214 Livre II, Chapitre III.
considérons la constitution monarchique, telle qu'elle étoît éta-
blie en Egypte , en Phénicie et en Perse, où le souverain absolu
ne partageoit les honneurs suprêmes avec aucun membre de
l'état , nous concevons aisément qu'un particulier avoit beau
mériter de sa patrie , il ne voyoit jamais ses services récompen-
sés par une statue (i), comme cela a eu lieu dans les républiques
tant anciennes que modernes. Aussi ne trouvons - nous aucun
indice qu'on ait jamais décerné de pareils honneurs à des sujets
de ces états despotiques. Il est vrai que Carthage, fondée par
les Phéniciens , formoit une république qui se gouvernoit par
ses propres lois ; mais elle étoit divisée en deux puissantes fac-
tions , et la jalousie de Tune ou de l'autre auroit disputé l'hon-
neur de l'immortalité à tout citoyen qui s'en seroit rendu digne.
Un général y couroit risque de payer de sa tête la moindre
faute , et l'histoire ne fait pas mention qu'on ait jamais rendu
de grands honneurs à aucun de leurs illustres citoyens. Il suit
de-là que l'art, restreint chez ces peuples aux objets de la reli-
gion , tiroit peu de ressource de la vie civile pour s'accroître et
pour se perfectionner. Les idées des artistes y étoient donc beau-
coup plus resserrées que chez les Grecs ; et la superstition pres-
criyoit à leur esprit des formes reçues.
§. 22. Il n'est pas probable que ces trois nations aient eu de
grandes liaisons entre elles dans les tems florissans de leur his-
toire (2) : nous le savons du moins par rapport aux Egyptiens.
(1) Il tant en excepter chez les Egyp-
tiens Dédale , qui s'étoit acquis un si
grand nom dans l'art de la statuaire ,
que par un décret public , il fut résolu
qu'on lui érigeroit une statue de bois ,
qui fut placée dans le temple de Vul-
cain,que cet artiste avoit bâti. Diodore ,
liv. j, vers la fin , ^-97, pag- 10g. Voy.
ci-dessus la page i5, not. 2. C. F.
(2) Cette communication peut être
regardée comme démontrée , quant aux
Egyptiens et aux Perses, si l'on consi-
dère que les Perses furent les maîtres de
l'Egypte pendant l'espace de cent trente-
cinq ans , comme le dit .Diodore »/•_/",
§. l\/\,pag. 55. On le prouve encore par
nombre de monumens qui existent ,
dans lesquels on voit un mélange du style
persan et du style égyptien. Le comte
de Caylus en rapporte plusieurs , Rec.
considérons la constitution monarchique, telle qu'elle étoît éta-
blie en Egypte , en Phénicie et en Perse, où le souverain absolu
ne partageoit les honneurs suprêmes avec aucun membre de
l'état , nous concevons aisément qu'un particulier avoit beau
mériter de sa patrie , il ne voyoit jamais ses services récompen-
sés par une statue (i), comme cela a eu lieu dans les républiques
tant anciennes que modernes. Aussi ne trouvons - nous aucun
indice qu'on ait jamais décerné de pareils honneurs à des sujets
de ces états despotiques. Il est vrai que Carthage, fondée par
les Phéniciens , formoit une république qui se gouvernoit par
ses propres lois ; mais elle étoit divisée en deux puissantes fac-
tions , et la jalousie de Tune ou de l'autre auroit disputé l'hon-
neur de l'immortalité à tout citoyen qui s'en seroit rendu digne.
Un général y couroit risque de payer de sa tête la moindre
faute , et l'histoire ne fait pas mention qu'on ait jamais rendu
de grands honneurs à aucun de leurs illustres citoyens. Il suit
de-là que l'art, restreint chez ces peuples aux objets de la reli-
gion , tiroit peu de ressource de la vie civile pour s'accroître et
pour se perfectionner. Les idées des artistes y étoient donc beau-
coup plus resserrées que chez les Grecs ; et la superstition pres-
criyoit à leur esprit des formes reçues.
§. 22. Il n'est pas probable que ces trois nations aient eu de
grandes liaisons entre elles dans les tems florissans de leur his-
toire (2) : nous le savons du moins par rapport aux Egyptiens.
(1) Il tant en excepter chez les Egyp-
tiens Dédale , qui s'étoit acquis un si
grand nom dans l'art de la statuaire ,
que par un décret public , il fut résolu
qu'on lui érigeroit une statue de bois ,
qui fut placée dans le temple de Vul-
cain,que cet artiste avoit bâti. Diodore ,
liv. j, vers la fin , ^-97, pag- 10g. Voy.
ci-dessus la page i5, not. 2. C. F.
(2) Cette communication peut être
regardée comme démontrée , quant aux
Egyptiens et aux Perses, si l'on consi-
dère que les Perses furent les maîtres de
l'Egypte pendant l'espace de cent trente-
cinq ans , comme le dit .Diodore »/•_/",
§. l\/\,pag. 55. On le prouve encore par
nombre de monumens qui existent ,
dans lesquels on voit un mélange du style
persan et du style égyptien. Le comte
de Caylus en rapporte plusieurs , Rec.