CHAPITRE XI
LES CROSSES 1.
La mode des Crosses d'ivoire. — Variété du décor des Crosses romanes ; monotonie des
Crosses gothiques. — Crosses d'émail de Limoges, Crosses d'ivoire françaises du xive siècle. —
Les tailleurs de Crosses et les formules habituelles de l'ivoirerie. — Les sujets du centre de
la volute : groupe unique, groupes accolés. — Le décor végétal ; feuillages rampants et
touffes de feuillages. — Le serpent tenant la volute dans sa gueule. — La volute supportée
par un Ange à genoux le long de la hampe. — Ornements architectoniques. — Les garnitures
d'orfèvrerie. — Le style des figures. — La Vierge glorieuse entre deux Anges. — Le Christ en
Croix entre la Vierge et saint Jean. — Exécution trop souvent médiocre d'un modèle très
élégant. — Les Crosses étrangères : Angleterre, Allemagne, Italie.
I
LA COMPOSITION.
L'ivoire servit durant tout le moyen-âge à la confection des crosses ou des
bâtons pastoraux que portaient évêques et abbés. Nous n'avons pas à rechercher
si ces deux termes étaient synonymes et à prendre parti dans une querelle où
les archéologues ont dépensé beaucoup de passion 2 ; de même les discussions
sur l'origine et le sens symbolique de ces objets ne sont pas de notre domaine 3 ;
nous ne prétendons qu'à étudier la composition et le style des crosses d'ivoire
gothiques et elles subsistent en assez grand nombre pour nous renseigner. Les
textes nous avertissent d'ailleurs que du xmc siècle au xve, comme aux hautes
époques, elles étaient fort à la mode et que divers grands prélats et de notables
églises en possédaient c'est^l'abbaye de Sylvacane en Provence, où un inven-
1. On joint d'ordinaire à l'étude des crosses celle des taus et des bâtons de chantres, mais
nous ne connaissons aucun de ces objets datant de la période qui nous occupe ; quant aux
peignes liturgiques dont il devrait aussi être question, l'impossibilité de les distinguer des
simples objets de toilette nous a amené à étudier tous les peignes à la fois dans la série des
ivoires profanes; au reste le peigne liturgique n'était plus en usage au xive siècle.
2. Rd. J. T. Fowler,T0n7/îe use of the ternis Crozier, pastoral Staff and Cross, Archeologia,
t. LU, ^1890, p. 719, et Rd. F. G. Lee, Episcopal Slaves, ibicl., t. LI, 1888, p. 351.
3. Le P. Martin leur a consacré une importante étude, Le Biton pastoral dans ses formes
successives, au t. IV des Mélanges d'Archéologie de Cahier et Martin.
LES CROSSES 1.
La mode des Crosses d'ivoire. — Variété du décor des Crosses romanes ; monotonie des
Crosses gothiques. — Crosses d'émail de Limoges, Crosses d'ivoire françaises du xive siècle. —
Les tailleurs de Crosses et les formules habituelles de l'ivoirerie. — Les sujets du centre de
la volute : groupe unique, groupes accolés. — Le décor végétal ; feuillages rampants et
touffes de feuillages. — Le serpent tenant la volute dans sa gueule. — La volute supportée
par un Ange à genoux le long de la hampe. — Ornements architectoniques. — Les garnitures
d'orfèvrerie. — Le style des figures. — La Vierge glorieuse entre deux Anges. — Le Christ en
Croix entre la Vierge et saint Jean. — Exécution trop souvent médiocre d'un modèle très
élégant. — Les Crosses étrangères : Angleterre, Allemagne, Italie.
I
LA COMPOSITION.
L'ivoire servit durant tout le moyen-âge à la confection des crosses ou des
bâtons pastoraux que portaient évêques et abbés. Nous n'avons pas à rechercher
si ces deux termes étaient synonymes et à prendre parti dans une querelle où
les archéologues ont dépensé beaucoup de passion 2 ; de même les discussions
sur l'origine et le sens symbolique de ces objets ne sont pas de notre domaine 3 ;
nous ne prétendons qu'à étudier la composition et le style des crosses d'ivoire
gothiques et elles subsistent en assez grand nombre pour nous renseigner. Les
textes nous avertissent d'ailleurs que du xmc siècle au xve, comme aux hautes
époques, elles étaient fort à la mode et que divers grands prélats et de notables
églises en possédaient c'est^l'abbaye de Sylvacane en Provence, où un inven-
1. On joint d'ordinaire à l'étude des crosses celle des taus et des bâtons de chantres, mais
nous ne connaissons aucun de ces objets datant de la période qui nous occupe ; quant aux
peignes liturgiques dont il devrait aussi être question, l'impossibilité de les distinguer des
simples objets de toilette nous a amené à étudier tous les peignes à la fois dans la série des
ivoires profanes; au reste le peigne liturgique n'était plus en usage au xive siècle.
2. Rd. J. T. Fowler,T0n7/îe use of the ternis Crozier, pastoral Staff and Cross, Archeologia,
t. LU, ^1890, p. 719, et Rd. F. G. Lee, Episcopal Slaves, ibicl., t. LI, 1888, p. 351.
3. Le P. Martin leur a consacré une importante étude, Le Biton pastoral dans ses formes
successives, au t. IV des Mélanges d'Archéologie de Cahier et Martin.