4o Voyages d'A stïso»
pelé ses amis et sa maîtresse : la bonne chère ^
le vin, la gai té ont changé ce dernier repas
en festin de noces. Théraméne, couronné de
fleurs, s abreuvant d'un vin excellent, couché
auprès de sa maîtresse, parloit de sa fin pro-
chaine , comme d'un voyage agréable qu'il
alloit faire chez les morts, ,ou comme s'il y
descendoit, ainsi que Pirithoûs, pour enlever
Proserpine.
Il avoit commencé à chanter des couplets
composés dans sa prison, lorsque l'empoison-
neur public apporta le breuvage fataL Tous
les convives pâlirent à cet aspect : l'intrépide
Théraméne se lève, prend la coupe, et finit
sa seholie, boit la ciguë, et dit en riant :
« Je bois au beau Crytias ». (C'est celui qui l'a
fait pévir). Il a donné ensuite le reste de la
coupe a l'esclave, pour la lui porter, de même
que dans un repas on la remet à son voisin.
Ainsi cet homme admirable jouort avec la
mort qu'il recéloit dans son sein. Il semble
avoir prophétisé celle de son ennemi, qui ne
lui a survécu que trois mois.
Dès que l'esclave fût sorti, Théraméne con-
gédia, et embrassa ses amis, en leur disant :
au revoir. Resté avec sa maîtresse , il se
couche dans ses bras, jouit de ses dernières
caresses , et s'endort tranquillement sur son
pelé ses amis et sa maîtresse : la bonne chère ^
le vin, la gai té ont changé ce dernier repas
en festin de noces. Théraméne, couronné de
fleurs, s abreuvant d'un vin excellent, couché
auprès de sa maîtresse, parloit de sa fin pro-
chaine , comme d'un voyage agréable qu'il
alloit faire chez les morts, ,ou comme s'il y
descendoit, ainsi que Pirithoûs, pour enlever
Proserpine.
Il avoit commencé à chanter des couplets
composés dans sa prison, lorsque l'empoison-
neur public apporta le breuvage fataL Tous
les convives pâlirent à cet aspect : l'intrépide
Théraméne se lève, prend la coupe, et finit
sa seholie, boit la ciguë, et dit en riant :
« Je bois au beau Crytias ». (C'est celui qui l'a
fait pévir). Il a donné ensuite le reste de la
coupe a l'esclave, pour la lui porter, de même
que dans un repas on la remet à son voisin.
Ainsi cet homme admirable jouort avec la
mort qu'il recéloit dans son sein. Il semble
avoir prophétisé celle de son ennemi, qui ne
lui a survécu que trois mois.
Dès que l'esclave fût sorti, Théraméne con-
gédia, et embrassa ses amis, en leur disant :
au revoir. Resté avec sa maîtresse , il se
couche dans ses bras, jouit de ses dernières
caresses , et s'endort tranquillement sur son