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Eugène Kevillout.
« Étant venus en Egypte devant Isis Hathor, devant le dieu grand Horne/tatef1 et devant
» les grands dieux du sanctuaire de Y Abbaton de Philée, Mentu et Hornextatef, les prophètes
»d'Isis, les Kerni, les agents d'Isis, les agents du roi'2 de la terre des nègres (ou Tonehes)
»(/;a2/s5"c.i^\ZS^\j = ^\ $ p Bkugsch, Géogr., I, 53, III, 51), les princes de
» l'étranger qui sont devant l'Egypte (aux portes de l'Egypte), les chefs des pays de choix de
» Bant'e, les scribes royaux d'Éthiopie (/a "a = qui savent les levers de Sothis,
» qui connaissent les éclipses (les manquements de faire lumière):1 du soleil et de la lune quand
» elles se présentent dans la terre des nègres /A.i'fjïif'l Z_~u par année. Qu'ils servent
» Isis, les grands Éthiopiens luiii de la terre entière. Nous prions devant toi (ô Isis),
»pour que tu nous conduises, et que nous t'adorions et te servions par toute joyeuse libation.»
A ce moment encore on se sert pour qualifier le roi de T'ihimti d'un synonyme et non
du titre que portaient Sévère et Antonin, ainsi que plus tard le roi Terermen, etc. Mais
ce nom même de l'Éthiopie Iliii <;2i__ nous le retrouvons dans notre inscription comme étant
celui des sujets du roi de Tonehes et de Kes.
Quel était alors ce roi? Nous ne pouvons le dire. Mentu et Horne/tatef ne sont que ses
ministres et cependant ils s'appellent princes de l'étranger. Ce mot i/s\ 22il = ^jl^Q£^)
(voir Brugsch, Dict. géogr., p. 629 et suiv.), signifiant pays étranger, désigne aussi plus par-
ticulièrement une région du midi Q |i^(xicjjA dans les listes des peuples vaincus par Thout-
mès III. C'était sans doute un quatrième nom de la Nubie. Les princes héréditaires en question
avaient assurément l'autorité effective, et c'est pour cela qu'ils ne nomment pas leur souverain.
Cette autorité leur venait peut-être d'ailleurs, au moins la partie des connaissances astro-
nomiques et astrologiques qu'ils s'attribuaient. C'est comme musicien inspiré que le roi David
est parvenu au trône des Juifs. C'est comme astronome connaissant les secrets des dieux
qu'Horne/tatef, le plus savant ou le plus habile des deux ministres, s'est emparé définitive-
ment de la couronne de Nubie.
Écoutons en effet notre seconde inscription, rédigée par son fils5 :
«Adoration d'Uikeri, fils d'Horne/tatef qu'a enfanté la vénérable0 Mautueri —■ devant
»Isis de l'Abbaton de Philée et tous les grands dieux!
1 C'est la seule fois, à ma connaissance, que le dieu Horus, vengeur de son père (comme dit le décret
de Rosette), ait été appelé Horne/tatef (Horus la force de son père) clans les proscynèmes. Mais il était
tout naturel que le vaniteux Horne/tatef donnât au dieu son propre nom.
2 Lorsqu'ils reconnaissaient pleinement la suzeraineté romaine, les chefs Blemmyes prenaient seule-
ment le nom de chefs du peuple et en même temps d'agents du roi, de représentants du roi, c'est-à-dire de
vice-rois (voir notre précédent article). Quelquefois cependant ces chefs du peuple dataient de leur règne,
comme nous l'avons vu pour Aousoun, sans prendre d'ailleurs le titre de rois. Quand ils prenaient ce titre
de rois, c'étaient leurs ministres qui se nommaient représentants, agents du roi.
3 Pour le mot ( £ f> td. resplendissement, voir Koufi, XI, 23, 24. Meu., IV, 2, p. 79, note 8 et conf.
-J A jj^. Pour le mot ui voir Poème.
4 C'est ainsi qu'il faut lire ce nom géographique et non ^ |1 ® /es/et comme le propose M. Bkugsch.
Le dôterminatif © a ici remplacé ù£±0. Notons que le titre «prince de -/.es» se retrouve (ainsi, d'ailleurs,
que la plupart de ceux que nous avons reproduits ci-dessus), dans un autre proscynème démotique dont
M. Cattaui a rapporté l'estampage et qui est adressé par Horne/tatef à Horsiési (sic) de l'Abbaton de
Philée et dans le n° 156 de Lepsius où il est question de Mentu, le collègue d'Home/tatef.
1 Je traduis également d'après un plâtre de M. Cattaui cette inscription n° 10 de Lepsius.
0 Sepsi. Ce titre est celui qu'on donne généralement â la déesse Isis. Il s'agissait sans doute d'une prin-
cesse, de sang royal éthiopien, qu'avait épousée Horne/tatef, et qui lui avait donné ses droits à la couronne.
