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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 19.1897

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Nr. 1-2
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Blochet, Edgar: L' epenthèse en perse cunéiforme
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https://doi.org/10.11588/diglit.12159#0083

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L'ÉPENTHÈSE EN PERSE CUNÉIFORME

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voyelle correspondante, un i ou un u apparaît devant la consonne. Ce phénomène est
constant en zend, mais l'épenthèse de Vu n'a lieu que devant r\ Ex. : Sk. bhàvatï,
Av. bauaiti; Sk. sàroâtn, Av. haurvàm.

Le perse ne marque pas l'épenthèse, mais il est possible que malgré cela il la prati-
quait. Le seul moyen de s'en assurer est d'interroger les transcriptions étrangères de
mots perses en grec, en assyrien et en médique2.

Un des nombreux imposteurs réduits par Darius se nomme en perse Naditabira
(Oppert, Ac/iéménides, p. 86 ss.); la traduction médique lui donne le nom de
>^y^z: £=y M ^fcrl&s ni-di-it-bi-il, ce qui semble prouver une prononciation na(ï)dita-
bira. Il est bon de remarquer que est nu, en assyrien, que est ut et

est ul, et il est certain que i et u sont confondus en médique; on comparera les suffixes
turcs J, ou J qui se prononcent d'une façon intermédiaire entre lu et U. En tous cas, on
voit que la voyelle n'est pas un a, ce qui seul importe ici.

Un autre exemple est le perse Vahyazdâta transcrit en médique
*l=>-yy t^lsy ^^y Visdatta, ce qui semble renvoyer â une prononciation Va(i)hy-
azdâta. On remarquera que le médique rend la longue suivie d'une consonne par une
brève suivie de la consonne redoublée. On en verra, plus loin, d'autres exemples.

Il arrive que,, dans des mots où il y a eu certainement épenthèse, les transcriptions
étrangères n'en offrent pas trace. Le mot perse Ariya « Arien », Sk.ïra-, zend »»s>*>,
Airya, au génitif pluriel Ariyânâm, a donné naissance au mot > pehlvi jx-m.
Cependant la transcription médique est ^YSE ^fTK ^~Tt Arrîya, quoique le mot
se prononçât assurément A(i)riya, sans quoi ïî du pehlvi et du persan serait inexpli-
cable. Le chaldéo-pehlvi ne connaît, comme le Perse, que la forme jK'nx3. La forme
grecque ne la marque pas non plus, elle est 'Apta.

Il y a en Perse, comme l'on peut s'en convaincre en feuilletant le Modjem de Yakout,
un nombre assez important de villes dont le nom se termine en arabisé en ïj>-, le
pehlvi est mp, sans que l'on puisse savoir quelle est la voyelle. Il ne faudrait sans doute
point voir dans VI du. persan le reste d'une épenthèse d'une forme *kartiya, *ka{i)rtiya
par exemple. Le persan moderne prononce * arabisé en i>0£, le mot pehlvi
mpiv qui est certainement *yazdakarta « créé par Dieu ».

1. Ce phénomène est proche parent de ce que l'on appelle la « Prothèse », que l'on définit ainsi: « elle con-
siste dans l'introduction d'un i ou u adventice initial devant une consonne » Ex.: (u)rcân, âme pour *rcân. Il
y a ici une légère erreur : En réalité il y a prothèse d'abord, épenthèse ensuite. Le persan ne peut prononcer
un groupe de deux consonnes initiales, il devait en être et il en était certainement de même en zend. Etant
donné le groupe *roân, une langue iranienne ne pouvait le prononcer que de deux façons, ou le faire précéder
d'une aspiration, ou intercaler entre r et o une voyelle brève. C'est au premier de ces procédés que le zend a
eu recours et il a prononcé en représentant cette aspiration par (h), (h)-roan, cet (a)portant une voyelle indécise,
que nous représentons par -, comme aujourd'hui la voyelle prosthétique persane. C'est alors qu'a eu lieu
l'épenthèse du v par-dessus le r, dans le gronpe [h)-r qui est devenu (h)urcân. Il est absolument inexact de

dire que uroan vient de rtioân, d'adieurs la forme persane ruoân dont on veut l'appuyer n'existe pas; ^Ijj

se prononce raoân. Le pehlvi lui-même rùbân est à prononcer racân, comme le prouvent les nombreux
exemples de noms propres où ûb est une simple graphie pour o ; phonétiquement ûb ne peut devenir u.

2. J'emploie, après M. J. Oppert, la dénomination de médique pour désigner l'idiome dans lequel sont rédi-
gées les inscriptions cunéiformes du second système.

3. Par exemple dans les inscriptions trilingues d'Ardeshir Ier ou dans l'inscription bilingue d'Hadjiâbâd.
 
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