D E W I N K E L M A N N. kxix
« liberté, et il s'estimoit très-heureux dans sa situation. A Rome
« il étoit logé au palais Albani, où il habitoit le dernier étage,
ce comme il convient à un homme de lettres, moins occupé de sa
ce fortune que de sa gloire. Homère, Euripide et quelques autres
ce auteurs grecs, composoient toute sa bibliothèque; aussi n'en
ce avoit-il pas besoin, puisqu'il pouvoit se servir tout, à son aise de
ce celle du palais Albani, dont d'ailleurs personne n'étoit curieux,
«c Toute sa garde-robe consistoit en deux habits noirs et une grande
ce pelisse qu'il avoit apportée d'Allemagne, et dont il se servoit
«l'hiver, parce qu'il s'étoit accoutumé à ne jamais faire de feu
ce chez lui, excepté pour préparer son chocolat. Il n'avoit per-
ce sonne pour le servir. Il m'a dit lui même que tout bon fils de
«l'église romaine qu'il étoit, il avoit contracté l'habitude de
« chanter le matin, en préparant son déjeuner (veuillent les saints
ce du paradis le lui pardonner!), quelques-uns de nos bons can-
ce tiques luthériens. Son mobilier répondoit au reste, et il n'avoit
ce de précieux qu'une belle tète de Faune antique, gravée dans son
ce Explication de monumens de l'antiquité. A mon dernier voyage
ce en Italie, j'ai revu cette tête conservée précieusement dans la
ce chambre à coucher du cardinal, à la villa Albani. Tout cela
te nous prouve assez qu'il étoit heureux et qu'il méritoit de l'être,
ce II aimoitRome à cause de la grande liberté qui y règne, sur-tout
ce pour ceux qui n'ont point d'emploi et qui n'en briguent pas. Il
ce est vrai que Rome étoit l'endroit où il devoit vivre et mourir,
ce s'il vouloit poursuivre, comme il avoit fait, la carrière qu'il s'é-
« toit ouverte, malgré les ligues de ses petits ennemis , qui le har-
ce celoient de tems en tems. Du reste , il avoit peu adopté les mœurs
ee italiennes à Rome, et il aimoit à vivre à sa guise. Il étoit sin-
ce cérement attaché à son pays, et il se fai soit un devoir d'obliger
ce ses compatriotes. C'étoit toujours très - affectueusement qu'il
ce parloit des intérêts de l'Allemagne, ainsi que des amis qu'il y
c< avoit eus et qu'il y avoit encore. Un jour que je revenois seul
ce avec lui de JNettuno, et que nous nous entretenions sur cette
ce partie de sa vie qu'il avoit passée en Saxe, il me dit qu'il se
« liberté, et il s'estimoit très-heureux dans sa situation. A Rome
« il étoit logé au palais Albani, où il habitoit le dernier étage,
ce comme il convient à un homme de lettres, moins occupé de sa
ce fortune que de sa gloire. Homère, Euripide et quelques autres
ce auteurs grecs, composoient toute sa bibliothèque; aussi n'en
ce avoit-il pas besoin, puisqu'il pouvoit se servir tout, à son aise de
ce celle du palais Albani, dont d'ailleurs personne n'étoit curieux,
«c Toute sa garde-robe consistoit en deux habits noirs et une grande
ce pelisse qu'il avoit apportée d'Allemagne, et dont il se servoit
«l'hiver, parce qu'il s'étoit accoutumé à ne jamais faire de feu
ce chez lui, excepté pour préparer son chocolat. Il n'avoit per-
ce sonne pour le servir. Il m'a dit lui même que tout bon fils de
«l'église romaine qu'il étoit, il avoit contracté l'habitude de
« chanter le matin, en préparant son déjeuner (veuillent les saints
ce du paradis le lui pardonner!), quelques-uns de nos bons can-
ce tiques luthériens. Son mobilier répondoit au reste, et il n'avoit
ce de précieux qu'une belle tète de Faune antique, gravée dans son
ce Explication de monumens de l'antiquité. A mon dernier voyage
ce en Italie, j'ai revu cette tête conservée précieusement dans la
ce chambre à coucher du cardinal, à la villa Albani. Tout cela
te nous prouve assez qu'il étoit heureux et qu'il méritoit de l'être,
ce II aimoitRome à cause de la grande liberté qui y règne, sur-tout
ce pour ceux qui n'ont point d'emploi et qui n'en briguent pas. Il
ce est vrai que Rome étoit l'endroit où il devoit vivre et mourir,
ce s'il vouloit poursuivre, comme il avoit fait, la carrière qu'il s'é-
« toit ouverte, malgré les ligues de ses petits ennemis , qui le har-
ce celoient de tems en tems. Du reste , il avoit peu adopté les mœurs
ee italiennes à Rome, et il aimoit à vivre à sa guise. Il étoit sin-
ce cérement attaché à son pays, et il se fai soit un devoir d'obliger
ce ses compatriotes. C'étoit toujours très - affectueusement qu'il
ce parloit des intérêts de l'Allemagne, ainsi que des amis qu'il y
c< avoit eus et qu'il y avoit encore. Un jour que je revenois seul
ce avec lui de JNettuno, et que nous nous entretenions sur cette
ce partie de sa vie qu'il avoit passée en Saxe, il me dit qu'il se