l'avènement de thoutmôsis m
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et la façon dont cette statue saisit celui des frères royaux
qui doit être roi : on sait que le royaume d'Ethiopie est la
continuation du royaume thébain, en ce qui concerne les
mœurs et la religion, et une coutume cle ce genre constatée
à Napata dérive presque nécessairement d'une ancienne
coutume de Thèbes au moins pour l'ensemble. Chose cu-
rieuse, la tradition classique avait gardé le souvenir de cette
élection du Pharaon de Thèbes, et j'ai eu occasion, il y a
vingt-cinq ans déjà, de citer le récit que Synésius fait, dans
son Égyptien, de l'élection d'Osiris comme roi d'Egypte
à Thèbes : l'évèque de Cyrène a certainement puisé son
récit dans quelque bon auteur de l'époque des Ptolé-
mées. En résumé, il me parait que l'inscription de Karnak
nous offre le tableau d'un fait d'usage courant, l'élection
d'un Pharaon par le dieu, non pas à l'insu du Pharaon
régnant, mais avec sa connivence : c'est l'association au
trône de Thoutmôsis III par le souverain qui le précéda au
pouvoir et qui, n'ayant pas d'héritier entièrement légitime,
eut recours au procédé employé lorsqu'il n'y avait que des
princes du sang à droits incomplets ou douteux.
Et maintenant qui est ce Pharaon? Pour M. Breasted,
qui croit aux théories de M. Sethe, c'est Thoutmôsis Ier,
pour ceux qui, comme Naville et comme moi, s'en réfèrent
au témoignage immédiat des monuments, ce n'est pas
Thoutmôsis Ier, c'est Thoutmôsis II ou bien la reine Hat-
shepsouîtou, mais plus probablement Thoutmôsis II. C'est
là un point sur lequel j'aurai l'occasion cle revenir lon-
guement par ailleurs. Pour le moment, après avoir dé-
montré ce qui me parait être le côté faible du mémoire de
M. Breasted, je me bornerai à faire ressortir les qualités
brillantes cl'égyptologue dont il a donné la preuve, et à
souhaiter qu'il s'émancipe promptement cle ce qu'il peut y
avoir d'outré dans l'enseignement des maîtres éminents
dont il a été l'élève à Berlin.
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et la façon dont cette statue saisit celui des frères royaux
qui doit être roi : on sait que le royaume d'Ethiopie est la
continuation du royaume thébain, en ce qui concerne les
mœurs et la religion, et une coutume cle ce genre constatée
à Napata dérive presque nécessairement d'une ancienne
coutume de Thèbes au moins pour l'ensemble. Chose cu-
rieuse, la tradition classique avait gardé le souvenir de cette
élection du Pharaon de Thèbes, et j'ai eu occasion, il y a
vingt-cinq ans déjà, de citer le récit que Synésius fait, dans
son Égyptien, de l'élection d'Osiris comme roi d'Egypte
à Thèbes : l'évèque de Cyrène a certainement puisé son
récit dans quelque bon auteur de l'époque des Ptolé-
mées. En résumé, il me parait que l'inscription de Karnak
nous offre le tableau d'un fait d'usage courant, l'élection
d'un Pharaon par le dieu, non pas à l'insu du Pharaon
régnant, mais avec sa connivence : c'est l'association au
trône de Thoutmôsis III par le souverain qui le précéda au
pouvoir et qui, n'ayant pas d'héritier entièrement légitime,
eut recours au procédé employé lorsqu'il n'y avait que des
princes du sang à droits incomplets ou douteux.
Et maintenant qui est ce Pharaon? Pour M. Breasted,
qui croit aux théories de M. Sethe, c'est Thoutmôsis Ier,
pour ceux qui, comme Naville et comme moi, s'en réfèrent
au témoignage immédiat des monuments, ce n'est pas
Thoutmôsis Ier, c'est Thoutmôsis II ou bien la reine Hat-
shepsouîtou, mais plus probablement Thoutmôsis II. C'est
là un point sur lequel j'aurai l'occasion cle revenir lon-
guement par ailleurs. Pour le moment, après avoir dé-
montré ce qui me parait être le côté faible du mémoire de
M. Breasted, je me bornerai à faire ressortir les qualités
brillantes cl'égyptologue dont il a donné la preuve, et à
souhaiter qu'il s'émancipe promptement cle ce qu'il peut y
avoir d'outré dans l'enseignement des maîtres éminents
dont il a été l'élève à Berlin.