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effet, que M. Eugène Bore retrouve «à Test de Siw as, après avoir traversé l'Adi-Sou, qui vient
de l'ouest et va se jeter dans le Kizil-Irmak. La route continue entre ces deux rivières
rapides et d'égale largeur, côtoie quelques lacs, et aboutit à une vallée spacieuse, où
Ton trouve le Kizil-Irmak seul, baignant la petite ville turco-arménienne de Zara ; là ,
se mêlent les deux sources principales du fleuve, dont l'une s'est trouvée sur la
route du voyageur à deux lieues plus loin au-dessus du village de Quaila-Kaïa. La
montagne qui donne naissance à fHalys est appelée Quouzé-Dagh, laquelle dépend de
l'ancien Olygassus, que les Turcs appellent Olgouz-Dagh. Le fleuve suit une direction
générale au sud-sud-ouest, jusqu'à ce qu'il atteigne les contre-forts du plateau deCésarée.
Il redresse alors son cours directement vers l'ouest, à travers le pays appelé par les Grecs
Champ de Sainte - Hélène, Kàprcoç -ri)? ayiaç ÈXsvtiç. C'est en ce point que j'ai joint le fleuve
en revenant du royaume de Pont. Son cours depuis Zara jusqu'en ce lieu est estimé par
les caravaneurs turcs à quarante heures de marche environ.
Je franchis l'Halys sur un pont de dix arches, appelé dans le pays, Tchock-Gheuze
Kouprou-Sou (le pont à beaucoup d'yeux). Cette construction, qui remonte à la dernière
période du moyen âge, n'a pas cependant de caractère bien accusé, et le plein cintre,
employé dans la construction des arches, indiquerait plutôt une époque beaucoup plus
ancienne. Les arches sont en pierre volcanique, et les remplissages sont en tuf rouge, qui
lui donne de loin l'apparence d'une construction de briques. Ici, le fleuve est profondé-
ment encaissé dans une vallée basaltique qui présente des phénomènes très-variés. La
plus grande partie des prismes repose sur un tuf très-tendre, de couleur grisâtre, et qui
renferme de nombreux fragments d'une sorte de pierre ponce. La hauteur des prismes
de basalte forme à peu près les deux tiers de la montagne; le troisième tiers se com-
pose de deux bancs de tuf, l'un gris clair, l'autre noir, et dont la dureté est à peu
près égale. Les prismes de basalte sont d'un volume médiocre : on voit qu'ils tendent à
la forme hexaèdre, mais ils ne sont pas réguliers : les uns sont tournés sur eux-mêmes,
de manière que leur arête forme une spirale; les autres sont déprimés et comme écrasés,
mais leurs angles sont toujours saillants. Le fleuve en coulant mine insensiblement la
base de tuf sur laquelle reposent les basaltes qui se détachent de la montagne, qui dans
son état actuel présente des parois parfaitement verticales.
Dans une vallée, ou plutôt un enfoncement attenant à la montagne, on aperçoit une
variété de cette formation cristalline-qui est très-remarquable. Ici les prismes ne sont pas
parallèles entre eux, ni dans la position verticale; ils se présentent au contraire comme
rayonnant d'un centre unique, et ils sont imbriqués les uns sur les autres. Leur forme
n'est pas régulière, mais ils affectent particulièrement celle d'un fuseau aplati. Malgré la
régularité qu'ils présentent en certains endroits, on y reconnaît toujours le principe
de cristallisation rayonnante, et la surface du rocher n'en conserve pas moins la posi-
tion verticale. Le fleuve, traversant de part en part toutes ces formations, semble s'être
créé un lit nouveau par suite des éruptions de laves liquides qui ont obstrué la vallée
par laquelle il débouchait dans la plaine; c'est par là que les eaux trouvaient leur issue
avant que la surface du sol eût changé d'aspect.
