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7&

CHAPITRE AT.

le fils, qui est un jeune homme modeste et aimable, et je souhaite qu’il fasse
autant de progrès que possible. C’est pourquoi je le recommande avec une
insistance particulière à Votre Seigneurie, la priant de le seconder et de le
favoriser en toute circonstance dans la limite de ses forces. Les services que
Votre Seigneurie lui rendra, je les considérerai comme rendus à moi-même, et
je vous en aurai les plus grandes obligations. »
Florence, lorsque Raphaël y vint pour la première fois, ne différait guère de
ce qu’est aujourd’hui cette ravissante cité, si justement appelée par les écrivains
anciens « Fiorenza » (nos vieux auteurs français disaient Fleurence), la cité des
fleurs, la fleur de la Toscane. La plupart des monuments qui font sa gloire
s’élevaient alors déjà. En descendant des riantes hauteurs de Fiesole, où le
rosier alterne avec l’olivier, le voyageur rencontrait d’abord le couvent de Saint-
Marc, immortalisé par Frà Angelico; puis, dans la « via Larga», le somptueux
palais des Médicis, baptisé au xvne siècle du nom de palais Riccardi. Plus loin
venaient, à côté l’un de l’autre, trois édifices qui à eux seuls auraient suffi
à la gloire de n’importe quelle ville : le Baptistère, peuplé des chefs-d’œuvre
d’André de Pise, de Ghiberti, de Donatello, de Verrocchio, la cathédrale, le
Campanile. La charmante petite loge du Bigallo, avec ses fresques qui ont bravé
les intempéries de l’air et les ravages du temps, complétait ce tableau splendide.
En poursuivant sa route, le voyageur passait devant Or’ San Michèle, ce musée
par excellence de la sculpture florentine des xive et xve siècles, pour déboucher
sur la place de la Seigneurie, dont les deux principaux édifices, le Vieux Palais
et la « Loggia dei Lanzi », provoquaient dès lors l’admiration des étrangers, l’un
par sa masse imposante, l’autre par l’élégance de ses proportions. Quelques pas
à peine séparaient la place de la Seigneurie de l’Arno, dont les ponts chargés
de boutiques formaient le spectacle le plus pittoresque. Au loin enfin, sur la
hauteur, le regard découvrait la vénérable basilique de San Miniato avec sa façade
resplendissante de marbres et de mosaïques à fond d’or.
Certes, depuis lors, bien des souvenirs du moyen âge, tours semblables à des
guérites colossales, palais édifiés sur le modèle de forteresses, ont disparu sous
le pic des démolisseurs. Mais la physionomie générale de la ville répondait bien
à celle de Florence moderne. Partout des rues droites, contrastant singulière-
ment avec les rues tortueuses des villes de montagnes que Raphaël venait de
quitter, des maisons hautes et régulières, bâties en belles pierres de taille
grisâtres sur lesquelles les siècles n’ont pas de prise, des palais dont les bossages
gigantesques rappelaient l’architecture cyclopéenne. D’élégants meneaux, des
loges ouvertes supportées par des colonnettes artistement taillées, souvent aussi,
au-dessus de la porte d’entrée, quelque bas-relief en terre émaillée ou quelque
sculpture de Donatello, de Desiderio ou de Mino, prouvaient que la Renais-
sance commençait à adoucir les mœurs et qu’une ère de plaisirs allait succéder
à l’ère des luttes. Néanmoins, l’ensemble de la ville offrait un caractère de fierté,
 
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