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Smyrne : aussi-tôt il ordonna des perquisitions J
peureusement mon hôte en fut averti. Le
temps pressoit : il prend ses filets, les charge
sur mes épaules. Je marche devant lui r
courbe sous le poids : il me suit. Nous passons
à travers les satellites , nous entrons dans son
bateau, et nous sortons du port avec l'appa-
reil de la pêche. Il me conduisit dans une
caverne, située sur les bords de la mer, à vingt
stades de la ville. Le soir il vint avec mes en-
fans et des vivres.
Cette caverne est environnée de rocher»
qui en cachent l'entrée , et la garantissent de
la violence des vents. Elle est d'abord peu
spacieuse et basse ; mais elle s'élève et s'élargit
insensiblemsnt. Un ruisseau, d'une eau excel-
lente , coule aux pieds des rochers , et les
fentes qui s'y trouvent laissent pénétrer les
rayons du soleil. L'air intérieur y est très-pur
et sans humidité. Mon hôte , chaque matin ,.
m'apportoit des vivres. C'est dans cette soli-
tude profonde , dans cet antre ténébreux, que
je mesurais le néant de la vie. Oppressé par
le chagrin , un jour je m'écriai : « O vertu !
ne serais - tu qu'un fantôme ! Epicure au-
roit-il raison ? Les dieux sont-ils indifférens
à nos vices , à nos vertus, au bonheur et au
malheur des hommes ? Non , ce système ré-,
Smyrne : aussi-tôt il ordonna des perquisitions J
peureusement mon hôte en fut averti. Le
temps pressoit : il prend ses filets, les charge
sur mes épaules. Je marche devant lui r
courbe sous le poids : il me suit. Nous passons
à travers les satellites , nous entrons dans son
bateau, et nous sortons du port avec l'appa-
reil de la pêche. Il me conduisit dans une
caverne, située sur les bords de la mer, à vingt
stades de la ville. Le soir il vint avec mes en-
fans et des vivres.
Cette caverne est environnée de rocher»
qui en cachent l'entrée , et la garantissent de
la violence des vents. Elle est d'abord peu
spacieuse et basse ; mais elle s'élève et s'élargit
insensiblemsnt. Un ruisseau, d'une eau excel-
lente , coule aux pieds des rochers , et les
fentes qui s'y trouvent laissent pénétrer les
rayons du soleil. L'air intérieur y est très-pur
et sans humidité. Mon hôte , chaque matin ,.
m'apportoit des vivres. C'est dans cette soli-
tude profonde , dans cet antre ténébreux, que
je mesurais le néant de la vie. Oppressé par
le chagrin , un jour je m'écriai : « O vertu !
ne serais - tu qu'un fantôme ! Epicure au-
roit-il raison ? Les dieux sont-ils indifférens
à nos vices , à nos vertus, au bonheur et au
malheur des hommes ? Non , ce système ré-,