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— *45 —

le coloris. Quant à ce qui regarde la compo-
sition du tableau, la tenue solennelle des
figures était quasi-obligatoire.

Les deux saints, à côté du trône,ne sont, là
que comme des sentinelles. Mais on aime à
voir que la Stc Vierge, quoique remplie'de
dignité, est animée du plus tendre amour
maternel et s'unit intimement à l'enfant qui
bénit.

Guffens a aussi exposé deux portraits de
femme ; il y est resté lui-môme et il s'y tient
très éloigné de la manière pleine d'effet des
modernes. On pourrait dire de ces portraits
qu'ils sont la reproduction simple et fidèle
des caractères. Ils ont, dans tous les cas, plus
d'âme que de corps, et l'on voit que le peintre
n'a pas cherché à produire un trompe-l'œii.
Nous désirerions encore, que, sans blesser les
règles du style, on eût donné plus de jeu aux
contrastes de la lumière et des ombres. Afin
qu'on ne se méprenne pas sur notre pensée,
nous ajouterons de suite une observation sur
un tableau qui, sous un certain rapport,
forme le point d'éclat de l'exposition. Nous
voulons parler du portrait du baron Schack,
peint par Charles Piloty. C'est le reflet de la
nature reproduit comme par un miroir, avec
lumière et éclat et une imitation de la nature
qui produit l'illusion, le tout largement traité
et d'une main de virtuose. Quelque parfait
que ce soit dans son genre, nous n'aimerions
pas que ce genre fût pris pour modèle, par-
ceque l'attention, attirée ainsi sur les fourru-
res, les draperies, les décorations, etc.,etc.,
détourne l'esprit du spectateur de l'objet
principal de l'œuvre.

La question de savoir s'il est bien possible
de produire quelque chose de beau en pein-
ture sans forme.et sans coloris, pourrait être
posée à propos d'un tableau de Meunier, de.
Bruxelles, où l'on voit des moines camaldules
portant et accompagnant un mort à son tom-
beau.

Ici point de forme sévère, point de dessin
achevé, pas même pour ce qui regarde les
tètes qui, pourtant, y engageraient si bien ;
encore moins s'agit-il ici de coloris ou de
lumière, qui tous les deux manquent absolu-
ment. Si la plupart des frocs n'étaient point
blancs, tout le tableau ne présenterait, fai-
blement éclairé, qu'une grande tache obscure.
Et cependant, malgré cela, cette toile n'est
pas sans effet et enchaîne l'œil qui, sous la
sévérité et la disposition triste de l'ensemble
attirant déjà la sympathie, cherche encore
des détails qui satisfont le sentiment esthéti-
que. On résume sa pensée en se disant : avec
de la forme et du coloris, il y aurait quelque
chose à faire de ce tableau.

Nous avons encore à vous entretenir d'un
tableau qui doit être compté parmi les plus

importants de l'exposition, quoiqu'il ait été
créé selon des tendances très singulières et
absolues ; c'est La plainte sur le cadavre du
Christ, de A. Feuerbach, à Rome. Ni la fan-
taisie , ni le sentiment des formes ne s'appren-
nent ni se commandent; on ne peut pas en
vouloir à celui qui a pour lui le sentiment
du coloris, de vouloir l'exprimer.

Feuerbach a déjà souvent fait preuve de
son talent pour les effets de coloris, talent
qui s'unit étroitement, d'après notre opinion
exprimée au début de cet article, avec les
aspirations du naturalisme. On ne doit point
chercher chez lui la forme, surtout la forme
idéale, ni le dessin ou le style, mais il faut
y trouver la vigueur et le naturel des figures
se détachant et s'avançant. Le corps du Christ
est étendu sur une pierre; le bras gauche
tombe à terre; la tête est un peu inclinée en
arrière. La mère s'est jetée sur lui, la ligure
cachée, en partie par une de ses mains, et en
partie par la poitrine du mort, de façon qu'on
ne l'aperçoit point; à gauche de ce groupe,
trois autres femmes sont agenouillées. Le
crépuscule sombre et profond s'étend sur la
terre. Si une des trois femmes n'était couverte
d'un vêtement rouge de sang, on pourrait
douter s'il est question de coloris dans le
tableau , et cependant l'effet du coloris est
extraordinaire. Comment cela se fait-il? L'ar-
tiste semble avoir eu en vue deux choses :
de représenter l'événement d'une manière
aussi vraie et aussi naturelle que possible,
et, sans signification symbolique, de donner
à sa composition un accent qui réponde à
la douleur de son sujet. Il a atteint complète-
ment son but. Ce ne doit pas être un Dieu
qui est pleuré ici : c'est un mort autour du-
quel de proches parents se désolent et se
lamentent. Ils appartiennent à la classe pau-
vre, leurs vêtements sont vieux, usés et ont
perdu tout éclat, le chemin vers le tombeau
est plein de poussière et de boue; de la boue
et de la poussière sont attachées aux pieds
et aux vêtements; même les figures ne sont
point lavées, comme signe de deuil, deuil
vrai et profond, variant même graduellement
au gris-bleu obscur, au brun verdâtre, au
rouge jaunâtre et autres couleurs de même
nature s'harmonisant bien ; les objets dispa-
raissent dans un vague général et indéfini,
des lignes lumineuses étroites ne font ressor-
tir que l'effet général d'une profonde douleur.

