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M. Ainsworth a poussé ses investigations au delà du petit bassin des eaux qui pren-
nent naissance aux environs de Césarée, et qui se rendent dans PHalys ; il a exploré avec
soin, ainsi que nous en avions exprimé le désir, le cours supérieur du Tokma-Sou jusqu'à
ses sources, afin de bien constater remplacement de l'origine de cette vallée que l'on
avait toujours prise, jusqu'à notre voyage de i83i, pour celle du Mêlas de Strabon,
opinion que M. Texier n'abandonnait pas, malgré nos observations et celles de M. W.
Hamilton. Cette partie de l'itinéraire de M. Ainsworth (,) place la source du Tokma-
Sou à 70 milles anglais (en ligne droite) à l'est de Césarée, et au pied d'une monta-
gne appelée Geuk-Dili; son embouchure dans l'Euphrate est à 9 milles anglais à l'est-
nord-est de Malathia. Celte rivière ne peut donc pas être prise pour le Mêlas de Strabon,
car elle ne remplit pas une des principales conditions exprimées dans le texte du géo-
graphe grec. Nous avions déjà mis ce point hors de doute dans notre première discus-
sion; mais la nouvelle exploration de M. Ainsworth donne encore plus de force à ce
résultat.
Voici maintenant les observations particulières du voyageur anglais sur le Mêlas (2) :
« Avant de quitter Malathia, il est bon de remarquer que deux rivières semblent avoir
« été confondues par les anciens sous le nom de Mêlas. La rivière qui sort du versant
« de l'Argée à 40 stades de Césarée, et qui par la rupture de ses digues inonda les terres
« des Galates, peut difficilement avoir élé le Tokma-Sou, à moins que les Galates n'eus-
« sent un établissement sur cette dernière rivière; c'était plutôt le Kara-Sou. Cependant
« Strabon assure en même temps que le Mêlas se rend dans l'Euphrate à travers la
« petite Arménie; et il est généralement admis que le même fleuve donne son nom à la
« province de Gappadoce appelée Mélitène et à la ville du même nom. qui, comme
« station romaine, n'était d'abord qu'un camp devenu ensuite la capitale de la province.
« C'est sans doute à cause de cette circonstance que d'Anville et Rennell ont supposé
ce tous deux que le Mêlas traversait la ville de Malathia. »
Ces réflexions de M. Ainsworth, rapprochées de l'idée exprimée plus haut, que
M. Texier partage, avec M. W. Hamilton et nous, l'opinion que le Kara-Sou est le Mêlas
de Strabon, nous font craindre que notre premier article sur cette question ne lui soit
pas parvenu, malgré l'envoi que la Société lui en a fait à Constantinople. Il n'aurait en
effet ignoré, sans cela, ni notre divergence d'opinion avec M. Texier, ni les preuves que
nous avons données de l'identité du Mêlas de Strabon avec le Kara-Sou des Turcs, et de
l'impossibilité de confondre cette rivière avec le Tokma-Sou, quoique le géographe grec
dise positivement qu'elle se jette dans TEuphrate. Nous avons démontré d'ailleurs que la
correction du texte grec proposée d'abord par M. Falconer et ensuite par M. W. Hamilton,
est non-seulement justifiée par la circonstance de l'inondation des terres des Galates ,
qui serait inexplicable sans le remplacement du mot Euphrate parle mot Halys, mais
encore par l'état géographique des lieux. Les faits observés par M. Ainsworth viennent
eux-mêmes à l'appui de ce que nous avons avancé dans notre premier article, et ne nous
semblent pas de nature à laisser le moindre doute sur l'identité du Mêlas avec le Kara-
Sou ; il est vrai que M. Ainsworth croit plutôt à cette identité qu'à celle du Mêlas avec
le Tokma-Sou; mais ses réflexions montrent cependant une certaine hésitation, dont nous
n'apercevons pas la cause. Il suppose aussi à tort que les anciens ont confondu deux ri-
vières sous le nom de Mêlas. Strabon et Ptolémée sont les seuls qui parlent de cette
(,) Bulletin de la Société de Géographie de Londres, (%) Id. page 3aa.
foin. X, 316.
