DEUX ÉPITAPHES ROMAINES DE FEMMES 37
jours, durant l'une des pérégrinations militaires de son époux:
« dum ego in peregre eram », dit ce vieux soldat dans une épi-
taphe où, suivant l'expression d'Alphonse de Boissieu, il « épuise
le dictionnaire de la tendresse. Tertinia Amabilis est la femme
carissima, pientissima, castissima, conservatrix pientissima, la
fortuna presens de son mari. Dans une union de dix-huit ans et
vingt jours, elle ne lui a causé nullam contumeliam, nec animi
læsionem, nullam læsuram, nec animi offensionem '. »
En moins de mots, Marius Vitalis exprimait la même pensée,
lorsqu'il déclarait que Virginia avait été une épouse sans tache :
inculpata marito.
De leur mariage résultait un fils, que l'épitaphe mentionne
comme l'associé de son père dans l'érection du tombeau. Ce fils,
auquel l'épitaphe n'accorde pas de prénom, portait le nom de
famille (gentilicium) de son père, c'est-à-dire Marius. Son surnom
(cognomen) avait été lu NICIDIANVS; mais l'un de mes confrères
de la Société d'Émulation du Doubs, M. le professeur Léon Ver-
nier, me suggéra la lecture NIGIDIANVS, et un estampage partiel
ratifia immédiatement cette présomption. Le surnom Nigidianus
est un dérivé du gentilice Nigidius, qui peut-être était le nom
de famille de la défunte Virginia. On voit assez souvent, en
effet, le nom de famille de la mère devenir le surnom de l'un
des fils issus du mariage : ainsi Caïus Aventinius Avitus, marié
à Licinia Servilia, avait un fils nommé Caïus Aventinus Servi-
lius2; le fils aîné de Constantinius Aequalis et de Pacatia Ser-
vanda était surnommé Servatus 3; Valerius Maximus et Julia
Secundina avaient engendré un fils dénommé Valerius Secun-
dinus'; Titius Tincius Alpinus, décurion des Lingons, tenait
son surnom de sa mère qui s'appelait Potitia Alpina5.
Après le cognomen Nigidianus, vient l'indication de la qualité
1. A. de Boissieu, Inscript, ant. de Lyon, pp. 322-323. — Wilmanns,
Exempta, 249. — Allmer et Dissard, Musée de Lyon, inscript, ant., t. I, pp. 320-323.
2. C. I. L., t. XII, 4109.
3. Allmer, Revue épigraphique, n° 33, avril 1885, inscr. 528.
4. Allmer et Dissard, Trion, p. 45.
5. Ibid., p. 176.
jours, durant l'une des pérégrinations militaires de son époux:
« dum ego in peregre eram », dit ce vieux soldat dans une épi-
taphe où, suivant l'expression d'Alphonse de Boissieu, il « épuise
le dictionnaire de la tendresse. Tertinia Amabilis est la femme
carissima, pientissima, castissima, conservatrix pientissima, la
fortuna presens de son mari. Dans une union de dix-huit ans et
vingt jours, elle ne lui a causé nullam contumeliam, nec animi
læsionem, nullam læsuram, nec animi offensionem '. »
En moins de mots, Marius Vitalis exprimait la même pensée,
lorsqu'il déclarait que Virginia avait été une épouse sans tache :
inculpata marito.
De leur mariage résultait un fils, que l'épitaphe mentionne
comme l'associé de son père dans l'érection du tombeau. Ce fils,
auquel l'épitaphe n'accorde pas de prénom, portait le nom de
famille (gentilicium) de son père, c'est-à-dire Marius. Son surnom
(cognomen) avait été lu NICIDIANVS; mais l'un de mes confrères
de la Société d'Émulation du Doubs, M. le professeur Léon Ver-
nier, me suggéra la lecture NIGIDIANVS, et un estampage partiel
ratifia immédiatement cette présomption. Le surnom Nigidianus
est un dérivé du gentilice Nigidius, qui peut-être était le nom
de famille de la défunte Virginia. On voit assez souvent, en
effet, le nom de famille de la mère devenir le surnom de l'un
des fils issus du mariage : ainsi Caïus Aventinius Avitus, marié
à Licinia Servilia, avait un fils nommé Caïus Aventinus Servi-
lius2; le fils aîné de Constantinius Aequalis et de Pacatia Ser-
vanda était surnommé Servatus 3; Valerius Maximus et Julia
Secundina avaient engendré un fils dénommé Valerius Secun-
dinus'; Titius Tincius Alpinus, décurion des Lingons, tenait
son surnom de sa mère qui s'appelait Potitia Alpina5.
Après le cognomen Nigidianus, vient l'indication de la qualité
1. A. de Boissieu, Inscript, ant. de Lyon, pp. 322-323. — Wilmanns,
Exempta, 249. — Allmer et Dissard, Musée de Lyon, inscript, ant., t. I, pp. 320-323.
2. C. I. L., t. XII, 4109.
3. Allmer, Revue épigraphique, n° 33, avril 1885, inscr. 528.
4. Allmer et Dissard, Trion, p. 45.
5. Ibid., p. 176.