CHAPITRE V
LES DIPTYQUES A DÉCOR DE ROSES
Retour à la simplicité du décor architectural. — Le décor de roses est-il exclusivement
anglais ? — Premier groupe : son style tempéré ; même dans l'histoire de la Passion, il
donne le pas aux scènes anecdotiques et pittoresques. — Il en vient aux tableaux de
genre : le diptyque de Lille — Coffrets de l'Enfant Prodigue et de saint Eustache.
Deuxième groupe : son caractère dramatique. — Ses chefs-d'œuvre : diptyque Cottreau, frag-
ment Martin Le Roy. — Le Livre de la Passion de l'Escurial constitue entre ces morceaux
le lien nécessaire. — La décadence ; diptyque de Cluny-Cabinet des Médailles. — Visages
triangulaires. — Rapports de l'atelier avec ceux des Tabernacles et du Trésor de Soissons :
le diptyque Carrand et celui du Vatican. — Ce qu'il faut penser de l'attribution à l'Angle-
terre de cette série. — Les diptyques anglais.
I
LE GROUPE PITTORESQUE. — LES SCÈNES DE GENRE
Les tabernacles demeurent les plus somptueux monuments qu'ait produits
l'ivoirerie française du début du xive siècle ; mais au même moment où les tail-
laient des ouvriers façonnés aux raffinements des ordonnances les plus compli-
quées, d'autres types apparaissaient, qui témoignent au contraire d'un effort vers
la simplicité. C'est vers ce temps en effet que se forme le type bien connu du
diptyque qu'on peut en quelque sorte dire classique, et il ne doit pas avoir ren-
contré une moindre faveur que les tabernacles, le nombre des monuments
parvenus jusqu'à nous en fait foi ; même cette faveur fut plus longue, car
elle persista pendant toute la durée de l'ivoirerie française et l'on travaillait encore
d'après les mêmes modèles à la fin du siècle ; le style seul était modifié et certains
détails du décor. Nous étudierons ces diptyques dans le présent chapitre et dans
ceux qui suivent et rechercherons comment le type s'en développa.
La fin du xnte siècle avait déjà connu des diptyques, ceux du groupe dit du
Trésor de Soissons, aux trois ou quatre registres surmontés, on s'en souvient,
d'un magnifique couronnement de gables et de clochetons. Or Y « ouvrouer » n'en
était pas encore clos sans doute et l'atelier voisin des tabernacles avait à peine
donné ses chefs-d'œuvre, qu'un autre groupe se rencontre qui, prenant comme le
LES DIPTYQUES A DÉCOR DE ROSES
Retour à la simplicité du décor architectural. — Le décor de roses est-il exclusivement
anglais ? — Premier groupe : son style tempéré ; même dans l'histoire de la Passion, il
donne le pas aux scènes anecdotiques et pittoresques. — Il en vient aux tableaux de
genre : le diptyque de Lille — Coffrets de l'Enfant Prodigue et de saint Eustache.
Deuxième groupe : son caractère dramatique. — Ses chefs-d'œuvre : diptyque Cottreau, frag-
ment Martin Le Roy. — Le Livre de la Passion de l'Escurial constitue entre ces morceaux
le lien nécessaire. — La décadence ; diptyque de Cluny-Cabinet des Médailles. — Visages
triangulaires. — Rapports de l'atelier avec ceux des Tabernacles et du Trésor de Soissons :
le diptyque Carrand et celui du Vatican. — Ce qu'il faut penser de l'attribution à l'Angle-
terre de cette série. — Les diptyques anglais.
I
LE GROUPE PITTORESQUE. — LES SCÈNES DE GENRE
Les tabernacles demeurent les plus somptueux monuments qu'ait produits
l'ivoirerie française du début du xive siècle ; mais au même moment où les tail-
laient des ouvriers façonnés aux raffinements des ordonnances les plus compli-
quées, d'autres types apparaissaient, qui témoignent au contraire d'un effort vers
la simplicité. C'est vers ce temps en effet que se forme le type bien connu du
diptyque qu'on peut en quelque sorte dire classique, et il ne doit pas avoir ren-
contré une moindre faveur que les tabernacles, le nombre des monuments
parvenus jusqu'à nous en fait foi ; même cette faveur fut plus longue, car
elle persista pendant toute la durée de l'ivoirerie française et l'on travaillait encore
d'après les mêmes modèles à la fin du siècle ; le style seul était modifié et certains
détails du décor. Nous étudierons ces diptyques dans le présent chapitre et dans
ceux qui suivent et rechercherons comment le type s'en développa.
La fin du xnte siècle avait déjà connu des diptyques, ceux du groupe dit du
Trésor de Soissons, aux trois ou quatre registres surmontés, on s'en souvient,
d'un magnifique couronnement de gables et de clochetons. Or Y « ouvrouer » n'en
était pas encore clos sans doute et l'atelier voisin des tabernacles avait à peine
donné ses chefs-d'œuvre, qu'un autre groupe se rencontre qui, prenant comme le