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Revue égyptologique — 5.1887/​88

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Nr. 3
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Pierret, Paul: Religion et mythologie des anciens égyptiens, [3]: D'aprés les monuments
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https://doi.org/10.11588/diglit.12683#0168

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128

Paul Pieeret.

Chacun des quatre couples élémentaires est naturellement composé d'un dieu et d'une déesse.

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Premier couple : Nbun et Nounet œ S) , jwwv* u . Ce dieu Noun n'est pas le même

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que le dieu primordial, personnification du chaos, que nous avons défini plus haut, il représente
spécialement le principe fécondant de la substance liquide élémentaire; sa compagne Nounet
représente, elle, le principe qui enfante et d'où la lumière est sortie pour la première fois.

Second couple : Heh et Heh-t ^^j^^^- D'après les deux sens différents que fournit
le radical heh, savoir : «millions d'années, années sans fin» et «rechercher, aspirer à, désirer»,
ce couple, répondant à VAiôn et à l'Eros des Grecs, exprime d'une part l'éternité et de
l'autre le désir du principe créateur d'éveiller à la vie la cause prochaine de la naissance
de toutes choses, la lumière solaire. En effet, dans certains tableaux allégoriques Heh et
Heh-t figurent agenouillés, amenant avec leurs mains du monde inférieur au monde supérieur
l'enfant solaire coiffé du disque et du scarabée, emblème du devenir. Ce couple représente
donc ce que les Phéniciens, d'après Sanchoniaton, ont exprimé par leur Amour-Pothos et
leur souffle Pneuma, car Heh, représenté ainsi ^ et soutenant le ciel, est un équivalent de
Shou, personnage qui symbolise l'air qui circule entre le ciel et la terre.

Troisième couple : Kek et Kek-t j|,^gSijj. Ce nom signifie «ténèbres», le copte
nous l'a conservé sous la forme Rèn.ue. Ces deux dieux sont appelés par les textes «auteurs
de la lumière, créateurs de la clarté». C'est d'après le même ordre d'idées que les anciens
voyaient dans Érôbos et Nyx (ténèbres et nuit) les ancêtres de la lumière et qu'ils les trai-
taient comme le premier principe de toutes choses ('As/;/;). D'après Hesychius, il y avait en
Egypte un temple pour l'Aphrodite obscure, Skotia, dans laquelle on ne peut méconnaître
la déesse Kek-t.

Quatrième couple : Nenou, Nenet. Le nom de ces dieux signifiant «repos», ils expriment
l'arrêt, l'immobilité de l'eau primordiale.

Ces huit divinités élémentaires sont représentées par quatre personnages masculins à
corps humain et à tête de grenouille et quatre personnages féminins à tête de serpent. Voici
pourquoi. D'après les vues des Egyptiens, la grenouille était une créature incomplète et em-
bryonnaire, née du limon du Nil avec l'eau de l'inondation, disparaissant avec le retrait de
l'eau et renaissant avec le nouveau tlux. Il en résulte que les premières créatures avaient
été formées du limon primordial du chaos et il n'est plus besoin de justifier la tête de gre-
nouille donnée aux quatre représentants mâles de l'Ogdoade.

La tête de serpent des formes féminines a également son sens précis. D'après une
donnée d'Horapollon (1, 2) les Égyptiens disaient du serpent qu'il est pesant comme la terre
et glissant comme l'eau. Le dépouillement de sa vieillesse par celui de sa peau qui a lieu
tous les ans est une image parfaite du rajeunissement du monde par le renouvellement de
l'année. La tête de serpent de nos déesses symbolisait donc le renouvellement périodique
de l'ordre du monde basé sur le cours du soleil et la renaissance annuelle des choses ter-
restres; ces déesses rappelaient non seulement le commencement des choses, mais aussi leur
renouvellement périodique.

Les huit dieux élémentaires, préparateurs de la création qui commence avec le premier
lever du. soleil, sont aussi représentés par huit singes cynocéphales, animaux consacrés à
Thot, qui sont en adoration à gauche et à droite du soleil émergeant de l'horizon.
 
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