ET DES PYRAMIDES. CHAP. XVIII, SECT. //. ^ ç)
sur ce point; et, comme il avoit sa prise d'eau à un point supérieur de la vallée,
il pouvoir, en effet, faire connoître l'origine de l'accroissement avant le jour où on
l'apercevoir dans le Nil même devant Memphis.
Eusèbe et le Syncelle font mention d'un lieu dit Ko^ti, dans le voisinage des
Pyramides ( i ). Nous n'avons aucune donnée pour découvrir son emplacement.
Selon Diodore de Sicile, les Grecs avoient emprunté à l'Egypte leurs fleuves
infernaux, le Cocyte et le Léthé. « Orphée, disent les Égyptiens, a rapporté de
» son voyage ses mystères, ses orgies, et toute la fable de l'enfer (2). » H est pos-
sible que l'idée première de l'enfer des Grecs et des Champs Élysées ait été puisée
en Egypte : mais y chercher l'origine de leurs fables jusque dans les détails, ainsi
que tous ces fleuves ouvrages de leur féconde imagination, et encore le Styx ,
le Phlégéthon, le Ténare, le Tartare, puis Caron et Cerbère avec Minos, Éaque
et Rhadamanthe, c'est tenter, nous le pensons, des rapprochemens forcés. Ce
seroit donc ici consumer le temps en vaines recherches que de vouloir trouver
sur le plan du territoire de Memphis la place qu'occupoit le Cocyte ou l'Achéron.
Je n'essaierai pas davantage de retrouver le lac d'Achéruse, situé auprès de Mem-
phis , selon Diodore de Sicile, ni l'île voisine où Dédale avoit un temple con-
sacré sous son nom (3). L'auteur, qui, après avoir dit qu'Orphée et Homère
avoient puisé leurs fables chez les Egyptiens, attribue à Dédale le vestibule du
temple de Vulcain à Memphis, et qui assure qu'on plaça la statue d'un artiste Grec
dans ce temple fameux, statue faite de sa propre main, n'est pas ici assez d'accord
avec lui-même pour servir de guide dans des rapprochemens aussi obscurs.
Au rapport d'Hérodote, le même Ménès qui fonda Memphis, qui fit élever
les digues destinées à la protéger contre le débordement, et creuser des lacs au
nord et à l'ouest, éleva en l'honneur de Vulcain un temple remarquable par sa
magnificence (4). Il est difficile de concilier ce récit avec la qualité de premier roi
d'Egypte que l'historien donne au même souverain, si Memphis est considérée
ici comme capitale . en effet, elle succéda comme telle à la ville de Thèbes. Mais
ne faut-il pas entendre par-là que Ménès fut le premier roi d'Égypte qui choisit
Memphis pour résidence (5 ) ! Alors il n'y auroit plus rien dont on pût être étonné
dans l'érection d'un grand et superbe temple à Memphis, comme on pourroit l'être
de voir élever de tels ouvrages dès le berceau de la civilisation, car les modèles ne
manquoient pas dans l'antique Thèbes. Toutefois nous regardons comme très-
croyable que Memphis fut un lieu habité dès les premiers temps, et bien avant
Héliopolis : il fut occupé comme le point le plus resserré de la vallée au-dessus de
l'origine du Delta; comme la clef, en quelque sorte, de l'Egypte supérieure; car,
ainsi que l'observe très-bien Hérodote, la ville se trouve dans la partie étroite du
Pays. L'opération qu'on attribue à Ménès, la rectification du cours du fleuve en
( 1 ) Prœpar. evar.g. lib. II, c. III. —Syncell. Chronogr.
p-54,5>. .
(2.) DioJ. lib. 1, cap. xxxvi.
(3) Ibid.
(4) Hérod. liv. Il, chap. XCIX, trad. de M. Miot.
(5) Manéthon ( dans Jules Africain et dans Eusèbe )
attribue à Athothis, fils de Ménès, premier roi de la pre-
mière dynastie après le déluge, la construction du palais
de Memphis ( Syncell. Chronogr.?. 54 > 55) : mais le
Syncelle, plus loin, fait redescendre la fondation de
Memphis à l'époque de celle de Sparte (ibid. p. 149)
ou à l'époque d'Epaphus (p. I 52, 158 ).
sur ce point; et, comme il avoit sa prise d'eau à un point supérieur de la vallée,
il pouvoir, en effet, faire connoître l'origine de l'accroissement avant le jour où on
l'apercevoir dans le Nil même devant Memphis.
