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victoire du Gran i que, Alexandre s'empara de Cyzique, et joignit Pile à la terre ferme
par (ieux ponts (,).
Le gouvernement de cette ville était pour les anciens un objet d'admiration conti-
nuelle : le luxe de ses édifices, la richesse de ses ports la plaçaient au premier rang des
métropoles de l'Asie. Cyzique, ville noble par sa citadelle, ses murailles, son port et
ses tours de marbre, fait honneur à la côte d'Asie (2). Son administration ressemblait à
celle des Rhodiens et des Marseillais; le soin de ses principaux bâtiments était remis entre
les mains de trois architectes qui avaient l'intendance des armes, des machines et des
greniers. Après la mort d'Alexandre, elle tomba sous le pouvoir des rois de Pergame;
mais elle conserva ses privilèges et son gouvernement, et les marbres nombreux qui sont
parvenus jusqu'à nous nous font connaître en détail toutes les magistratures qui compo-
saient son administration. Le gouvernement était entre les mains du sénat et du peuple;
et pour suivre les coutumes d'Athènes, première métropole des Cyzicéniens, le peuple
s'était divisé en six tribus, dont quatre portaient les noms des tribus athéniennes, les
Géléontes, les OEnopes, les Argades, les Hoplètes, les iEgicores et les Bores; elles par-
venaient successivement, dans des temps réglés, au gouvernement et à la Prytanie (3).
Dans le principe, les habitants de Cyzique supputèrent le temps d'après l'année ionienne,
divisée en mois lunaires; un peu plus tard ils prirent l'année macédonienne, et finirent
par adopter l'année solaire des Romains. On remarque dans leurs mois plusieurs noms
identiques avec les noms des mois athéniens. On pense que l'année des Grecs asia-
tiques commençait à 1 equinoxe d'automne. L'année civile de Cyzique était composée de
mois ioniens, athéniens et macédoniens, et de quelques autres qui lui étaient particu-
liers.
Indépendamment des corps du sénat et du peuple, la ville de Cyzique avait plusieurs ma-
gistrats dont les noms étaient communs avec plusieurs autres villes de l'Asie. Les fastes
se comptaient à partir de l'époque de leur entrée en charge ; ces magistrats étaient les Pry-
tanes, dont le collège était de six cents membres élus à tour de rôle dans toutes les
tribus qui, dans le cours de l'année, arrivaient successivement à la Prytanie. On sait,
d'après une inscription, que cinquante Prytanes étaient en fonctions dans un mois. En
sortant de ce collège, les Prytanes passaient dans celui des Callies, magistrature qui est
particulière à la ville de Cyzique. Les Callies étaient aussi au nombre de six cents. Cha-
que collège était présidé par un archonte qui prenait le titre d'Épistate, et quelquefois de
Boularque, ainsi que le témoigne une inscription. Les Phylarques, présidents de tribus;
lAsiarque, chargé de présider aux jeux communs de l'Asie; le Grammateus ou chance-
lier étaient des charges que l'on retrouve dans les monuments de la plupart des villes
asiatiques. Mais ici les souvenirs d'Athènes sont plus nombreux que dans aucune autre
colonie Tel était le système d'administration au moment où éclata la guerre de Mithridate.
Ce prince attachait une importance extrême à se rendre maître d'une ville et d'un
port qui commandaient l'Hellespont et tout le pays mysien. Il arriva à Pimproviste de-
vant la ville avec une armée de cent cinquante mille fantassins et une nombreuse cava-
lerie et occupa d'abord la montagne Adrastée, située en face de la ville, là où est
situé le temple d'Adrastée (4). Ce monument est également mentionné par Strabon (5),
et d'après ses paroles on pourrait croire qu'il était, sinon dans la ville même, du moins
<»> Pline, ch. XXXII. W ^*™h- * Lu™"°
<»Florus, 111,5. «XIH.aM.
