DE M. DE VOLTAIRE. 555
plongé dans la physique. La nature est furieusement ——
déroutée depuis que j’ai coupé des têtes à des coli-
maçons, et que j’ai vu ces têtes revenir. Depuis
Sc Denis y on n’avait jamais rien vu de plus mirifique.
Cette expérience me porte fort à croire que nous ne
Lavons rien du tout des premiers principes, et que
le plus sage est celui qui le réjouit le plus.
On ne peut vous être plus tendrement dévoué
que le mort V.
LETTRE CCCXL
AM. LE COMTE DE ROCHEFORT.
2 de novembre.
IL’enterre resiuscite un moment, TVTonsieur, pour
vous dire que , s’il vivait une éternité , il vous aime-
rait pendant tout ce temps-là. Il est comblé de vos
bontés : il lui est encore arrivé deux gros fromages
par votre munificence. S’il avait de lasanté, il trou-
verait son sort très-préférable à celui du rat retiré
du monde dans un fromage d’Hollande ; mais quand
on est vieux et malade, tout ce qu’on peut faire c’est
de supporterla vie et de se cacher.
Je vous ai envoyé quatre volumes du Siècle de
Louis XIV et de Louis XV ; mais, en France, les fro-
mages arrivent beaucoup plus surement par le coche
que les livres. Je crois qu’il faudra tout votre crédit
pour que les commis à la douane des pensées vous
délivrent le récit de la bataille de Fontenoi et la
plongé dans la physique. La nature est furieusement ——
déroutée depuis que j’ai coupé des têtes à des coli-
maçons, et que j’ai vu ces têtes revenir. Depuis
Sc Denis y on n’avait jamais rien vu de plus mirifique.
Cette expérience me porte fort à croire que nous ne
Lavons rien du tout des premiers principes, et que
le plus sage est celui qui le réjouit le plus.
On ne peut vous être plus tendrement dévoué
que le mort V.
LETTRE CCCXL
AM. LE COMTE DE ROCHEFORT.
2 de novembre.
IL’enterre resiuscite un moment, TVTonsieur, pour
vous dire que , s’il vivait une éternité , il vous aime-
rait pendant tout ce temps-là. Il est comblé de vos
bontés : il lui est encore arrivé deux gros fromages
par votre munificence. S’il avait de lasanté, il trou-
verait son sort très-préférable à celui du rat retiré
du monde dans un fromage d’Hollande ; mais quand
on est vieux et malade, tout ce qu’on peut faire c’est
de supporterla vie et de se cacher.
Je vous ai envoyé quatre volumes du Siècle de
Louis XIV et de Louis XV ; mais, en France, les fro-
mages arrivent beaucoup plus surement par le coche
que les livres. Je crois qu’il faudra tout votre crédit
pour que les commis à la douane des pensées vous
délivrent le récit de la bataille de Fontenoi et la