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pas (l). » Un peu au delà du porl, les voyageurs virent divers tombeaux de marbre,
avec la tète d'Apollon sur quelques-uns, et sur les autres des boucliers.

Le Grand Seigneur Mahomet IV (1693) fit enlever d'Alexandrie une grande quantité
de colonnes pour orner la cour intérieure de la mosquée de Validé sultane, sa mère.
On y remarque les marbres les plus précieux, entre autres ce jaspe varié qui est
appelé par les lapidaires brèche universelle d'Egypte. Ces deux colonnes, d'un prix
inestimable, sont placées à droite et à gauche de l'entrée de la mosquée. Il est pro-
bable que c'est à cette époque qu'on a traîné près du port les deux grandes colonnes
de granit de dix mètres de fût. L'une est parfaitement intacte; mais l'autre est brisée en
trois morceaux. Il semble que la rupture d'une des deux colonnes a motivé l'abandon
de l'autre ; cette dernière attire les regards de tous les voyageurs. Il est fâcheux de
voir un si beau monument enseveli sous les buissons, quand on pourrait à peu de
frais en faire l'ornement d'une place publique.

Pendant plus de vingt années, les marbriers turcs ont été installés dans ces ruines,
pour fabriquer des boulets de marbre : aussi ne reste-t-il plus un seul morceau de cette
matière.

Spon et Wheler ont observé un canal long, étroit et profond, par lequel les barques
étaient conduites jusqu'à la ville. Aujourd'hui il n'y a plus d'apparence de cet ouvrage.
Ils y observèrent un théâtre, des fondements de temples et de palais, et un petit temple
rond avec une corniche de marbre en dedans. Ils recueillirent quelques inscriptions
romaines. Les monuments de l'époque grecque, et surtout des successeurs d'Alexandre,
commençaient à devenir rares.

Le 25 février i835, je vins pour la troisième fois mouiller sur la côte de Troie,
pour observer en détail les ruines d'Alexandria Troas, et tenter de lever un plan
général de la ville.

La goélette la Mésange mouilla dans le voisinage de l'ancien porl; mais cette station,
exposée à tous les vents du large, ne pouvait être que de peu de durée.

Nous nous hâtâmes de descendre à terre; et nous pûmes nous assurer que les diffi-
cultés qu'ont rencontrées les autres voyageurs pour lever le plan de la ville ne sont
point exagérées. Une forêt de chênes occupe toute l'étendue des ruines; des arbres vigou-
reux croissent dans les interstices des pierres, et des buissons inextricables couvrent
toute l'étendue du sol.

Le port, vers lequel je me dirigeai d'abord, était composé de deux bassins, l'un
pour les bâtiments, l'autre pour le radoub. Les dispositions de cet établissement ma-
ritime m'ont paru avoir été prises avec un certain art, comme dans la plupart des
ports romains. Deux môles, dont les vestiges existent encore, s'étendaient vers le large;
ils étaient couverts de portiques, et l'on voit encore les demi-colonnes destinées à amar-
rer les navires. Ces môles sont en blocage; les revêtements ont sans doute disparu.
Au fond de ce premier bassin est une large ouverture qui conduisait dans la darce;
mais les broussailles épaisses qui l'entourent ne permettent pas de reconnaître les traces
des remises des galères, des magasins et des autres dispositions usitées dans les ports

anciens.

Pour entrer dans la ville, nous suivîmes la ligne des murailles, qui sont construites en
grands blocs de calcaire coquillier avec des blocages de béton dans l'intérieur. De dis-
tance en distance, il y avait des tours carrées de même construction; mais elles sont
presque toutes ruinées jusqu'au niveau du sol.

(l) Spon et Wheler, Voyages.
 
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