(3) Caylus, marbres de Cyzique, t. II, 241-
victoire du Gran i que, Alexandre s'empara de Cyzique, et joignit Pile à la terre ferme
par (ieux ponts (,).
Le gouvernement de cette ville était pour les anciens un objet d'admiration conti-
nuelle : le luxe de ses édifices, la richesse de ses ports la plaçaient au premier rang des
métropoles de l'Asie. Cyzique, ville noble par sa citadelle, ses murailles, son port et
ses tours de marbre, fait honneur à la côte d'Asie (2). Son administration ressemblait à
celle des Rhodiens et des Marseillais; le soin de ses principaux bâtiments était remis entre
les mains de trois architectes qui avaient l'intendance des armes, des machines et des
greniers. Après la mort d'Alexandre, elle tomba sous le pouvoir des rois de Pergame;
mais elle conserva ses privilèges et son gouvernement, et les marbres nombreux qui sont
parvenus jusqu'à nous nous font connaître en détail toutes les magistratures qui compo-
saient son administration. Le gouvernement était entre les mains du sénat et du peuple;
et pour suivre les coutumes d'Athènes, première métropole des Cyzicéniens, le peuple
s'était divisé en six tribus, dont quatre portaient les noms des tribus athéniennes, les
Géléontes, les OEnopes, les Argades, les Hoplètes, les iEgicores et les Bores; elles par-
venaient successivement, dans des temps réglés, au gouvernement et à la Prytanie (3).
Dans le principe, les habitants de Cyzique supputèrent le temps d'après l'année ionienne,
divisée en mois lunaires; un peu plus tard ils prirent l'année macédonienne, et finirent
par adopter l'année solaire des Romains. On remarque dans leurs mois plusieurs noms
identiques avec les noms des mois athéniens. On pense que l'année des Grecs asia-
tiques commençait à 1 equinoxe d'automne. L'année civile de Cyzique était composée de
mois ioniens, athéniens et macédoniens, et de quelques autres qui lui étaient particu-
liers.
Indépendamment des corps du sénat et du peuple, la ville de Cyzique avait plusieurs ma-
gistrats dont les noms étaient communs avec plusieurs autres villes de l'Asie. Les fastes
se comptaient à partir de l'époque de leur entrée en charge ; ces magistrats étaient les Pry-
tanes, dont le collège était de six cents membres élus à tour de rôle dans toutes les
tribus qui, dans le cours de l'année, arrivaient successivement à la Prytanie. On sait,
d'après une inscription, que cinquante Prytanes étaient en fonctions dans un mois. En
sortant de ce collège, les Prytanes passaient dans celui des Callies, magistrature qui est
particulière à la ville de Cyzique. Les Callies étaient aussi au nombre de six cents. Cha-
que collège était présidé par un archonte qui prenait le titre d'Épistate, et quelquefois de
Boularque, ainsi que le témoigne une inscription. Les Phylarques, présidents de tribus;
lAsiarque, chargé de présider aux jeux communs de l'Asie; le Grammateus ou chance-
lier étaient des charges que l'on retrouve dans les monuments de la plupart des villes
asiatiques. Mais ici les souvenirs d'Athènes sont plus nombreux que dans aucune autre
colonie Tel était le système d'administration au moment où éclata la guerre de Mithridate.
Ce prince attachait une importance extrême à se rendre maître d'une ville et d'un
port qui commandaient l'Hellespont et tout le pays mysien. Il arriva à Pimproviste de-
vant la ville avec une armée de cent cinquante mille fantassins et une nombreuse cava-
lerie et occupa d'abord la montagne Adrastée, située en face de la ville, là où est
situé le temple d'Adrastée (4). Ce monument est également mentionné par Strabon (5),
et d'après ses paroles on pourrait croire qu'il était, sinon dans la ville même, du moins
<»> Pline, ch. XXXII. W ^*™h- * Lu™"°
<»Florus, 111,5. «XIH.aM.
(3) Caylus, marbres de Cyzique, t. II, 241-