Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (8.1860)

L'ART ET LES FEMMES EN FRANCE

MADAME DE POMPADOUR

A P P E N D 1C E 1

LES PORTRAITS DE MADAME DE P ( > M P A I) () L 11

L'histoire de madame de Pompadour resterait incomplète si l'on né-
gligeait de donner au moins un aperçu des portraits qu'ont faits, d'après
elle, les artistes les plus autorisés du temps de sa faveur.

Elle était belle, surtout pleine de charme, et ses attraits ont exercé la
brosse, le crayon ou le ciseau d'une école entière vouée par-dessus tout
au culte empressé de la grâce. Aussi peut-on dire que nulle reine n'a eu
la gloire d'inspirer autant d'œuvres charmantes que cette favorite dont
le nom d'ailleurs est admis — dans la phraséologie de l'esthétique —
comme le synonyme d'art aimable et facile.

M. d'Argenson nous a appris, clans ses notes journalières si vives, si
concises et en même temps si précises, que « madame de Pompadour était
blonde et blanche, sans traits, mais douée d'un charme indicible, de
haute taille et majestueuse quoiqu'un peu épaisse. » Mais elle avait l'art
de disposer ses vêtements de manière à faire valoir ce qu'elle possédait
de beau et à dissimuler ce qui pouvait paraître défectueux. C'est là, chez
une femme de goût, le suprême de l'élégance.

Nous avons dit, dans notre étude sur la marquise de Pompadour, que
rien n'était mieux pris que son beau buste, et qu'elle avait inventé, pour
le mettre savamment en relief, une espèce de négligé qui faisait ressortir
avec une grâce incomparable les agréments de sa taille en faisant l'office
de les vouloir cacher. En fallait-il davantage pour enflammer l'imagina-
tion dans une école où le joli était le but avoué de l'art, où les heureux
hasards de l'ajustement formaient le point principal de la poétique du
jour?

1. Voir la Gazette des Beaux-Arts des Ier et 15 août et Ier septembre 1859.