Eusèbe et le Syncelle font mention d'un lieu dit Ko^ti, dans le voisinage des
Pyramides ( i ). Nous n'avons aucune donnée pour découvrir son emplacement.
Selon Diodore de Sicile, les Grecs avoient emprunté à l'Egypte leurs fleuves
infernaux, le Cocyte et le Léthé. « Orphée, disent les Égyptiens, a rapporté de
» son voyage ses mystères, ses orgies, et toute la fable de l'enfer (2). » H est pos-
sible que l'idée première de l'enfer des Grecs et des Champs Élysées ait été puisée
en Egypte : mais y chercher l'origine de leurs fables jusque dans les détails, ainsi
que tous ces fleuves ouvrages de leur féconde imagination, et encore le Styx ,
le Phlégéthon, le Ténare, le Tartare, puis Caron et Cerbère avec Minos, Éaque
et Rhadamanthe, c'est tenter, nous le pensons, des rapprochemens forcés. Ce
seroit donc ici consumer le temps en vaines recherches que de vouloir trouver
sur le plan du territoire de Memphis la place qu'occupoit le Cocyte ou l'Achéron.
Je n'essaierai pas davantage de retrouver le lac d'Achéruse, situé auprès de Mem-
phis , selon Diodore de Sicile, ni l'île voisine où Dédale avoit un temple con-
sacré sous son nom (3). L'auteur, qui, après avoir dit qu'Orphée et Homère
avoient puisé leurs fables chez les Egyptiens, attribue à Dédale le vestibule du
temple de Vulcain à Memphis, et qui assure qu'on plaça la statue d'un artiste Grec
dans ce temple fameux, statue faite de sa propre main, n'est pas ici assez d'accord
avec lui-même pour servir de guide dans des rapprochemens aussi obscurs.
Au rapport d'Hérodote, le même Ménès qui fonda Memphis, qui fit élever
les digues destinées à la protéger contre le débordement, et creuser des lacs au
nord et à l'ouest, éleva en l'honneur de Vulcain un temple remarquable par sa
magnificence (4). Il est difficile de concilier ce récit avec la qualité de premier roi
d'Egypte que l'historien donne au même souverain, si Memphis est considérée
ici comme capitale . en effet, elle succéda comme telle à la ville de Thèbes. Mais
ne faut-il pas entendre par-là que Ménès fut le premier roi d'Égypte qui choisit
Memphis pour résidence (5 ) ! Alors il n'y auroit plus rien dont on pût être étonné
dans l'érection d'un grand et superbe temple à Memphis, comme on pourroit l'être
de voir élever de tels ouvrages dès le berceau de la civilisation, car les modèles ne
manquoient pas dans l'antique Thèbes. Toutefois nous regardons comme très-
croyable que Memphis fut un lieu habité dès les premiers temps, et bien avant
Héliopolis : il fut occupé comme le point le plus resserré de la vallée au-dessus de
l'origine du Delta; comme la clef, en quelque sorte, de l'Egypte supérieure; car,
ainsi que l'observe très-bien Hérodote, la ville se trouve dans la partie étroite du
Pays. L'opération qu'on attribue à Ménès, la rectification du cours du fleuve en
( 1 ) Prœpar. evar.g. lib. II, c. III. —Syncell. Chronogr.
p-54,5>. .
(2.) DioJ. lib. 1, cap. xxxvi.
(3) Ibid.
(4) Hérod. liv. Il, chap. XCIX, trad. de M. Miot.
(5) Manéthon ( dans Jules Africain et dans Eusèbe )
attribue à Athothis, fils de Ménès, premier roi de la pre-
mière dynastie après le déluge, la construction du palais
de Memphis ( Syncell. Chronogr.?. 54 > 55) : mais le
Syncelle, plus loin, fait redescendre la fondation de
Memphis à l'époque de celle de Sparte (ibid. p. 149)
ou à l'époque d'Epaphus (p. I 52, 158 ).