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LA VIE POPULAIRE A THÈBES
après l'autre pour en saisir l'intérêt réel sous l'aridité de
la forme, et pour en extraire les éléments d'un tableau de
la vie populaire à Thèbes, sous la dernière des dynasties
thébaines.
Et d'abord, quel aspect Thèbes présentait-elle au siècle
qui va nous occuper? Le Nil la séparait en deux parties bien
distinctes, la ville des vivants, Louxor et Karnak, puis la
ville des morts. L'une et l'autre de ces deux cités étaient
loin d'avoir l'aspect imposant qu'elles présentent aujour-
d'hui. Les temples, qui nous paraissent si grands dans
l'isolement des ruines et du désert, étaient ceints de hautes
murailles et entourés d'habitations nombreuses. Tout autour
se pressait un monde de prêtres, d'artisans et d'ouvriers.
Les tombes monumentales des rois se dressaient dans la né-
cropole; ici des pyramides quadrangulaires, tantôt posées
au ras du sol, tantôt élevées sur un soubassement carré,
là, des temples, dont la façade ornée d'élégantes colonnes
était précédée parfois d'une avenue de sphinx. Les tombeaux
des particuliers, répandus sur la lisière de la plaine, s'éta-
geaient aux flancs de la colline, et, devant eux, autour des
temples, surgissait une cité vivante, semée de jardins, coupée
de canaux et d'étangs, occupée par toutes les industries de
l'ancienne Égypte, qu'avaient attirées là la construction des
sépulcres, la préparation des momies et la fabrication de
l'attirail compliqué dont elles étaient revêtues : maçons,
menuisiers, marqueteurs, ciseleurs, embaumeurs, fabricants
d'amulettes, etc. Chaque chambre sépulcrale était une sorte
de trésor où se trouvaient entassés, suivant les époques, des
chaises, des tables, des tabourets incrustés de métaux ou de
bois précieux, de vastes coffres peints et sculptés, de grands
vases remplis de cendres ou d'offrandes, des seaux en bronze
destinés à contenir l'eau lustrale; chaque cercueil renfermait
avec le mort quelques objets précieux, effets d'habillement
ou de toilette, armes et bijoux de prix. Il suffit de voir les
parures magnifiques de la reine Ahhotpou, les bijoux de
LA VIE POPULAIRE A THÈBES
après l'autre pour en saisir l'intérêt réel sous l'aridité de
la forme, et pour en extraire les éléments d'un tableau de
la vie populaire à Thèbes, sous la dernière des dynasties
thébaines.
Et d'abord, quel aspect Thèbes présentait-elle au siècle
qui va nous occuper? Le Nil la séparait en deux parties bien
distinctes, la ville des vivants, Louxor et Karnak, puis la
ville des morts. L'une et l'autre de ces deux cités étaient
loin d'avoir l'aspect imposant qu'elles présentent aujour-
d'hui. Les temples, qui nous paraissent si grands dans
l'isolement des ruines et du désert, étaient ceints de hautes
murailles et entourés d'habitations nombreuses. Tout autour
se pressait un monde de prêtres, d'artisans et d'ouvriers.
Les tombes monumentales des rois se dressaient dans la né-
cropole; ici des pyramides quadrangulaires, tantôt posées
au ras du sol, tantôt élevées sur un soubassement carré,
là, des temples, dont la façade ornée d'élégantes colonnes
était précédée parfois d'une avenue de sphinx. Les tombeaux
des particuliers, répandus sur la lisière de la plaine, s'éta-
geaient aux flancs de la colline, et, devant eux, autour des
temples, surgissait une cité vivante, semée de jardins, coupée
de canaux et d'étangs, occupée par toutes les industries de
l'ancienne Égypte, qu'avaient attirées là la construction des
sépulcres, la préparation des momies et la fabrication de
l'attirail compliqué dont elles étaient revêtues : maçons,
menuisiers, marqueteurs, ciseleurs, embaumeurs, fabricants
d'amulettes, etc. Chaque chambre sépulcrale était une sorte
de trésor où se trouvaient entassés, suivant les époques, des
chaises, des tables, des tabourets incrustés de métaux ou de
bois précieux, de vastes coffres peints et sculptés, de grands
vases remplis de cendres ou d'offrandes, des seaux en bronze
destinés à contenir l'eau lustrale; chaque cercueil renfermait
avec le mort quelques objets précieux, effets d'habillement
ou de toilette, armes et bijoux de prix. Il suffit de voir les
parures magnifiques de la reine Ahhotpou, les bijoux de