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Revue égyptologique — 14.1914

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Nr. 3
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Revillout, Eugène: La bibliothèque du Sérapéum d'Alexandrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.12248#0112

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102

Eugène Revillout.

à la main. Cette assimilation, consacrée par tous les bilingues, n'en était pas moins devenue
un des dogmes de la religion égypto-grecque, même à Memphis, où la tradition primitive de

ou Tehen, sur le bord sud du dromos d'Iinhotep se Ptah, le dieu grand, (c'est-à-dire de l'Asclépéium, dont
parlent aussi les papyrus grecs du Sérapéum), Tehen est le synonyme de Paosor Hapi, le bourg d'Osor
Hapi qui désigne le Sérapéum dans d'autres papyrus démotiques de même provenance, à propos de maisons
sises, soit sur le dromos principal du Paosor Hapi, au nord du dit Sérapéum, soit à l'ouest du pylône du
paosorhapi ou bord sud du dromos d'Osor Hapi sur le boulevard (voir Chrest. dém., p. 398, 406; Bev. égypb,
II, pl. 92, etc.). C'est toute une ville spéciale, fort importante à Memphis, que ce Tehen ou paosorhapi :
et la ville sacrée qui y correspond à Teudjaï n'est pas méprisable non plus.

Nous avons vu qu'on y comptait à Teudjaï un temple d'Amon et un temple de Maut. Il en était
certainement ainsi pour le Sérapéum de Memphis, d'oii vient, d'après le vendeur, une magnifique statue de
bronze de Petiamen, que j'ai achetée pour le Musée du Louvre et dont les légendes mettent sur le même
pied Ptah et Aiuon. ainsi que Maut, l'épouse d'Amon et la grande amante de Ptah. C'était là une suite
des conquêtes des dynasties amoniennes, bientôt accompagnées de réactions violentes. La statue dont nous
venons do parler était, je l'ai démontré, du temps de Seti ier. Un peu plus tard, Piankhi nous dit que
Memphis ne connaît pas la religion d'Amon. Cette religion, il l'imposa de nouveau, ainsi que ses successeurs
de la dynastie amonienne : et les rancunes de Memphis contre Amon n'en apparaissent pas moins plus tard
dans bien des monuments, dont le dernier en date est le roman du Setme Xaémnas du temps de Claude.
Le cartulaire du Sérapéum de Teudjaï nous fait assister à de semblables luttes dans cette localité. Ces
luttes, je les ai traduites p. 406 et suivantes de mes «contrats archaïques égyptiens dômotiques et araméens».
Nous y voyons d'abord un haut personnage administratif qui. abusant de sa situation comme gouverneur,
y usurpe à lui seul le sacerdoce d'Amon et se fait en cette qualité céder par les prêtres le cinquième des
revenus totaux du Sérapéum, c'est-à-dire 20 hotep sur 100. Puis plus tard une réaction se produit. Le
grand-prêtre d'Héracléopolis, dont dépendait le Sérapéum de Teudjaï, profite de l'absence du titulaire,
descendant de ce haut fonctionnaire, lequel accompagnait le roi Psammétique II dans une campagne mal-
heureuse en Syrie, pour envoyer, comme nouveau prêtre d'Amon, son fils, en faisant distribuer aux cinq tribus
sacrées les hotep. leur appartenant en réalité. De là. un procès qu'on devait juger par Vactio-sacramenti
et que de mauvais conseils, donnés à l'intéressé, empêchèrent d'aboutir. Celui-ci a bien soin de noter que
tout le mal doit être attribué au prêtre de Sebek, devenu grand-prêtre d'Horshéfi à Héracléopolis et contre
lequel le sacerdoce d'Amon de Thèbes (près duquel l'ancien prêtre d'Amon était venu en suppliant) était
tout prêt à employer sa haute influence. En somme, le culte d'Amon était bien considéré comme un intrus
dans le Sérapéum de Teudjaï et, sans oser l'expulser tout-à-fait, on avait voulu en réduire le plus possible
l'influence.

Parmi les autres Sérapées connus, nous citerons celui de Chénoboscion (ujeiiecH-r), d'où S* Pachôme
ne sortit que quand les chrétiens le baptisèrent de force, en lâchant l'Apis dans la campagne, et celui bien
plus célèbre do Canopo, cité par Hérodote comme jouissant du privilège de rendre leur liberté aux esclaves
trop violentés et qui, du temps de Théophile, l'ut violemment enlevé à ses anciens habitants et livré à des
moines «accomplissant ainsi, selon Eunape, la prophétie d'Antonin disant que les temples seraient changés
en tombeaux». Eunape nous décrit très poétiquement la vie de ces reclus, aussi expulsés, du Sérapéum
de Canope, analogues à Ptolémée, fils de Glaucias, et aux autres reclus du Sérapéum de Memphis à une
époque de beaucoup antérieure :

«Antonin . . . étant allé se fixer près de l'embouchure canopique du Nil, se donna tout entier à ceux
qui, dans ce lieux, cherchaient la perfection. La plus saine jeunesse, celle qui désirait les choses spirituelles
et les divines inspirations de la sagesse, accourait près de lui. Le lieu saint était plein de jeunes néophites
dans le sacerdoce. Quant à lui, tout en enseignant qu'il n'était qu'un homme vivant au milieu d'autres
hommes, il prédisait ouvertement à ceux qui l'entouraient, qu'après lui ce lieu saint n'existerait plus, que
même les temples si grands et si saints de Sérapis retourneraient à l'obscurité, au chaos, et que tout ce qu'il
y avait de plus beau sur la terre serait ainsi livré à de fabuleuses et incroyables ténèbres. Le temps
prouva tout cela et justifia l'oracle. Cependant Antonin s'adonnait et s'appliquait de plus en plus au culte
des dieux et aux sacrés mystères. Bientôt, il en arriva à une étroite affinité avec le divin. Il méprisa le
corps et ce qui en dépend, donna congé à ses vaines jouissances et régla toute sa vie sur une sagesse
inconnue à la plupart des hommes . . . Tous ceux qui venaient étudier à Alexandrie arrivaient près de lui
... et quand on avait été admis à une entrevue, ceux qui lui soumettaient des problèmes philosophiques,
étaient aussitôt et abondamment remplis de la doctrine platonicienne. Quant à ceux, qui lui posaient
quelques questions sur des choses plus divines, ils ne trouvaient plus qu'une statue. Antonin ne leur répon-
dait pas un mot, mais il levait les yeux, les tenait fixés vers le ciel et demeurait immobile comme privé
des sens et de la parole.»
 
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