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RAPHAËL A ROME. i43
de la voie Appienne, se détachaient fièrement sur un paysage fait pour abriter
le peuple-roi.
Quel spectacle éblouissant s’offrait au voyageur, quand, après avoir franchi
l’enceinte protégée par des centaines de tours, il touchait au sol sacré et aper-
cevait devant lui, dans son infinie variété et son infinie splendeur, la ville aux
sept collines, avec les ruines colossales des monuments antiques, les amoncelle-
ments de palais crénelés, de coupoles annonçant celles de Michel-Ange, de
clochers de briques soutenus par d’élégantes colonnettes de marbre à travers
lesquelles brillait le beau ciel romain si pur et si profond! Autant de rues,
autant de décors nouveaux. Sur ce sol mouvementé, le point de vue se déplaçait
d’instant en instant, et le paysage formait à chaque pas des combinaisons diffé-
rentes, comme dans un immense kaléidoscope. Est-il au monde un panorama
comparable à celui que l’on découvrait du haut du Pincio, lorsque, tournant le
dos aux jardins dont la « Collis hortorum » a tiré son nom, on avait devant soi
la ville basse, avec le Tibre aux eaux bourbeuses; la « Tor di Nona », aujour-
d’hui détruite; le fort Saint-Ange hérissé de bastions; le Vatican; Saint-Pierre en
construction; le « Monte Mario » et la porte du Peuple; le Janicule; la façade de
l’Ara Cœli, alors resplendissante de mosaïques; le Capitole avec son gigantesque
beffroi; puis les deux colonnes triomphales, dont aucune pieuse supercherie
n’avait encore essayé de changer la signification; la « Torre Milizia »; les
Thermes de Constantin, depuis rasés au niveau du sol, et tant d’autres mer-
veilles ! Descendait-il dans le Champ de Mars, le voyageur se trouvait au milieu
de rues étroites, populeuses, bruyantes, où se pressaient des citoyens de toutes
les parties de l’univers. Gravissait-il le Cœlius ou l’Aventin, il rencontrait la
solitude la plus profonde, la ville des morts avec ses ruines tantôt envahies par
les herbes, tantôt se détachant sur des bosquets de rosiers, d’orangers, de lau-
riers, une nature riche et luxuriante se développant à côté des reliques du passé.
Si, aujourd’hui encore, ces souvenirs d’un autre âge exercent une. si puissante
attraction, nous ne dirons pas seulement sur tout admirateur de l’antiquité,
mais sur tout être pensant, sur tout homme digne de ce nom, combien cette
impression ne dut-elle pas être plus profonde au début du xvi° siècle, alors
que l’enthousiasme pour les Grecs et les Romains était arrivé à son apogée, et
que d’innombrables monuments, depuis détruits, lui fournissaient un inépui-
sable aliment! Partout d’incomparables chefs-d’œuvre rappelaient les glorieux
noms d’Auguste, d’Agrippa, de Titus, de Trajan, de Marc-Aurèle, de Dioclé-
tien. Ici, des obélisques rapportés du fond de l’Egypte, des arcs de triomphe,
des trophées de toute sorte, retraçaient les exploits des conquérants du monde ;
ailleurs, des aqueducs, des châteaux d’eau, des thermes, témoignaient de l’es-
prit de bienfaisance, de la sage administration de ces grands empereurs païens,
trop rabaissés par le christianisme. La piété des anciens maîtres du monde avait
trouvé son expression dans des temples plus somptueux et plus vastes, sinon
plus beaux, que ceux de la Grèce. Leurs instincts de plaisir éclataient dans les
 
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