M. Ainsworth a poussé ses investigations au delà du petit bassin des eaux qui pren-
nent naissance aux environs de Césarée, et qui se rendent dans PHalys ; il a exploré avec
soin, ainsi que nous en avions exprimé le désir, le cours supérieur du Tokma-Sou jusqu'à
ses sources, afin de bien constater remplacement de l'origine de cette vallée que l'on
avait toujours prise, jusqu'à notre voyage de i83i, pour celle du Mêlas de Strabon,
opinion que M. Texier n'abandonnait pas, malgré nos observations et celles de M. W.
Hamilton. Cette partie de l'itinéraire de M. Ainsworth (,) place la source du Tokma-
Sou à 70 milles anglais (en ligne droite) à l'est de Césarée, et au pied d'une monta-
gne appelée Geuk-Dili; son embouchure dans l'Euphrate est à 9 milles anglais à l'est-
nord-est de Malathia. Celte rivière ne peut donc pas être prise pour le Mêlas de Strabon,
car elle ne remplit pas une des principales conditions exprimées dans le texte du géo-
graphe grec. Nous avions déjà mis ce point hors de doute dans notre première discus-
sion; mais la nouvelle exploration de M. Ainsworth donne encore plus de force à ce
résultat.
Voici maintenant les observations particulières du voyageur anglais sur le Mêlas (2) :
« Avant de quitter Malathia, il est bon de remarquer que deux rivières semblent avoir
« été confondues par les anciens sous le nom de Mêlas. La rivière qui sort du versant
« de l'Argée à 40 stades de Césarée, et qui par la rupture de ses digues inonda les terres
« des Galates, peut difficilement avoir élé le Tokma-Sou, à moins que les Galates n'eus-
« sent un établissement sur cette dernière rivière; c'était plutôt le Kara-Sou. Cependant
« Strabon assure en même temps que le Mêlas se rend dans l'Euphrate à travers la
« petite Arménie; et il est généralement admis que le même fleuve donne son nom à la
« province de Gappadoce appelée Mélitène et à la ville du même nom. qui, comme
« station romaine, n'était d'abord qu'un camp devenu ensuite la capitale de la province.
« C'est sans doute à cause de cette circonstance que d'Anville et Rennell ont supposé
ce tous deux que le Mêlas traversait la ville de Malathia. »
Ces réflexions de M. Ainsworth, rapprochées de l'idée exprimée plus haut, que
M. Texier partage, avec M. W. Hamilton et nous, l'opinion que le Kara-Sou est le Mêlas
de Strabon, nous font craindre que notre premier article sur cette question ne lui soit
pas parvenu, malgré l'envoi que la Société lui en a fait à Constantinople. Il n'aurait en
effet ignoré, sans cela, ni notre divergence d'opinion avec M. Texier, ni les preuves que
nous avons données de l'identité du Mêlas de Strabon avec le Kara-Sou des Turcs, et de
l'impossibilité de confondre cette rivière avec le Tokma-Sou, quoique le géographe grec
dise positivement qu'elle se jette dans TEuphrate. Nous avons démontré d'ailleurs que la
correction du texte grec proposée d'abord par M. Falconer et ensuite par M. W. Hamilton,
est non-seulement justifiée par la circonstance de l'inondation des terres des Galates ,
qui serait inexplicable sans le remplacement du mot Euphrate parle mot Halys, mais
encore par l'état géographique des lieux. Les faits observés par M. Ainsworth viennent
eux-mêmes à l'appui de ce que nous avons avancé dans notre premier article, et ne nous
semblent pas de nature à laisser le moindre doute sur l'identité du Mêlas avec le Kara-
Sou ; il est vrai que M. Ainsworth croit plutôt à cette identité qu'à celle du Mêlas avec
le Tokma-Sou; mais ses réflexions montrent cependant une certaine hésitation, dont nous
n'apercevons pas la cause. Il suppose aussi à tort que les anciens ont confondu deux ri-
vières sous le nom de Mêlas. Strabon et Ptolémée sont les seuls qui parlent de cette
(,) Bulletin de la Société de Géographie de Londres, (%) Id. page 3aa.
foin. X, 316.