POUR. LE PREMIER V O L U M E. 68î
2. De même que tous les autres sujets de la mythologie ancienne, les races des
Faunes, des Satyres , des Silènes et des Pans ont été produites et formées par des
, idées totalement disparates. On y reconnoit certaines fables primordiales ; d'autres
idées ont été puisées dans la fable de Bacclius , auquel on a donné pour cortège
les Satyres, les Silènes et les Bacchantes; mais ces idées ont été fort étendues et
fort multipliées, tant par la danse dionysiaque, qu'on doit regarder comme l'ori-
gine de la tragédie et de la comédie, que par les drames satyriques qui furent
joués depuis , et dans lesquels on faisoit toujours paroître sur le théâtre des Satyres
et des Silènes, qui composoient ordinairement le choeur , comme on en voit un
exemple dans le Cyclope d'Euripide. D'autres manières de représenter ces êtres
ont été suggérées par les anciennes orgies et les fêtes dionysiaques, qui servoient
à représenter, en forme de pantomime, le passage de la vie sauvage de l'homme à
son état de civilisation. Ces fêtes ne furent plus , avec le tems , que des cérémonies
auxquelles on n'attachoit aucun sens, et des parades pompeuses, qui dans la suite
dégénérèrent même en bouffonneries indécentes et licentieuses. Ces orgies passè-
rent aussi en Italie , où elles furent généralement reçues; et c'est de ces fêtes que
les artistes étrusques prirent la plus grande partie des sujets qu'ils ont représentés.
Ajoutons à cela les idées des poètes, particulièrement des siècles suivans, qui cher-
chèrent à embellir la fable de Bacchus, qu'on avoit déjà traitée tant de fois et de
tant de manières différentes. On avoit depuis long-tems perdu l'esprit des anciennes
fables et des usages religieux ; les antiquaires et les philosophes mêlèrent ensuite
et confondirent des fables dénature totalement différente et de caractère disparate.
Il ne faut donc pas s'étonner s'il règne dans toute cette partie de la fable tant de
confusion et tant d'obscurité, qu'il n'est guère possible de s'en tirer.
§. 3. Suivant la fable de Bacchus, Silène fut le père nourricier et le compagnon
de ce dieu ; et ils étoient tous deux escortés de Satyres et de Nymphes. Dans l'ori-
gine il n'y avoit qu'un seul Silène ; mais dans la suite on trouve cette espèce de
divinité au nombre pluriel, et aujourd'hui on ne les regarde plus que comme de
vieux Satyres. Il semble que cette multiplication doit son origine aux choeurs bac-
chiques et aux drames satyriques; de même que c'est aux orgies qu'il faut attribuer
le changement de Nymphes en Bacchantes. Néanmoins Silène reste constamment à
la tête des Satyres. On le voit aussi sur des anciens monumens de l'art représenté
au milieu de vieux Satyres ; mais toujours d'une manière qui le fait facilement
reconnoître (î).
( i ) Par exemple, sur le bas-relief de la
villa Montahi ; Achnir. 55 , où Silène est
représenté sur un âne et soutenu par un jeune
Faune ; et où l'on voit néanmoins, de l'autre côté,
un vieux Faune avec la double tibia. Dans les
représentations de Bacchus , il manque rare-
Tome I.
ment un Silène. La description d'une dionysie,
instituée à Alexandrie par Ptolémée Phila-
delphe , se trouve chez Calixène , dans Athé-
née , l. D, p. 197. F. « Il y avoit entre
« autres » est-il dit , j> plusieurs troupes de
a Silènes et de Satyres. vêtus et arrangés de
Rrrr
2. De même que tous les autres sujets de la mythologie ancienne, les races des
Faunes, des Satyres , des Silènes et des Pans ont été produites et formées par des
, idées totalement disparates. On y reconnoit certaines fables primordiales ; d'autres
idées ont été puisées dans la fable de Bacclius , auquel on a donné pour cortège
les Satyres, les Silènes et les Bacchantes; mais ces idées ont été fort étendues et
fort multipliées, tant par la danse dionysiaque, qu'on doit regarder comme l'ori-
gine de la tragédie et de la comédie, que par les drames satyriques qui furent
joués depuis , et dans lesquels on faisoit toujours paroître sur le théâtre des Satyres
et des Silènes, qui composoient ordinairement le choeur , comme on en voit un
exemple dans le Cyclope d'Euripide. D'autres manières de représenter ces êtres
ont été suggérées par les anciennes orgies et les fêtes dionysiaques, qui servoient
à représenter, en forme de pantomime, le passage de la vie sauvage de l'homme à
son état de civilisation. Ces fêtes ne furent plus , avec le tems , que des cérémonies
auxquelles on n'attachoit aucun sens, et des parades pompeuses, qui dans la suite
dégénérèrent même en bouffonneries indécentes et licentieuses. Ces orgies passè-
rent aussi en Italie , où elles furent généralement reçues; et c'est de ces fêtes que
les artistes étrusques prirent la plus grande partie des sujets qu'ils ont représentés.
Ajoutons à cela les idées des poètes, particulièrement des siècles suivans, qui cher-
chèrent à embellir la fable de Bacchus, qu'on avoit déjà traitée tant de fois et de
tant de manières différentes. On avoit depuis long-tems perdu l'esprit des anciennes
fables et des usages religieux ; les antiquaires et les philosophes mêlèrent ensuite
et confondirent des fables dénature totalement différente et de caractère disparate.
Il ne faut donc pas s'étonner s'il règne dans toute cette partie de la fable tant de
confusion et tant d'obscurité, qu'il n'est guère possible de s'en tirer.
§. 3. Suivant la fable de Bacchus, Silène fut le père nourricier et le compagnon
de ce dieu ; et ils étoient tous deux escortés de Satyres et de Nymphes. Dans l'ori-
gine il n'y avoit qu'un seul Silène ; mais dans la suite on trouve cette espèce de
divinité au nombre pluriel, et aujourd'hui on ne les regarde plus que comme de
vieux Satyres. Il semble que cette multiplication doit son origine aux choeurs bac-
chiques et aux drames satyriques; de même que c'est aux orgies qu'il faut attribuer
le changement de Nymphes en Bacchantes. Néanmoins Silène reste constamment à
la tête des Satyres. On le voit aussi sur des anciens monumens de l'art représenté
au milieu de vieux Satyres ; mais toujours d'une manière qui le fait facilement
reconnoître (î).
( i ) Par exemple, sur le bas-relief de la
villa Montahi ; Achnir. 55 , où Silène est
représenté sur un âne et soutenu par un jeune
Faune ; et où l'on voit néanmoins, de l'autre côté,
un vieux Faune avec la double tibia. Dans les
représentations de Bacchus , il manque rare-
Tome I.
ment un Silène. La description d'une dionysie,
instituée à Alexandrie par Ptolémée Phila-
delphe , se trouve chez Calixène , dans Athé-
née , l. D, p. 197. F. « Il y avoit entre
« autres » est-il dit , j> plusieurs troupes de
a Silènes et de Satyres. vêtus et arrangés de
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