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PÉROUSE.

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se dresse la ville d’Assise, patrie de saint François. Lorsque le soleil éclaire
directement ces masses gigantesques, l’œil peut, malgré l’éloignement, fouiller,
détailler, jusqu’aux moindres accidents du terrain, compter les rares touffes de
verdure égarées sur un sol aride et rocailleux. Mais, vers le soir, le paysage se
couvre de ces teintes vaporeuses qui prêtent tant de charme aux fonds des
tableaux du Pérugin, ainsi qu’aux premières productions de Raphaël. Au-des-
sous du spectateur, et plus près de lui, s’étendent des collines sinueuses, gar-
nies de figuiers, d’oliviers, de vignes grimpant le long des ormeaux. Des routes
blanches, poudreuses, y alternent avec ces massifs de verdure dont la tonalité
est tantôt d’un gris de fer, tantôt d’un vert sombre ; elles contribuent, avec les
maisons semées de distance en distance, à animer l’ensemble du paysage et à
adoucir ce qu’il pourrait avoir de trop sévère. Se retourne-t-on du côté de
Pérouse, le spectacle, pour être différent, 11’en est pas moins pittoresque. Mai-
sons, palais, églises, tourelles et campaniles s’échafaudent les uns derrière les
autres sur les parois du cône qui supporte la ville. Les plus élevés d’entre ces
édifices se détachent à leur tour sur un fond de montagnes. L’architecte le
plus habile aurait en vain cherché des combinaisons aussi savantes, des effets
plus variés et plus grandioses.
Au xve siècle, comme aujourd’hui, le mouvement se concentrait sur la place
située devant le palais municipal, le Corso. Un espace limité y réunit les monu-
ments dont la cité s’enorgueillit le plus justement. On rencontre d’abord le
« Cambio », siège de l’antique corporation des changeurs, auquel les fresques
du Pérugin ont valu une célébrité si grande. A côté de cet édifice, de dimensions
modestes, s’élève le palais de la Seigneurie, avec ses créneaux, ses longues
rangées de fenêtres en ogive divisées en deux par des meneaux de granit rouge
et surmontées d’élégants couronnements de marbre blanc. Malgré l’irrégularité
de la façade, l’ensemble a une mâle et fière tournure. On remarquera surtout
l’escalier d’honneur, avec ses deux lions de marbre, dans le bas, jaloux gardiens
des libertés publiques, son griffon et sa louve de bronze, dans le haut, souvenirs
de la victoire remportée par Pérouse sur sa vieille rivale Sienne. Ce sont aussi
des souvenirs de victoires qu’évoque la vue de la Loge des marchands, construite
en 1423 par un des plus vaillants fils de Pérouse, le célèbre condottiere Braccio
Fortebraccio. Plus loin se dresse la belle fontaine sculptée en 1277 par Nicolas
de Pise, son fils Jean de Pise et Arnolfo del Cambio, glorieux monument de la
révolution opérée dans la statuaire, dès le xme siècle, par l’Ecole pisane. La cathé-
drale, qui borde la place à l’ouest, nous montre aujourd’hui encore la chaire
du haut de laquelle saint Bernardin de Sienne haranguait la foule immense
accourue de tous les points de l’Ombrie, et qui, trouvant l’intérieur de l’édifice
trop étroit, se réunissait en plein air, comme au temps des croisades, pour
entendre le prédicateur populaire. C’étaient là des souvenirs encore vivants
lorsque Raphaël vint habiter Pérouse, et qui ont dû frapper son imagination.
Quant aux palais qui s’étendent du côté opposé, et qui complètent la décoration
 
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