<7<> Voyages n'A nteuoii
Il met sur une table, voisine du lit, sa lampe
et son poignard, et se précipite dans les bras
de sa victime. Cariste seveille en sursaut, et
voyant son père jette un cri affreux, le re-
pousse , se débat, lui demande grâce, verse
des larmes, se défend avec fureur; mais rien
n'arrêtoit son cruel ravisseur. Cariste déses-
pérée, apperçoit le poignard sur la table, le
saisit, et se donne la mort. On assure que le
sang de sa fille, qui jaillissoit avec impétuosité,
n'a point suspendu la rage de ce monstre ; il a
continué d'assouvir sa brutalité, et consommé
son crime. Il a pris la fuite * mais Paséas a
juré sur la cendre de Cariste de venger sa
mort, et il est parti pour le chercher., et le
poursuivre ». Après ce récit, la nuit appro-
chant , nous nous séparâmes jusqu'au len-
demain.
Par un hasard singulier , après mon lever ,
me promenant sur le port, je regardois un vais-
seau qui débarquoit des passagers. Tout-à-coupT
à travers l'épaisseur de sa barbe, je reconnois
le stoïcien Stilpon de Mégare. Je savois qu'il
venoit de perdre sa femme, ses enfans et ses
biens , dans l'embrasement de sa patrie , ré-
duite en cendre par les lacédémoniens.Touché
de ses malheurs, je l'embrassai avec sensibilité,
sans oser lui en parler : mais un paphien, ap-
Il met sur une table, voisine du lit, sa lampe
et son poignard, et se précipite dans les bras
de sa victime. Cariste seveille en sursaut, et
voyant son père jette un cri affreux, le re-
pousse , se débat, lui demande grâce, verse
des larmes, se défend avec fureur; mais rien
n'arrêtoit son cruel ravisseur. Cariste déses-
pérée, apperçoit le poignard sur la table, le
saisit, et se donne la mort. On assure que le
sang de sa fille, qui jaillissoit avec impétuosité,
n'a point suspendu la rage de ce monstre ; il a
continué d'assouvir sa brutalité, et consommé
son crime. Il a pris la fuite * mais Paséas a
juré sur la cendre de Cariste de venger sa
mort, et il est parti pour le chercher., et le
poursuivre ». Après ce récit, la nuit appro-
chant , nous nous séparâmes jusqu'au len-
demain.
Par un hasard singulier , après mon lever ,
me promenant sur le port, je regardois un vais-
seau qui débarquoit des passagers. Tout-à-coupT
à travers l'épaisseur de sa barbe, je reconnois
le stoïcien Stilpon de Mégare. Je savois qu'il
venoit de perdre sa femme, ses enfans et ses
biens , dans l'embrasement de sa patrie , ré-
duite en cendre par les lacédémoniens.Touché
de ses malheurs, je l'embrassai avec sensibilité,
sans oser lui en parler : mais un paphien, ap-