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Revue égyptologique — 14.1914

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Nr. 4
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Revillout, Eugène: La grammaire copte étudiée dans ses origines hiéroglyphiques et démotiques, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.12248#0145

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La grammaire copte.

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textes liturgiques ou bibliques du nouveau dialecte patriarcal. Les exemples de ce genre
sont très nombreux.

L'aspirée dure h = a = i>), proscrite par les thébains,1 qui volontairement la
confondirent avec l'aspirée douce h = ? = = jjj, aspirée dure, qui, dans tous les
dialectes démotiques même contemporains du copte, est soigneusement conservée, eut donc
droit de cité dans l'alexandrin, devenu au 7e siècle de notre ère la langue sacrée patriarcale.

En ce qui concerne la phonétique proprement dite, il faut faire une remarque très
importante (et tout-à-fait parallèle à ce que nous venons de dire en dernier lieu), à propos
d'un autre dialecte, certainement aussi localisé dans une région étrangère au cours ordinaire
du Nil, c'est-à-dire soit sur les bords de la mer rouge, soit aux oasis (puisque le Faium
avait un dialecte analogue pour la phonétique au thébain). Ce troisième dialecte, récemment
découvert et qu'on a fort mal à propos appelé akhmimique,2 possède lui aussi une aspirée
dure d'un caractère très particulier. C'est le <3 ou o, provenant de < = et qui, sous sa
forme vraie G> ou sous une forme légèrement adultérée, dont o pourrait bien être aussi
une résultante pour la partie supérieure du signe tout au moins, a été souvent employé —
nous l'avons vu — par les gnostiques magiciens, etc. dans les alphabets précurseurs de l'al-
phabet copte. Cette lettre a été considérée par Bouriant et ses disciples allemands comme
intermédiaire entre le s et le uj. C'est exact, nous le verrons, si on ne s'inspire que de cer-
taines comparaisons lexicographiques uniquement coptes. C'est entièrement faux, nous le
verrons aussi, si on veut remonter aux origines non seulement graphiques, mais encore pho-
nétiques. Or, le phonétisme d'un nouveau dialecte ne peut pas se juger par le phonôtisme
des dialectes voisins, mais par le sien propre : la seule comparaison de l'alexandrin et du
thébain suffit d'ailleurs pour le prouver, non seulement pour le * et le ç_, mais pour le oc
et le <s s'échangeant dialectalement en alexandrin en dépit d'origines assurément fort diverses,
etc. Eien ne prouve par conséquent que dans le dialecte x, considéré en lui-même, le §_ -
<3 = , c'est-à-dire toujours l'aspirée forte o — et cela jusque dans ses origines — nous
allons le démontrer tout-à-l'heure — ait eu la moindre parenté avec le uj, qui existe paral-
lèlement dans le même dialecte et ne s'échange jamais avec lui.

Je sais bien ce qu'on va m'objecter. Eu hiéroglyphes même, ® (Ich) s'échange souvent
(peut-être parfois dialectalement) avec r^vn. J'ajouterai même que la gamme de ces échanges

1 Je ne sais pas trop bien, je l'avoue, la cause de cette proscription. Faut-il la chercher dans une
sorte de scission entre la langue écrite de ces régions et la langue parlée, scission que les chrétiens auraient
voulu consacrer dans leur écriture propre? C'est bien douteux. J'y verrais plutôt une rage de la simpli-
fication, poussée beaucoup trop loin chez des réformateurs, que hantaient malgré tout la phonétique grecque,
car l'alexandrin est généralement plus doux ou, si l'on veut, moins rude que le thébain. Je donnerai pour
preuve la coutume alexandrins d'adoucir, à la grecque, dans certaines circonstances le n et le t en ç (f)
et 0 (le dernier avec le son du th anglais), tandis qu'en thébain 9 et 0 ne sont jamais que des lettres
doubles = no et to, c'est-à-dire un n ou un t, suivi d'une aspiration. J'ai grande tendance à croire
qu'en thébain le o avait une double prononciation, forte ou dure, selon l'origine, prononciation que l'usage
faisait connaître, ainsi que peut-être certaines règles spéciales de phonétisme, ignorées de nous.

2 Ce nom lui a été donné, parce que les manuscrits qui s'v réfèrent ont été découverts par Bou-
riant, etc. â Akhmim dans l'ancien monastère du prophète Senuti, l'illustre orateur, dont toutes les œuvres
sont en thébain, ainsi d'ailleurs qu'une multitude de manuscrits du même monastère. Par la même raison
on pourrait dire que la langue générale de sa cité était le syriaque, parce qu'on y a trouvé beaucoup de
manuscrits syriaques, apportés par certains moines syriens d'origine.

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