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LETTRE A M. FRANÇOIS LENORMANT
travail, le même poli du métal que clans les figurines de
Karomama et d'Osorkon. Il faudrait néanmoins examiner
l'original avant de décider si les analogies sont aussi évi-
dentes qu'on est tenté de le dire après une étude attentive
de la photographie.
Rien n'indique que la personne représentée ait occupé un
bien haut rang dans la société égyptienne. C'est une femme
debout, marchant à grands pas, le bras droit collé au corps,
le gauche ramené sur la poitrine. Elle est vêtue du fourreau
collant qui descend jusqu'à la cheville, et qui laisse la gorge
découverte; elle portait pour coiffure la perruque courte à
petites boucles pressées rangées par lignes horizontales, et
avait au cou un large collier d'où pend un pectoral riche-
ment décoré. La face est régulière, énergique; le corps est
jeune, bien développé selon les règles de la beauté égyp-
tienne; les pieds sont plats et d'une longueur qui nous paraît
démesurée, mais qui n'avait rien d'effrayant pour les gens
de l'époque. Le nom était tVttî^ Takoushi, l'Éthio-
pienne; elle était prêtresse et fille de prêtre, et la décora-
tion de son monument se ressent de son origine sacerdotale.
Elle est couverte, en effet, des pieds à la tête par, une
série de tableaux et d'emblèmes religieux qui, d'abord tracés
à la pointe sur le bronze, ont été rendus plus nets par l'intro-
duction dans la raie du burin d'un fil d'argent assez large.
Ces incrustations ressortant sur un vêtement collant pré-
sentent de loin l'aspect d'une sorte de tatouage mystique et
donnent à la statuette l'apparence la plus originale. Aucun
autre monument égyptien de bronze ne fournit à l'étude
autant de sujets curieux entassés dans un aussi petit espace :
aucun jusqu'à ce jour n'est d'une ornementation aussi riche.
L'abondance des détails représentés ne nuit en aucune
manière à la beauté de l'ensemble; sauf peut-être quelques
statuettes de bois du Musée de Turin, je ne connais aucun
monument égyptien qui laisse au même degré l'impression
de la légèreté et de l'élégance.
LETTRE A M. FRANÇOIS LENORMANT
travail, le même poli du métal que clans les figurines de
Karomama et d'Osorkon. Il faudrait néanmoins examiner
l'original avant de décider si les analogies sont aussi évi-
dentes qu'on est tenté de le dire après une étude attentive
de la photographie.
Rien n'indique que la personne représentée ait occupé un
bien haut rang dans la société égyptienne. C'est une femme
debout, marchant à grands pas, le bras droit collé au corps,
le gauche ramené sur la poitrine. Elle est vêtue du fourreau
collant qui descend jusqu'à la cheville, et qui laisse la gorge
découverte; elle portait pour coiffure la perruque courte à
petites boucles pressées rangées par lignes horizontales, et
avait au cou un large collier d'où pend un pectoral riche-
ment décoré. La face est régulière, énergique; le corps est
jeune, bien développé selon les règles de la beauté égyp-
tienne; les pieds sont plats et d'une longueur qui nous paraît
démesurée, mais qui n'avait rien d'effrayant pour les gens
de l'époque. Le nom était tVttî^ Takoushi, l'Éthio-
pienne; elle était prêtresse et fille de prêtre, et la décora-
tion de son monument se ressent de son origine sacerdotale.
Elle est couverte, en effet, des pieds à la tête par, une
série de tableaux et d'emblèmes religieux qui, d'abord tracés
à la pointe sur le bronze, ont été rendus plus nets par l'intro-
duction dans la raie du burin d'un fil d'argent assez large.
Ces incrustations ressortant sur un vêtement collant pré-
sentent de loin l'aspect d'une sorte de tatouage mystique et
donnent à la statuette l'apparence la plus originale. Aucun
autre monument égyptien de bronze ne fournit à l'étude
autant de sujets curieux entassés dans un aussi petit espace :
aucun jusqu'à ce jour n'est d'une ornementation aussi riche.
L'abondance des détails représentés ne nuit en aucune
manière à la beauté de l'ensemble; sauf peut-être quelques
statuettes de bois du Musée de Turin, je ne connais aucun
monument égyptien qui laisse au même degré l'impression
de la légèreté et de l'élégance.