LE PALAIS COLTROLINI-STOPPANI-VIDONI, A ROME
CHAPITRE XVIII
Raphaël et l’Antiquité. — Rapport adressé par Raphaël à Léon X. — Restitution idéale
de Rome antique.
Avant son arrivée à Rome, en 15o8, Raphaël n’avait guère étudié d’une
manière suivie les chefs-d’œuvre de l’art antique. Tout en admirant
à Urbin, à Sienne, à Florence, les statues ou bas-reliefs grecs ou ro-
mains, il ne s’était pas cru astreint à l’imitation directe de ces monuments; il
ne lui était arrivé qu’à Sienne de copier un marbre grec, le groupe des Trois
Grâces, et encore sa copie témoigne-t-elle d’une singulière inexpérience. A Rome,
tout change comme par enchantement; le tendre et religieux peintre de Madones
se passionne pour les héros du paganisme. Il crée V Ecole d’Athènes, le Parnasse,
ces éblouissantes visions du monde grec : désormais l’antiquité classique n’a pas
de champion plus ardent. Après s’être inspiré d’elle en artiste, Raphaël l’étudie
en archéologue; c’est à elle que sont consacrées ses dernières pensées; la restitu-
tion de Rome antique forme, avec la Transfiguration et la villa Madame, le cou-
ronnement de cette brillante carrière, si tôt interrompue.
L’influence de l’antiquité se traduit de trois manières différentes dans l’œuvre
de Raphaël : par les changements survenus dans son style, par l’imitation de
modèles antiques déterminés, — peintures, bas-reliefs ou statues, — enfin par
le choix de sujets empruntés à la mythologie et à l’histoire des Grecs ou des
Romains.
Les modifications que l’étude de l’antiquité a fait subir au style de Raphaël
sont si nombreuses, qu’il nous faudrait, pour en dresser le tableau, décrire une
à une toutes les figures créées par le maître. L’artiste s’est servi des admirables
modèles conservés dans les collections romaines, pour rectifier les costumes,