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n8

CHAPITRE VII.

divin à l’admiration des fidèles, les rideaux du baldaquin qui surmonte le trône.
Malgré une telle mise en scène, l’attitude de Marie est modeste et recueillie ;
elle baisse timidement les yeux, et concentre toute son attention sur son fils.
Celui-ci fixe les regards d’un air à la fois enjoué et affectueux sur saint Pierre,
qui, debout sur le devant du tableau, discute gravement avec son voisin, un
chartreux (probablement saint Bernard). L’attitude de l’enfant est indescriptible,
tant elle a de vie, de liberté et de grâce. Ce n’est point une figure abstraite,
comme chez la plupart des prédécesseurs de Raphaël : il a vécu ; l’artiste l’a vu,
et il l’a vu dans l’attitude dans laquelle il l’a représenté; car, on a beau dire, il est
des traits qui ne s’inventent pas. Deux autres enfants, deux anges, tout aussi
vivants, mais plus recueillis, se tiennent devant le trône ; ils chantent un air
noté sur une banderole de parchemin. Ils remplacent les anges portant des
instruments de musique, qui, généralement, dans les autres « Conversations
sacrées », occupent cette place. A droite, l’apôtre du fond, saint Jacques Majeur,
regarde avec ferveur, les mains croisées sur son bourdon de pèlerin, l’Enfant
divin. Quant à saint Augustin, il étend la main vers lui, en se retournant vers
le spectateur, comme pour proclamer ses mérites.
Dans cette page monumentale, la plus considérable qu’il ait exécutée pendant
son séjour à Florence, Raphaël se montre complètement rompu aux difficultés
du métier, complètement familiarisé avec les secrets de l’art : groupement et
coloris, connaissance de la draperie et connaissance du nu, raccourcis, expression,
il n’est plus aucune partie de la peinture qu’il ne possède en maître, aucun
obstacle dont il ne se joue avec une sûreté consommée.
La multiplicité des copies exécutées d’après ces tableaux, du vivant même
de Raphaël, prouve avec quelle faveur ses Madones furent accueillies dès leur
apparition. Beaucoup d’artistes en apprécièrent de bonne heure les qualités
transcendantes. Mais Raphaël eut certainement pour lui toutes les mères :
jamais encorè la maternité n’avait été glorifiée avec une poésie, avec un éclat
si grands.


GÉNIE PORTANT UN VASE REMPLI DE FLEURS
Dessin attribué à Raphaël (musée du Louvre).
 
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