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REVUE ARCHÉOLOGIQUE
manière de souffler ; de ceux-ci, deux abaissent les leviers et deux
autres les lèvent. On voit aussi des sortes de cylindres dont le
haut dépasse l'espèce de large coffre dans lequel ils se trouvent;
il y en a trois de chaque côté, ce sont les pnigeus sans doute.
Le nombre de tuyaux paraît bien faible pour quatre souffleurs
et deux organistes, mais dans cette figure il n'y a d'exact que le
mouvement des personnages, l'instrument lui-même n'est repré-
senté que d'une façon très inexacte. (Voir fig. 15.)
Un bas-relief qui se trouve sur un obélisque de Constanti-
nople du temps de Théodore (ive siècle), représente un orchestre
complet avec des chanteurs et même aussi des danseurs; à
chaque extrémité de cet orchestre se trouve un orgue à sept
tuyaux et à côté un soufflet sur lequel se tiennent debout deux
enfants, près de l'orgue un personnage qui est l'organiste sans
doute. Je crois que les soufflets ici remplacent les pompes à
pistons et que l'orgue est hydraulique, car je ne pense pas qu'à
cette époque on connût déjà le soufflet-réservoir.
Comme on le voit, l'orgue hydraulique n'est pas un instru-
ment aussi mystérieux et insondable que se sont plu à nous le
dépeindre les musicologues qui ont eu l'occasion d'en parler.
Toutes les figures antiques, dessins, mosaïques, sculptures ou
bas-reliefs, le représentent de la même manière. Les deux des-
criptions techniques que nous en possédons sont absolument
conformes l'une à l'autre et se rapportent bien aux images que
nous avons réunies de l'instrument. Si Vitruve diffère un peu
d'Héron d'Alexandrie, c'est qu'il décrit de visu un orgue qui,
étant postérieur de plusieurs siècles à celui dont parle le savant
gréco-égyptien, avait été modifié par des perfectionnements suc-
cessifs. Le mécanisme inventé par Ctésibius est tellement clair
et ingénieux que je suis persuadé qu'un facteur d'orgues qui
voudrait le reproduire d'après les descriptions et les plans que
j'en ai donnés, non seulement doterait la science d'un orgue
antique pouvant se jouer, mais encore y trouverait peut-être le
point de départ de perfectionnements inattendus.
Clément Loret,
Organiste à l'église de Saint-Louis d'Antin.
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manière de souffler ; de ceux-ci, deux abaissent les leviers et deux
autres les lèvent. On voit aussi des sortes de cylindres dont le
haut dépasse l'espèce de large coffre dans lequel ils se trouvent;
il y en a trois de chaque côté, ce sont les pnigeus sans doute.
Le nombre de tuyaux paraît bien faible pour quatre souffleurs
et deux organistes, mais dans cette figure il n'y a d'exact que le
mouvement des personnages, l'instrument lui-même n'est repré-
senté que d'une façon très inexacte. (Voir fig. 15.)
Un bas-relief qui se trouve sur un obélisque de Constanti-
nople du temps de Théodore (ive siècle), représente un orchestre
complet avec des chanteurs et même aussi des danseurs; à
chaque extrémité de cet orchestre se trouve un orgue à sept
tuyaux et à côté un soufflet sur lequel se tiennent debout deux
enfants, près de l'orgue un personnage qui est l'organiste sans
doute. Je crois que les soufflets ici remplacent les pompes à
pistons et que l'orgue est hydraulique, car je ne pense pas qu'à
cette époque on connût déjà le soufflet-réservoir.
Comme on le voit, l'orgue hydraulique n'est pas un instru-
ment aussi mystérieux et insondable que se sont plu à nous le
dépeindre les musicologues qui ont eu l'occasion d'en parler.
Toutes les figures antiques, dessins, mosaïques, sculptures ou
bas-reliefs, le représentent de la même manière. Les deux des-
criptions techniques que nous en possédons sont absolument
conformes l'une à l'autre et se rapportent bien aux images que
nous avons réunies de l'instrument. Si Vitruve diffère un peu
d'Héron d'Alexandrie, c'est qu'il décrit de visu un orgue qui,
étant postérieur de plusieurs siècles à celui dont parle le savant
gréco-égyptien, avait été modifié par des perfectionnements suc-
cessifs. Le mécanisme inventé par Ctésibius est tellement clair
et ingénieux que je suis persuadé qu'un facteur d'orgues qui
voudrait le reproduire d'après les descriptions et les plans que
j'en ai donnés, non seulement doterait la science d'un orgue
antique pouvant se jouer, mais encore y trouverait peut-être le
point de départ de perfectionnements inattendus.
Clément Loret,
Organiste à l'église de Saint-Louis d'Antin.