DEUX ÉPITAPHES ROMAINES DE FEMMES
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arabe. Par sa forme, il symbolisait le cep de vigne qui était le
bâton de commandement des centurions de la légion romaine1,
et les lapicides de Rome s'en servaient pour exprimer abréviati-
vement le mot centurio. Ce sigle devient le substantif dont les
trois lettres LEG représentent l'adjectif. Il y a donc lieu de lire,
à la suite du nom et du surnom de l'époux de Virginia, le
substantif centurio et l'adjectif legionarius. Ces deux mots se
trouvent d'ailleurs gravés en toutes lettres dans l'épitaphe
d'Exomnius Paternianus, qui fait partie du Musée lapidaire de
Lyon 2. Marius Vitalis était donc infiniment au-dessous d'un
général de division, mais beaucoup au-dessus d'un soldat légion-
naire : il avait le grade de centurion, correspondant au moins à
la situation actuelle de capitaine, mais pouvant équilibrer celle
de chef de bataillon lorsque le titulaire de l'emploi appartenait à
la catégorie des centurions primipiles. « Sans parler », écrivait
Ernest Desjardins 3, « des avantages pécuniaires du primipilat,
qui étaient tels que l'on voit des chevaliers romains renoncer à
leur rang pour se faire nommer centurions, dans l'espoir de par-
venir au primipilat, il était considéré comme le plus haut degré
de l'avancement militaire proprement dit; il ne faisait partie
d'aucun des grades de la carrière équestre, ni, bien entendu,
sénatoriale, mais on pouvait y prétendre au sortir du centurionat.
Seulement on y parvenait d'ordinaire à un âge avancé. »
Habituellement la mention d'un grade militaire est suivie de
l'indication du corps dans lequel la fonction est ou a été exercée.
1. « Centurionum in manu vitis, et opimo præmio, tardos ordines ad lentas
perducit aquilas, atque etiam in delictis pœnam ipsam honorât. » (Plin., Hist.
nat., lib. XIV, 3.)
2. MEMORIAEAETERNAE· EXOMNI | PATERNIANl· QVONDAM·
CENTVRIIONIS · LEGIONARII.... (A. de Boissieu, Inscript, ant. de Lyon,
p. 309; Allmer et Dissard. Musée de Lyon, inscript, ant., t. I, p. 407.)
3. Les soixante centurions de la légion III Augusta : dans les Comptes rendus
de l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres, ann. 1884, pp. 116. Cet opuscule
et deux autres qui précèdent résument le mémoire de M. Mommsen, Nomina
et gradus centurionum (Ephemeris epigraphica, t. IV, p. 226 et seq.) et celui
de M. J. Karbe, De centurionibus Romanorum, Hallæ, 1880. Sur le centurionat,
il y a lieu de consulter le deuxième volume du Romische Staatsverwaltung de
J. Marquardt (Handbuck, Bd. V), pp. 355, 369, 373, 375-377.
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arabe. Par sa forme, il symbolisait le cep de vigne qui était le
bâton de commandement des centurions de la légion romaine1,
et les lapicides de Rome s'en servaient pour exprimer abréviati-
vement le mot centurio. Ce sigle devient le substantif dont les
trois lettres LEG représentent l'adjectif. Il y a donc lieu de lire,
à la suite du nom et du surnom de l'époux de Virginia, le
substantif centurio et l'adjectif legionarius. Ces deux mots se
trouvent d'ailleurs gravés en toutes lettres dans l'épitaphe
d'Exomnius Paternianus, qui fait partie du Musée lapidaire de
Lyon 2. Marius Vitalis était donc infiniment au-dessous d'un
général de division, mais beaucoup au-dessus d'un soldat légion-
naire : il avait le grade de centurion, correspondant au moins à
la situation actuelle de capitaine, mais pouvant équilibrer celle
de chef de bataillon lorsque le titulaire de l'emploi appartenait à
la catégorie des centurions primipiles. « Sans parler », écrivait
Ernest Desjardins 3, « des avantages pécuniaires du primipilat,
qui étaient tels que l'on voit des chevaliers romains renoncer à
leur rang pour se faire nommer centurions, dans l'espoir de par-
venir au primipilat, il était considéré comme le plus haut degré
de l'avancement militaire proprement dit; il ne faisait partie
d'aucun des grades de la carrière équestre, ni, bien entendu,
sénatoriale, mais on pouvait y prétendre au sortir du centurionat.
Seulement on y parvenait d'ordinaire à un âge avancé. »
Habituellement la mention d'un grade militaire est suivie de
l'indication du corps dans lequel la fonction est ou a été exercée.
1. « Centurionum in manu vitis, et opimo præmio, tardos ordines ad lentas
perducit aquilas, atque etiam in delictis pœnam ipsam honorât. » (Plin., Hist.
nat., lib. XIV, 3.)
2. MEMORIAEAETERNAE· EXOMNI | PATERNIANl· QVONDAM·
CENTVRIIONIS · LEGIONARII.... (A. de Boissieu, Inscript, ant. de Lyon,
p. 309; Allmer et Dissard. Musée de Lyon, inscript, ant., t. I, p. 407.)
3. Les soixante centurions de la légion III Augusta : dans les Comptes rendus
de l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres, ann. 1884, pp. 116. Cet opuscule
et deux autres qui précèdent résument le mémoire de M. Mommsen, Nomina
et gradus centurionum (Ephemeris epigraphica, t. IV, p. 226 et seq.) et celui
de M. J. Karbe, De centurionibus Romanorum, Hallæ, 1880. Sur le centurionat,
il y a lieu de consulter le deuxième volume du Romische Staatsverwaltung de
J. Marquardt (Handbuck, Bd. V), pp. 355, 369, 373, 375-377.