C'est donc ainsi que la couleur a mis en re-
lief cette disposition par laquelle le tableau
agit sur le cœur etla conscience; l'effet est sou-
tenu, non par le dessin qui est faible, mais
par la composition, c'est-à-dire par l'expres-
sion de la douleur et de la profonde sympa-
thie pour le mort. »•••»»
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Actes Officiels.

Édifices du culte. — Par arrêté royal du S Septem-
bre, un deuxième subside de 5,000 fr. est alloué au
conseil de fabrique de Sainte-Croix, à Liège, pour le
mettre à même de faire exécuter des peintures murales
dans cette église.

Société des sciences, des arts et des lettres. —
Par arrêté royal du 5 Septembre, un subside de 1,000
fr. est alloué à la Société des sciences, des arts et des
lettres du Hainaut, à lions, pour l'aider à. continuer ses
travaux.

Société dramatique flamande. — Par arrêté royal du
8 Septembre, un subside de 500 fr. est alloué à la société
dramatique : « De Rosiers », de Termonde, afin de
l'aider à continuer ses représentations.

Commission royale des monuments. —Par arrêté royal
du 8 Septembre, les sieurs Chauvin, directeur de l'Aca-
démie des beaux-arts de la ville de Liège, et Canneel,
directeur de l'Académie des beaux-arts de la ville de
Gand, sont nommés membres correspondants de la com-
mission royale des monuments pour les provinces de
Liège et de la Flandre-Orientale, en remplacement des
sieurs Dewandre et Devigne, décédés.

Académie des beaux-arts et école de musique. —
Des arrêtés royaux accordent : à l'Académie des beaux-
arts de Louvain , sept nouvelles médailles, dont trois en
argent de grand module et quatre en argent de petit
module; à la section de musique de la même Académie,
quatre nouvelles médailles en argent de petit module;
à. l'administration communale de Tournai, en faveur
de son école de musique, cinq médailles en argent, dont
deux de grand module.

Restauration de monuments. — Par arrêté royal du
12 Septembre, un subside de 10,000 fr. est alloué à
l'administration communale d'Anvers, afin de l'aider à
couvrir les dépenses résultant de la restauration de son
Hôlel-dc-Ville.

Ordre de Léopold. — Par arrêté royal du 14 Sep-
tembre, le sieur Devigne, professeur de sculpture à
l'Académie royale des beaux-arts de Gand, est nommé
chevalier de l'Ordre de Léopold.

NOUVELLES D'ATELIER.

CHRONIQUE.

•—La statue de Jacques Van Artevelde, inaugurée à
Gand, marché du Vendredi, le 14 de ce mois, est une
œuvre puissante et originale. Le célèbre Ruwaert est
debout, vêtu de son armure de guerre, mais la fête
nue; sa main droite est étendue énergiquement vers la
ville, sa main gauche repose sur un espèce d'écusson
à ses armes. La tète a une fort belle expression dont le
corps entier semble participer. Le costume est traité
avec aisance. C'est un travail sérieux qui honore son
auteur, M. Dcvigne-Quyo. La fonte a admirablement ré-
ussi; elle a été opérée dans les ateliers de la maison
Cormann, à Bruxelles. Le piédestal est une conception
ingénieuse que nous allons essayer de décrire. Le pre-
mier socle, celui qui supporte immédiatement la statue,
est flanqué aux quatre angles du lion de Flandre, les
deux pattes appuyées sur un blason. La face antérieure
de ce socle porte le nom de Jacob Van Artevelde; les
autres faces sont destinées à recevoir des bas-reliefs.
Ce socle repose à son tour sur un vaste dé à créneaux
et chaque créneau est formé d'un des blasons des nom-
breux métiers qui faisaient, à l'époque de Van Artevelde,
la force de la commune gantoise. Une grille dans le
style de l'époque, entoure le monument dont l'ensemble,
au sein du marché du Vendredi, forme un effet admi-
rable. Pour le penseur et l'historien, cet effet s'augmente
des souvenirs tour-à-lour cruels et imposants qui se
rattachent à cette place. Notre bon Roi qui est, comme
on sait, un connaisseur des plus délicats, a examiné avec
une vive attention l'œuvre de M. Devignc-Quyo et lui en
a exprimé toute sa satisfaction. Sa majesté a daigné
remettre elle-même à notre compatriote les insignes do
 
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