xxxiv MÉMOIRES SUR LA VIE
de Jean - Joachim : mais dans la suite il renonça à ce dernier
nom, sans doute parce qu'il blessoit son oreille. Dès sa plus tendre
jeunesse il montra les plus heureuses dispositions pour Y étude.
Son père fournit aux dépenses nécessaires pour son instruction ,
et les continua tant quil put travailler; mais étant devenu infir-
me , il fut obligé de se retirer à l'hôpital de Stendal, et d'aban-
donner son fils à lui-même. Il le clestinoit à l'état ecclésiastique ,
pour lequel Winkelmann n'a jamais eu la moindre vocation.
Le premier maître de Winkelmann fut un certain Toppert,
recteur du collège de Stendal, qui , trouvant que son élève avoit
une mémoire heureuse et un jugement sain, lui donna des soins
particuliers. Dans un âge très-tendre, Winkelmann entendoit
déjà assez les langues savantes pour trouver du plaisir à la lec-
ture des auteurs classiques ( 1 ). Son maître , charmé de ses pro-
grès , le regardoit comme un prodige ; le seul grief qu'il eût
contre lui, fut quil n'étoit pas aussi attentif aux leçons de
théologie qu'à celles des autres sciences. Il le surprit même
plus d'une lois faisant des extraits des auteurs latins, auxquels
il prenoit plus de goût qu'aux définitions théologiques. Sur ce
point, il ne put rien gagner, ni par les voies de l'indulgence , ni
par celles de la rigueur. Cicéron étoit son auteur favori, et les
oraisons de l'orateur romain étoient. les modèles sur lesquels d
cherchoit à se former. Pour subvenir à ses petites dépenses , il
enseignoit à lire à des enfans. Toppert ayant perdu la vue , prit
chez lui le jeune Winkelmann , qui fut obligé de voir, de lire
et d'écrire pour lui. Le maître, sensible aux attentions de son
disciple , l'en récompensa par de bons conseils , et par la per-
mission qu'il lui donna de se servir à son gré de sa bibliothèque.
Parmi les sciences qu'il cultivoit alors par prédilection , étoient
riiistohe , la géographie , la philosophie , les langues, et sur-tout
( i ) Dans les dernières années de sa vie , il s'appliqua à Rome , à l'étude de
la langue arabe. C F.
de Jean - Joachim : mais dans la suite il renonça à ce dernier
nom, sans doute parce qu'il blessoit son oreille. Dès sa plus tendre
jeunesse il montra les plus heureuses dispositions pour Y étude.
Son père fournit aux dépenses nécessaires pour son instruction ,
et les continua tant quil put travailler; mais étant devenu infir-
me , il fut obligé de se retirer à l'hôpital de Stendal, et d'aban-
donner son fils à lui-même. Il le clestinoit à l'état ecclésiastique ,
pour lequel Winkelmann n'a jamais eu la moindre vocation.
Le premier maître de Winkelmann fut un certain Toppert,
recteur du collège de Stendal, qui , trouvant que son élève avoit
une mémoire heureuse et un jugement sain, lui donna des soins
particuliers. Dans un âge très-tendre, Winkelmann entendoit
déjà assez les langues savantes pour trouver du plaisir à la lec-
ture des auteurs classiques ( 1 ). Son maître , charmé de ses pro-
grès , le regardoit comme un prodige ; le seul grief qu'il eût
contre lui, fut quil n'étoit pas aussi attentif aux leçons de
théologie qu'à celles des autres sciences. Il le surprit même
plus d'une lois faisant des extraits des auteurs latins, auxquels
il prenoit plus de goût qu'aux définitions théologiques. Sur ce
point, il ne put rien gagner, ni par les voies de l'indulgence , ni
par celles de la rigueur. Cicéron étoit son auteur favori, et les
oraisons de l'orateur romain étoient. les modèles sur lesquels d
cherchoit à se former. Pour subvenir à ses petites dépenses , il
enseignoit à lire à des enfans. Toppert ayant perdu la vue , prit
chez lui le jeune Winkelmann , qui fut obligé de voir, de lire
et d'écrire pour lui. Le maître, sensible aux attentions de son
disciple , l'en récompensa par de bons conseils , et par la per-
mission qu'il lui donna de se servir à son gré de sa bibliothèque.
Parmi les sciences qu'il cultivoit alors par prédilection , étoient
riiistohe , la géographie , la philosophie , les langues, et sur-tout
( i ) Dans les dernières années de sa vie , il s'appliqua à Rome , à l'étude de
la langue arabe. C F.