Eugène Kevillout.
« Étant venus en Egypte devant Isis Hathor, devant le dieu grand Horne/tatef1 et devant
» les grands dieux du sanctuaire de Y Abbaton de Philée, Mentu et Hornextatef, les prophètes
»d'Isis, les Kerni, les agents d'Isis, les agents du roi'2 de la terre des nègres (ou Tonehes)
»(/;a2/s5"c.i^\ZS^\j = ^\ $ p Bkugsch, Géogr., I, 53, III, 51), les princes de
» l'étranger qui sont devant l'Egypte (aux portes de l'Egypte), les chefs des pays de choix de
» Bant'e, les scribes royaux d'Éthiopie (/a "a = qui savent les levers de Sothis,
» qui connaissent les éclipses (les manquements de faire lumière):1 du soleil et de la lune quand
» elles se présentent dans la terre des nègres /A.i'fjïif'l Z_~u par année. Qu'ils servent
» Isis, les grands Éthiopiens luiii de la terre entière. Nous prions devant toi (ô Isis),
»pour que tu nous conduises, et que nous t'adorions et te servions par toute joyeuse libation.»
A ce moment encore on se sert pour qualifier le roi de T'ihimti d'un synonyme et non
du titre que portaient Sévère et Antonin, ainsi que plus tard le roi Terermen, etc. Mais
ce nom même de l'Éthiopie Iliii <;2i__ nous le retrouvons dans notre inscription comme étant
celui des sujets du roi de Tonehes et de Kes.
Quel était alors ce roi? Nous ne pouvons le dire. Mentu et Horne/tatef ne sont que ses
ministres et cependant ils s'appellent princes de l'étranger. Ce mot i/s\ 22il = ^jl^Q£^)
(voir Brugsch, Dict. géogr., p. 629 et suiv.), signifiant pays étranger, désigne aussi plus par-
ticulièrement une région du midi Q |i^(xicjjA dans les listes des peuples vaincus par Thout-
mès III. C'était sans doute un quatrième nom de la Nubie. Les princes héréditaires en question
avaient assurément l'autorité effective, et c'est pour cela qu'ils ne nomment pas leur souverain.
Cette autorité leur venait peut-être d'ailleurs, au moins la partie des connaissances astro-
nomiques et astrologiques qu'ils s'attribuaient. C'est comme musicien inspiré que le roi David
est parvenu au trône des Juifs. C'est comme astronome connaissant les secrets des dieux
qu'Horne/tatef, le plus savant ou le plus habile des deux ministres, s'est emparé définitive-
ment de la couronne de Nubie.
Écoutons en effet notre seconde inscription, rédigée par son fils5 :
«Adoration d'Uikeri, fils d'Horne/tatef qu'a enfanté la vénérable0 Mautueri —■ devant
»Isis de l'Abbaton de Philée et tous les grands dieux!
1 C'est la seule fois, à ma connaissance, que le dieu Horus, vengeur de son père (comme dit le décret
de Rosette), ait été appelé Horne/tatef (Horus la force de son père) clans les proscynèmes. Mais il était
tout naturel que le vaniteux Horne/tatef donnât au dieu son propre nom.
2 Lorsqu'ils reconnaissaient pleinement la suzeraineté romaine, les chefs Blemmyes prenaient seule-
ment le nom de chefs du peuple et en même temps d'agents du roi, de représentants du roi, c'est-à-dire de
vice-rois (voir notre précédent article). Quelquefois cependant ces chefs du peuple dataient de leur règne,
comme nous l'avons vu pour Aousoun, sans prendre d'ailleurs le titre de rois. Quand ils prenaient ce titre
de rois, c'étaient leurs ministres qui se nommaient représentants, agents du roi.
3 Pour le mot ( £ f> td. resplendissement, voir Koufi, XI, 23, 24. Meu., IV, 2, p. 79, note 8 et conf.
-J A jj^. Pour le mot ui voir Poème.
4 C'est ainsi qu'il faut lire ce nom géographique et non ^ |1 ® /es/et comme le propose M. Bkugsch.
Le dôterminatif © a ici remplacé ù£±0. Notons que le titre «prince de -/.es» se retrouve (ainsi, d'ailleurs,
que la plupart de ceux que nous avons reproduits ci-dessus), dans un autre proscynème démotique dont
M. Cattaui a rapporté l'estampage et qui est adressé par Horne/tatef à Horsiési (sic) de l'Abbaton de
Philée et dans le n° 156 de Lepsius où il est question de Mentu, le collègue d'Home/tatef.
1 Je traduis également d'après un plâtre de M. Cattaui cette inscription n° 10 de Lepsius.
0 Sepsi. Ce titre est celui qu'on donne généralement â la déesse Isis. Il s'agissait sans doute d'une prin-
cesse, de sang royal éthiopien, qu'avait épousée Horne/tatef, et qui lui avait donné ses droits à la couronne.