Toutes les éruptions qui ont eu lieu dans cet endroit se rapportent à trois époques
distinctes, et cette observation est vraie pour tous les terrains que l'on remarque dans
la plaine de Césarée. Quelle que soit la dureté des roches intermédiaires qu'on y observe,
la fusion pâteuse, analogue à celle des laves du Vésuve, ou la cristallisation trachytique
des volcans plus anciens, elles reposent toutes sur un lit de tuf d'un gris violacé, renfer-
mant des ponces noires, et une multitude de petites aiguilles cristallines, qui sont du py-
effet, que M. Eugène Bore retrouve «à Test de Siw as, après avoir traversé l'Adi-Sou, qui vient
de l'ouest et va se jeter dans le Kizil-Irmak. La route continue entre ces deux rivières
rapides et d'égale largeur, côtoie quelques lacs, et aboutit à une vallée spacieuse, où
Ton trouve le Kizil-Irmak seul, baignant la petite ville turco-arménienne de Zara ; là ,
se mêlent les deux sources principales du fleuve, dont l'une s'est trouvée sur la
route du voyageur à deux lieues plus loin au-dessus du village de Quaila-Kaïa. La
montagne qui donne naissance à fHalys est appelée Quouzé-Dagh, laquelle dépend de
l'ancien Olygassus, que les Turcs appellent Olgouz-Dagh. Le fleuve suit une direction
générale au sud-sud-ouest, jusqu'à ce qu'il atteigne les contre-forts du plateau deCésarée.
Il redresse alors son cours directement vers l'ouest, à travers le pays appelé par les Grecs
Champ de Sainte - Hélène, Kàprcoç -ri)? ayiaç ÈXsvtiç. C'est en ce point que j'ai joint le fleuve
en revenant du royaume de Pont. Son cours depuis Zara jusqu'en ce lieu est estimé par
les caravaneurs turcs à quarante heures de marche environ.
Je franchis l'Halys sur un pont de dix arches, appelé dans le pays, Tchock-Gheuze
Kouprou-Sou (le pont à beaucoup d'yeux). Cette construction, qui remonte à la dernière
période du moyen âge, n'a pas cependant de caractère bien accusé, et le plein cintre,
employé dans la construction des arches, indiquerait plutôt une époque beaucoup plus
ancienne. Les arches sont en pierre volcanique, et les remplissages sont en tuf rouge, qui
lui donne de loin l'apparence d'une construction de briques. Ici, le fleuve est profondé-
ment encaissé dans une vallée basaltique qui présente des phénomènes très-variés. La
plus grande partie des prismes repose sur un tuf très-tendre, de couleur grisâtre, et qui
renferme de nombreux fragments d'une sorte de pierre ponce. La hauteur des prismes
de basalte forme à peu près les deux tiers de la montagne; le troisième tiers se com-
pose de deux bancs de tuf, l'un gris clair, l'autre noir, et dont la dureté est à peu
près égale. Les prismes de basalte sont d'un volume médiocre : on voit qu'ils tendent à
la forme hexaèdre, mais ils ne sont pas réguliers : les uns sont tournés sur eux-mêmes,
de manière que leur arête forme une spirale; les autres sont déprimés et comme écrasés,
mais leurs angles sont toujours saillants. Le fleuve en coulant mine insensiblement la
base de tuf sur laquelle reposent les basaltes qui se détachent de la montagne, qui dans
son état actuel présente des parois parfaitement verticales.
Dans une vallée, ou plutôt un enfoncement attenant à la montagne, on aperçoit une
variété de cette formation cristalline-qui est très-remarquable. Ici les prismes ne sont pas
parallèles entre eux, ni dans la position verticale; ils se présentent au contraire comme
rayonnant d'un centre unique, et ils sont imbriqués les uns sur les autres. Leur forme
n'est pas régulière, mais ils affectent particulièrement celle d'un fuseau aplati. Malgré la
régularité qu'ils présentent en certains endroits, on y reconnaît toujours le principe
de cristallisation rayonnante, et la surface du rocher n'en conserve pas moins la posi-
tion verticale. Le fleuve, traversant de part en part toutes ces formations, semble s'être
créé un lit nouveau par suite des éruptions de laves liquides qui ont obstrué la vallée
par laquelle il débouchait dans la plaine; c'est par là que les eaux trouvaient leur issue
avant que la surface du sol eût changé d'aspect.
Toutes les éruptions qui ont eu lieu dans cet endroit se rapportent à trois époques
distinctes, et cette observation est vraie pour tous les terrains que l'on remarque dans
la plaine de Césarée. Quelle que soit la dureté des roches intermédiaires qu'on y observe,
la fusion pâteuse, analogue à celle des laves du Vésuve, ou la cristallisation trachytique
des volcans plus anciens, elles reposent toutes sur un lit de tuf d'un gris violacé, renfer-
mant des ponces noires, et une multitude de petites aiguilles cristallines, qui sont du py-