifice.
Les vitraux anciens du chœur ont été conservés et c'est
la maison Levèque, de Beauvais, qui s'est chargée de
confectionner ceux devenus nécessaires par suite de
la reconstruction de l'église.

— On se propose de nouveau d'élever un monument
à Greuze, dans la commune de Tournus. Espérons que
la reprise de ce projet ne restera pas sans résultat.

— Le conseil municipal de la ville d'Aix se propose
de réunir, dans un vaste ensemble, son musée et son aca-
démie. C'est le local de la Charité qui servirait à ce but
et que la ville a acheté, moyennant une rente perpé-
tuelle de 4000 frs.

— On vient de mettre à découvert les peintures mu-
rales de la coupole et des pendentifs de l'église St. Roch.
C'est M. Ad. Roger qui est l'auteur de ces peintures.

— Le Bulletin des commissions royales d'art et d'ar-
chéologie, deuxième livraison de 1865, vient de paraî-
tre. On y trouve un remarquables travail de M.Schuer-
mans, intitulé : Exploration de quelques tumulus de la
Hcsbaye. C'est le guide le plus pratique et le plus éclairé
que l'on puisse consulter sur la matière. Non-seulement
M. Schuermans examine et analyse, en curieux comme
en savant, les tumulus delà Hesbaye, mais il en profite
pour se livrer à un travail de comparaison d'une vaste
portée et aboutissant à des conclusions, qui, clans beau-
coup de cas , peuvent être considérées comme des règles
fondamentales.

ANNONCES.

SAINTE FAMILLE

OU VIERGE A LA CROIX,

TABLEAU DE RAPHAËL,

gravé par rrhevenin, 29, rue de Londres,
Paris.

Epreuves de remarque, dites d'artiste du n° 1 au n°
20, 180 fr. — Epreuves avant toutes lettres, sur chine,
dites d'artiste, n° 21 à 60, 150 fr. — Epreuves avant la
lettre, sur chine, 100 fr. —Sur blanc, 75 fr. — Epreu-
ves avec lettres sur chine, 55 fr. — Sur blanc, 20 fr.

MANUEL DE L'HISTOIRE DE LA PEINTURE.

ÉCOLES ALLEMANDE, FLAMANDE
et HOLLANDAISE,

par G. F. WAAGEN, Directeur de la galerie royale
de tableaux à Berlin.

Traduction par MM. HYMANS et J. PETIT, avec uu
grand nombre d'illustrations. — Tome premier. —
Bruxelles, Leipzig et Gand, C. Muquardt. — Paris,
Morel et Cic, 15, r. Bonaparte. — Ve Jules Renouard,
6, r. de Tournon.

UNE VOCATION LITTÉRAIRE

ROMAN PHILOSOPHICO-HUMOURISTIQUE
(1858—1862)
par Guillaume Lebrocquy.
1 vol. gr. in-12, chez tous les libraires du royaume.

ST. NICOLAS, TÏP. DE J. EDOH.
 
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