ARMOIRIES DE LÉON X
(Tapisseries du Vatican.)
CHAPITRE XII
Léon X et la nouvelle Cour pontificale. — Mécènes, Humanistes et Artistes.
ORSQ.UE le cardinal Jean de Médicis monta sur le trône pontifical, il y avait
près d’un siècle que le culte des lettres et des arts, joint à une libéralité
sans bornes, avait rendu sa famille célèbre d’un bout à l’autre de l’Eu-
rope. Cosme, le Père de la patrie, le fondateur de la suprématie de sa maison,
avait voulu donner pour base à son autorité, non seulement une fortune vrai-
ment royale, mais encore la sympathie de tout ce que Florence comptait
d’hommes éminents. Il avait compris que, pour mériter, simple citoyen, de
gouverner une ville si illustre, il devait en même temps se placer à la tête du
mouvement intellectuel qui avait fait de Florence l’Athènes de l’Italie. Pendant
les trente années que dura son influence, — on serait presque tenté de dire son
règne, — il prodigua, tout joyeux, ses trésors pour fonder une Académie, pour
élever palais sur palais, pour improviser de vastes cycles de fresques, pour réunir
un musée d’antiquités sans rival. Non content de favoriser par ses prodigalités
l’essor des arts, il résolut encore de mettre à la disposition des artistes les mo-
dèles les plus parfaits de l’antiquité classique. Bientôt ses collections, placées
sous la haute direction de Donatello, offrirent le choix le plus rare de marbres,
de bronzes, de gemmes, de médailles. Rome n’était plus dans Rome, elle sem-
blait être toute à Florence. Son fils Pierre continua ses traditions. Tous deux
cependant ne firent que préparer la voie au plus brillant des Mécènes du
xve siècle, à celui que la postérité a si justement surnommé le Magnifique, à
Laurent de Médicis, le père du futur Léon X.
Né et élevé dans un tel milieu, lié avec tout ce que Florence comptait d’hommes
illustres dans les sciences, les lettres et les arts, il était naturel que Jean de Médicis,
le fils favori de Laurent, fût initié dès la plus tendre enfance aux jouissances de
l’esprit. Son père, qui fondait sur lui les plus hautes espérances (il l’appelait