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dans l'antiquité cette place n'était éloignée de la mer que de douze stades; on reconnaît
encore aujourd'hui le point de jonction des deux fleuves à un affaissement de terrain
assez sensible; bien plus, des voyageurs attestent que dans la saison pluvieuse le nouveau
canal déverse une partie de ses eaux dans l'ancien lit du Scamandre. Quelques auteurs
se sont appuyés sur un passage de Pline, qui cite le vieux Scamandre (Palae-Scamander),
pour supposer que ce canal était antérieur à l'époque romaine, et font remonter à la
séparation des deux affluents la transposition de noms qui a trompé les écrivains de l'anti-
quité. Hérodote lui-même semble avoir confondu les deux fleuves en parlant du passage
de Xercès et de son armée dans la plaine de Troie. La plupart des critiques conviennent
que tout ce qui est relatif à ce passage se rapporte à la ville d'Ilium Recens, et non pas
à l'ancienne Troie, qui était ruinée et déserte.

A partir des sources du Scamandre, la colline sur laquelle est bâti le village de Bounar-
Bachi s'élève par une pente rapide jusqu'à une hauteur de plus de cent mètres au-des-
sus du cours du Simoïs. Les rochers sont à pic du côté de la vallée, et forment une dé-
fense naturelle. Voilà l'emplacement d'Hion, reconnu d'un commun accord par tous les
critiques. Il n'est aucune partie de ce terrain accidenté qui ne réponde parfaitement à
toutes les descriptions d'Homère. Cette découverte de Lechevalier, la plus importante sans
contredit de toutes celles que les voyageurs européens aient pu faire sur le continent
de l'Asie Mineure, a été complétée quelques années plus tard par M. Mauduit, qui a re-
trouvé sur le Pergama des vestiges importants de murailles et d'escaliers. Plusieurs assises
de murailles subsistent encore, et sont appareillées dans le style que les Grecs appelaient
pseudisodomon, c'est-à-dire dont les lits étaient horizontaux et les joints obliques. J'ai
retrouvé le même appareil dans les ruines de Sipylus qui, dans mon opinion, appar-
tiennent à la même période archaïque.

La connaissance du bassin des sources permet de déterminer la situation de la colline
Erinéos et des parties basses de la ville, qui se trouvait assise sur une déclivité regar-
dant le IS.-O.

C'est en suivant le contour du rocher du côté de l'E. et du S.-E. que M. Mauduit re-
trouva environ ioo mètres de fondations de murs ayant trois ou quatre assises de hau-
teur, et quelques-unes de trente ou quarante centimètres. Plus loin il reconnaît, sur une
sorte d'éperon formé par le rocher, une rampe pratiquée dans la roche, et qui descend
en serpentant jusqu'au bord du fleuve. Toute cette partie du système de défense, qui
n'a point encore disparu, est tout à fait conforme à ce qu'on observe dans les fortifica-
tions des plus anciennes villes. Partout, indépendamment des portes principales, on re-
trouve des poternes communiquant presque toujours avec des souterrains, et qui permet-
taient d'introduire dans la ville ou d'en faire sortir des denrées ou des émissaires. Les
détails donnés par M. Mauduit sont extrêmement intéressants; il est à désirer qu'un jour
prochain la science archéologique puisse avoir des documents plus complets que n'a pu
en fournir un artiste isolé, et que les recherches se prolongent non-seulement dans le
pourtour du rocher, mais encore fassent connaître la structure intérieure des tertres du
Pergama et de la plaine.

En suivant le cours du Scamandre on arrive, après deux heures de marche, au village
de Udjek-Keui, situé sur une colline, et de là on aperçoit un des plus grands tumulus
de la plaine, désigné par les Turcs sous le nom de Udjek-Tepé. C'est là que M. de Choi-
seul place le tombeau d'Ilus, et par conséquent le Throsmos, colline célèbre dans l'Iliade.
Lechevalier opine pour transporter plus au nord la colline et le tombeau; mais puisqu'on
est obligé d'admettre, à l'époque troyenne, un golfe près du cap Sigée, en suivant son
 
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