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https://doi.org/10.11588/diglit.4676#0108
( '"6 )
NIGDÉ.
Nigdé a été longtemps regardée comme ayant succédé à l'ancienne Tyane. La distance
entre ces deux villes est seulement de trois lieues; on compte sur les cartes anciennes
seize milles d'Andavilis à Tyane. Nigdé est à trois milles sud-ouest de la première de
ces places. On n'observe dans l'enceinte de Nigdé aucun débris d'architecture antique,
tandis que les monuments musulmans y sont nombreux, et d'après le style, on peut les
regarder comme contemporains de ceux que nous avons décrits, c'est-à-dire de la pé-
riode du xme au xve siècle.
Un château, aujourd'hui en ruine, couronne une éminence, autour de laquelle la ville
est bâtie. Toutes les habitations sont groupées sur les bords d'un ruisseau, et entourées
de jardins. Plusieurs faubourgs, qui sont comptés comme des villages séparés, occupent
les collines environnantes. L'un d'eux, appelé Kaïa-Bachi (tête du rocher), est re-
nommé par des sépultures seldjoukides, qui offrent un grand intérêt par le mélange
d'art arménien et arabe. Dans l'intérieur de la ville, j'ai également observé les ruines
d'une mosquée du xve siècle de notre ère, et un médrécé qui aurait mérité une des-
cription détaillée; mais la saison avançait, et mille circonstances, au nombre desquelles
je dois bien compter les fatigues et les privations que j'éprouvais depuis huit mois,
me forçaient de songer à me rapprocher des pays plus praticables.
Le médrécé est bâti sur le même plan que tous les édifices de ce genre; il est
remarquable, en ce que la façade est ornée, au premier étage, d'une loge ou por-
tique , avec des colonnes de marbre blanc et des chapiteaux arabes, supportant des
arcades mauresques. La porte, disposée comme celle de la mosquée de Césarée, est sur-
montée d'une niche en pendentif, couronnée d'encorbellements ornés de coques. L'in-
térieur est occupé par une cour carrée ayant sur chacun de ses côtés un portique de
trois arcades qui communiquent à autant de chambres pour les softas. La décoration
intérieure se compose de méandres ou bâtons rompus, comme le couronnement du
tombeau de Houen. Une frise d'ornements très - élégants règne sous le portique, au
rez-de-chaussée et au premier étage. J'ai relevé les plans et les coupes de cet édifice;
mais le temps m'ayant manqué pour recueillir les ornements, je n'ai pas cru devoir le
publier.
L'histoire de Nigdé se rattache à celle de la plupart des petites villes de ces cantons,
qui formaient le chef-lieu des possessions de tous ces émirs, tantôt révoltés et indépen-
dants, tantôt soumis aux sultans turcs ou seldjoukides. Le château offrait un refuge
assuré aux chefs qui cherchaient à se soustraire à l'autorité des sultans. En 1460, Issak
Pacha, gouverneur de la Garamanie pour Mahomet II, fît construire les murailles de
la ville, et tenta d'établir un gouvernement indépendant. Les projets du sultan attiraient
toute son attention vers les affaires de Roumélie, Gonstantinople était tombé entre ses
mains depuis quelques années; il fit peu d'attention à la révolte d'un vassal, qu'il
devait réduire à la première tentative. Issak Pacha conserva le pouvoir pendant plu-
sieurs années, et finit par payer un tribut au sultan.
NIGDÉ.
Nigdé a été longtemps regardée comme ayant succédé à l'ancienne Tyane. La distance
entre ces deux villes est seulement de trois lieues; on compte sur les cartes anciennes
seize milles d'Andavilis à Tyane. Nigdé est à trois milles sud-ouest de la première de
ces places. On n'observe dans l'enceinte de Nigdé aucun débris d'architecture antique,
tandis que les monuments musulmans y sont nombreux, et d'après le style, on peut les
regarder comme contemporains de ceux que nous avons décrits, c'est-à-dire de la pé-
riode du xme au xve siècle.
Un château, aujourd'hui en ruine, couronne une éminence, autour de laquelle la ville
est bâtie. Toutes les habitations sont groupées sur les bords d'un ruisseau, et entourées
de jardins. Plusieurs faubourgs, qui sont comptés comme des villages séparés, occupent
les collines environnantes. L'un d'eux, appelé Kaïa-Bachi (tête du rocher), est re-
nommé par des sépultures seldjoukides, qui offrent un grand intérêt par le mélange
d'art arménien et arabe. Dans l'intérieur de la ville, j'ai également observé les ruines
d'une mosquée du xve siècle de notre ère, et un médrécé qui aurait mérité une des-
cription détaillée; mais la saison avançait, et mille circonstances, au nombre desquelles
je dois bien compter les fatigues et les privations que j'éprouvais depuis huit mois,
me forçaient de songer à me rapprocher des pays plus praticables.
Le médrécé est bâti sur le même plan que tous les édifices de ce genre; il est
remarquable, en ce que la façade est ornée, au premier étage, d'une loge ou por-
tique , avec des colonnes de marbre blanc et des chapiteaux arabes, supportant des
arcades mauresques. La porte, disposée comme celle de la mosquée de Césarée, est sur-
montée d'une niche en pendentif, couronnée d'encorbellements ornés de coques. L'in-
térieur est occupé par une cour carrée ayant sur chacun de ses côtés un portique de
trois arcades qui communiquent à autant de chambres pour les softas. La décoration
intérieure se compose de méandres ou bâtons rompus, comme le couronnement du
tombeau de Houen. Une frise d'ornements très - élégants règne sous le portique, au
rez-de-chaussée et au premier étage. J'ai relevé les plans et les coupes de cet édifice;
mais le temps m'ayant manqué pour recueillir les ornements, je n'ai pas cru devoir le
publier.
L'histoire de Nigdé se rattache à celle de la plupart des petites villes de ces cantons,
qui formaient le chef-lieu des possessions de tous ces émirs, tantôt révoltés et indépen-
dants, tantôt soumis aux sultans turcs ou seldjoukides. Le château offrait un refuge
assuré aux chefs qui cherchaient à se soustraire à l'autorité des sultans. En 1460, Issak
Pacha, gouverneur de la Garamanie pour Mahomet II, fît construire les murailles de
la ville, et tenta d'établir un gouvernement indépendant. Les projets du sultan attiraient
toute son attention vers les affaires de Roumélie, Gonstantinople était tombé entre ses
mains depuis quelques années; il fit peu d'attention à la révolte d'un vassal, qu'il
devait réduire à la première tentative. Issak Pacha conserva le pouvoir pendant plu-
sieurs années, et finit par payer un tribut au sultan.