RELATION SOMMAIRE D'UNE EXCURSION
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ronné d'une corniche également d'ordre corinthien. La pièce du rez-de-chaussée, qui
renferme le tombeau du prophète, communique avec l'étage supérieur par un
escalier tournant, en pierre. Aucune inscription apparente, aucune sculpture
digne d'intérêt. Dans le mur de l'enceinte, extérieurement, contre la mosquée, est
une inscription funéraire en grec, non chrétienne, que j'ai estampée et copiée;
elle est très courte1.
A l'article Qoûros, Yàqoût mentionne le tombeau de Oûriyyà fils de
Khannân ôL!>.. C'est le nom qui est donné, dans les Qisas alanbiya , au général
de David, Ourie le Héthéen, mari de la belle Bathchêbah. A l'article 'Amman,
ûtu> Yâqoùt mentionne le tombeau du « prophète Oûriyyâ Lïjjl ». Il est évident
que dans ce dernier passage, c'est encore d'Ourie le Héthéen qu'il s'agit, car
selon la Bible, il périt en combattant les Béni cAmmôn (2 Samuel, ch. xi). Ce
Heuru Peyghambar des Kurdes est donc, le témoignage de Yâqoùt le prouvant,
Ourie le Héthéen, qualifié de prophète sans cloute à cause de sa qualité de per-
sonnage biblique. Le Heuru ou Houri Kurde n'est qu'une erreur pour Oûriyyâ. La
généalogie cle bin Khannân qU> ^ n'est peut-être, elle aussi, qu'une erreur, une
confusion provenant d'une lecture fautive de heàîthi viign, « le Héthéen », de la
Bible. Mais d'où vient que le géographe arabe place le tombeau de ce personnage
en deux endroits différents, en deux localités aussi éloignées l'une de l'autre que
le sont 'Amman clans Al Balqâ', au pays des 'Ammonites, et Qoûros au nord de
Halab? Les Kurdes débitent à ce sujet une fable qui, à défaut de la vérité his-
torique, a le mérite de concilier les deux versions cle Yâqoùt : « Salomon, par
égard pour la mémoire du premier mari de sa mère, aurait ordonné la translation
des restes du prophète Hourie à l'endroit où ils sont aujourd'hui (c'est-à-dire à Qoû-
ros), et qui était son pays d'origine!!! » Les Kurdes n'ont donc fait que conserver
une tradition musulmane connue cle Yàqoût : il est permis de croire qu'elle est
encore plus ancienne que cet auteur. Peut-être repose-t-elle sur une analogie de
noms, cette tour ayant pu servir cle mausolée à quelque personnage grec portant
un nom rappelant, pour une oreille sémitique, celui du général de David.
Mais cette tradition, sur Ourie le Héthéen, dans un pays où s'est développée
une civilisation qu'on attribue aujourd'hui aux Héthéens, dans une localité qui
n'est qu'à une journée et demie de Zindjîrli, mérite bien qu'on s'y arrête : peut-être
fournira-t-elle aux partisans de l'héthéisme un argument en faveur cle l'identité de
race des Héthéens du Nord et cle ceux du Sud. Mais à la surface du sol, clans les
ruines de Qoûros ou dans l'enceinte du mausolée de Heuru Peyghambar, on ne
voit aucune trace d'inscription ou de sculpture héthéenne. Serait-il bien prudent
d'entreprendre des fouilles? Ne faudrait-il pas auparavant expliquer par suite cle
quelles circonstances le tombeau de Ourie se trouve abrité dans un monument
grec, qui ne saurait remonter plus loin que l'époque des Séleucides ?
1. Elle est reproduite plus bas, à la page 37 de ce volume.
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ronné d'une corniche également d'ordre corinthien. La pièce du rez-de-chaussée, qui
renferme le tombeau du prophète, communique avec l'étage supérieur par un
escalier tournant, en pierre. Aucune inscription apparente, aucune sculpture
digne d'intérêt. Dans le mur de l'enceinte, extérieurement, contre la mosquée, est
une inscription funéraire en grec, non chrétienne, que j'ai estampée et copiée;
elle est très courte1.
A l'article Qoûros, Yàqoût mentionne le tombeau de Oûriyyà fils de
Khannân ôL!>.. C'est le nom qui est donné, dans les Qisas alanbiya , au général
de David, Ourie le Héthéen, mari de la belle Bathchêbah. A l'article 'Amman,
ûtu> Yâqoùt mentionne le tombeau du « prophète Oûriyyâ Lïjjl ». Il est évident
que dans ce dernier passage, c'est encore d'Ourie le Héthéen qu'il s'agit, car
selon la Bible, il périt en combattant les Béni cAmmôn (2 Samuel, ch. xi). Ce
Heuru Peyghambar des Kurdes est donc, le témoignage de Yâqoùt le prouvant,
Ourie le Héthéen, qualifié de prophète sans cloute à cause de sa qualité de per-
sonnage biblique. Le Heuru ou Houri Kurde n'est qu'une erreur pour Oûriyyâ. La
généalogie cle bin Khannân qU> ^ n'est peut-être, elle aussi, qu'une erreur, une
confusion provenant d'une lecture fautive de heàîthi viign, « le Héthéen », de la
Bible. Mais d'où vient que le géographe arabe place le tombeau de ce personnage
en deux endroits différents, en deux localités aussi éloignées l'une de l'autre que
le sont 'Amman clans Al Balqâ', au pays des 'Ammonites, et Qoûros au nord de
Halab? Les Kurdes débitent à ce sujet une fable qui, à défaut de la vérité his-
torique, a le mérite de concilier les deux versions cle Yâqoùt : « Salomon, par
égard pour la mémoire du premier mari de sa mère, aurait ordonné la translation
des restes du prophète Hourie à l'endroit où ils sont aujourd'hui (c'est-à-dire à Qoû-
ros), et qui était son pays d'origine!!! » Les Kurdes n'ont donc fait que conserver
une tradition musulmane connue cle Yàqoût : il est permis de croire qu'elle est
encore plus ancienne que cet auteur. Peut-être repose-t-elle sur une analogie de
noms, cette tour ayant pu servir cle mausolée à quelque personnage grec portant
un nom rappelant, pour une oreille sémitique, celui du général de David.
Mais cette tradition, sur Ourie le Héthéen, dans un pays où s'est développée
une civilisation qu'on attribue aujourd'hui aux Héthéens, dans une localité qui
n'est qu'à une journée et demie de Zindjîrli, mérite bien qu'on s'y arrête : peut-être
fournira-t-elle aux partisans de l'héthéisme un argument en faveur cle l'identité de
race des Héthéens du Nord et cle ceux du Sud. Mais à la surface du sol, clans les
ruines de Qoûros ou dans l'enceinte du mausolée de Heuru Peyghambar, on ne
voit aucune trace d'inscription ou de sculpture héthéenne. Serait-il bien prudent
d'entreprendre des fouilles? Ne faudrait-il pas auparavant expliquer par suite cle
quelles circonstances le tombeau de Ourie se trouve abrité dans un monument
grec, qui ne saurait remonter plus loin que l'époque des Séleucides ?
1. Elle est reproduite plus bas, à la page 37 de ce volume.