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Revue égyptologique — 5.1887/​88

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Nr. 3
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Revillout, Eugène: Un empereur blemmye
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https://doi.org/10.11588/diglit.12683#0162

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Eugène Revillout.

Nous n'avons donc pas affaire à un latrunculus quelconque, — c'est-à-dire à un simple
chef barbare — mais à un homme entré dans les cadres romains, prenant le protocole offi-
ciel et figé de tous les Augustes de ce temps, battant probablement monnaie, faisant des
édits, ayant un préfet du prétoire, etc., et qui cependant paraît, par son nom, complètement
étranger au inonde romain et même au monde grec, qui en était, pour ainsi dire, le vestibule;

Psilaan (avec la chuintante et l'ain) est uu nom très analogue à beaucoup d'autres
noms blemmyes que nous ont conservés les inscriptions, mais qu'on ne saurait aucunement
rattacher à l'une ou l'autre des deux grandes civilisations classiques.

Nous voyons que l'empereur en question a régné dans la Thébaïde peu de temps après
les seconds Antonins et assez tranquillement pour pouvoir faire continuer dans le temple
d'Esné, avec tout le luxe convenable, les grands travaux commencés par ses prédécesseurs
de Rome. Évidemment puisqu'il ne peut s'agir de Romains ou de Grecs et que les prœsiâéè
locaux, parfois proclamés empereurs, étaient toujours choisis dans ces deux races, puisque
nous avons affaire à un barbare et que ce barbare régnait en Thébaïde, nous devons songer

p

à un représentant de cet empire blemmye, immédiatement voisin de la Thébaïde, que les
inscriptions démotiques nous montrent alors si vaste et si puissant. Rien de plus naturel que
de voir un Blemmye s'occuper à orner les temples de ces dieux d'Egypte pour lesquels tous
ses compatriotes avaient une si pieuse vénération.

Mais à quelle époque est-il possible d'admettre une invasion triomphante des Blemmyes
et la proclamation d'un empereur romain de cette race?

Évidemment à la période des trente tyrans. Quand un chef de tribu arabe (phylarque
ou cheik) comme Odénat se faisait désigner Auguste par l'empereur légitime Gallien, un roi
blemmye, beaucoup plus important, pouvait aspirer à de semblables honneurs, et cela d'au-
tant plus que chacun des généraux de Gallien en faisait autant.

En Égypte même un certain Émilien venait d'être proclamé par l'armée, malgré lui,
et forcé de prendre la pourpre. Mais aussitôt il eut à lutter contre les Blemmyes qu'il con-
tint autant que possible,1 s'étant porté de sa personne en Thébaïde. Ces luttes difficiles, ces
efforts presque victorieux le firent considérer comme un nouvel «Alexandre». Mais au moment
où il préparait une grande expédition dans les Indes (? contra Indos) — c'est-à-dire peut-être
dans cette Éthiopie que les ancieus, comme les Portugais plus tard, nomment souvent les
Indes — il fut battu par un général de Gallien nommé Théodote et étrauglé dans sa prison.

L'empereur fut tellement satisfait de ce triomphe qu'il donna à Théodote, en Égypte
même, «l'empire proconsulaire».

Mais Trebellius Pollion nous apprend que ce fut considéré comme un présage de mal-
heur. Une colonne d'or sise à Memphis et couverte d'inscriptions égyptiennes prédisait (comme
l'avait fait à Memphis aussi du temps d'Epiphane la chronique démotique traduite par nous)
la prochaine délivrance des Égyptiens. D'après cette colonne, l'Egypte devait secouer le joug
quand on y verrait les faisceaux romains et la prétexte romaine — juste ce que. venait de
faire Gallien par sa nouvelle décision en faveur de Théodote.

1 Thebaidem totam que ^Eg5-ptum peragravit; et, quatenus potuU, barbarorum gontès forti auctoritate
subuiovit. (Vie d'Émilien, par Pollion.)
 
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