AUVERGNE ET VELAY.
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Quant aux motifs allégués pour ces absurdes restrictions, c’était d’a¬
bord la difficulté de trouver des servantes, un très grand nombre de
femmes étant retenues par leurs fuseaux ; puis l’habitude générale de
porter de la dentelle dans toutes les classes rendait impossible la dis-
tinction extérieure des rangs dans la société. Un jésuite, le P. Régis,
témoin de la consternai ion de tout le pays, se rendit à Toulouse et
obtint la révocation de
l’ordonnance ; puis non
content de ce premier
succès, il ouvrit au pro-
duit de l’Auvergne le
marché de l’Espagne et
par suite, celui du Nou-
veau Monde, ce qui con-
tribua à la grande pros-
périté qu’on voit durer
jusqu’en 1790. Le P.
Régis, qui fut canonisé
pour ses bonnes œu-
vres, est resté l’objet de
la vénération générale
en Auvergne; et, sous
le nom de saint Fran-
çois Régis, il est de-
venu le patron des den-
tellières.
Peuchet, son prédé-
cesseur Savary et d’au-
tres auteurs de statistique, représentaient les manufactures du Puy
comme les plus florissantes de la France. Elles se pliaient à toutes
les variations de la mode et quand la dentelle de fil fut moins
demandée, on se mit à fabriquer des blondes blanches et des
noires.
Le fil employé en Auvergne se tirait de Harlem par l’intermédiaire
des commerçants de Rouen et de Lyon; à l’époque de sa plus grande
prospérité le Puy en achetait pour 400,000 livres annuellement.
Les dentelles faites pour l’exportation étaient de qualités com-
Fig. 101. — Le courtisan suivant l’édit, d’après Abraham Bosse.
« Plus de galons, ni de points coupés, ni de clinquant. »
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Quant aux motifs allégués pour ces absurdes restrictions, c’était d’a¬
bord la difficulté de trouver des servantes, un très grand nombre de
femmes étant retenues par leurs fuseaux ; puis l’habitude générale de
porter de la dentelle dans toutes les classes rendait impossible la dis-
tinction extérieure des rangs dans la société. Un jésuite, le P. Régis,
témoin de la consternai ion de tout le pays, se rendit à Toulouse et
obtint la révocation de
l’ordonnance ; puis non
content de ce premier
succès, il ouvrit au pro-
duit de l’Auvergne le
marché de l’Espagne et
par suite, celui du Nou-
veau Monde, ce qui con-
tribua à la grande pros-
périté qu’on voit durer
jusqu’en 1790. Le P.
Régis, qui fut canonisé
pour ses bonnes œu-
vres, est resté l’objet de
la vénération générale
en Auvergne; et, sous
le nom de saint Fran-
çois Régis, il est de-
venu le patron des den-
tellières.
Peuchet, son prédé-
cesseur Savary et d’au-
tres auteurs de statistique, représentaient les manufactures du Puy
comme les plus florissantes de la France. Elles se pliaient à toutes
les variations de la mode et quand la dentelle de fil fut moins
demandée, on se mit à fabriquer des blondes blanches et des
noires.
Le fil employé en Auvergne se tirait de Harlem par l’intermédiaire
des commerçants de Rouen et de Lyon; à l’époque de sa plus grande
prospérité le Puy en achetait pour 400,000 livres annuellement.
Les dentelles faites pour l’exportation étaient de qualités com-
Fig. 101. — Le courtisan suivant l’édit, d’après Abraham Bosse.
« Plus de galons, ni de points coupés, ni de clinquant. »