DOI Heft:
Nr. 8
DOI Artikel:Dutilh, E. D. J.: Hapi, le dieu Nil et les monnaies romaines d'Égypte
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.12696#0356
et c'eût été une cruelle ironie pour le peuple égyptien que de lui
faire orner le revers de ses monnaies de lotus, d'épis de blé, de
bustes du Nil assis ou couchés, de Gérés, de Triptolèmes, de cor-
beilles remplies de fruits et d'épis, etc., si les années auxquelles ces
monnaies faisaient allusion, n'avaient été que des périodes de
disette et de misère.
Les Romains étaient trop bons politiques pour risquer un pareil
jeu, et les Alexandrins étaient trop frondeurs pour s'y soumettre.
Sur le revers d'un grand bronze de l'an 1.2 de Trajan on voit
l'abondance assise (à mon avis, Isis) sur une base à gauche, coiffée
d'épis, et ayant l'uréus au front, elle s'appuie contre un sphinx;
elle tient des épis de blé et un sceptre, et est entourée de 16 enfants
ou génies ; autre forme copiée sur la statue du Nil qui est au
Vatican à Rome, pour indiquer les 16 coudées nécessaires à une
bmne crue. Le même sujet, sauf pour la divinité, se retrouve sur
une monnaie en bronze de l'an 17 d'Antonin2, et sur une autre
pièce de l'an 5 de Lucius Vérus, faisant partie des collections du
musée de Ghizeh3.
Faudrait-il conclure par ces faits peu nombreux, ne relatant du
reste, à mon avis, que des années de crues exceptionnellement
bonnes, je dirai même fortes, que to.ites les autres années d'un
règne comme celui qui m'occupe, ont été stériles? Cette conjecture
serait inadmissible, et par le tableau qui suit, donnant, d'après mon
système, toutes les dates des bonnes crues du Nil, d'après les
monnaies des vingt années de règne de Trajan, et en soulignant
celles exclusivement abondantes, l'Egyptien de nos jours pourra se
dire qu'alors cjmme aujourd'hui le vieux Nil n'a pas changé ses
habitudes fécondantes4.
Les monnaies qui m'ont permis de former ce tableau étant pour
la plupart connues, je m'abstiens de les reproduire toutes dans
ce travail, toutefois je crois bien faire en donnant à la planche I
1 Coins of Alexandria, du musée britannique, p. 59, n° 4 85.
2 F. Fucardent, Collections Giovanni di Dimiirio vol. II p. i26, n° 1838.
3 V. pl. In» 1.
* Champollion Figeac, Egxjple ancienne, Paris 1870, p. 2'i0 A. « Que cette notation, constam-
ment fidèle pendant tous les siècles qui l'ont employée, l'est aujourd'hui encore ; et le savant
géomètre (Biot) dont nous rapportons ici les propres paroles, en a conclu que, dans cet inter-
valle de 5000 ans, le gonflement du Nil s'est opéré constamment à la même époque de l'année
solaire, et qu'il a amené une masse moyenne d'eau, sensiblement égale, par les mêmes
périodes d'accroissement et de diminution, puisque le débordement a duré et dure encore le
même temps »,
faire orner le revers de ses monnaies de lotus, d'épis de blé, de
bustes du Nil assis ou couchés, de Gérés, de Triptolèmes, de cor-
beilles remplies de fruits et d'épis, etc., si les années auxquelles ces
monnaies faisaient allusion, n'avaient été que des périodes de
disette et de misère.
Les Romains étaient trop bons politiques pour risquer un pareil
jeu, et les Alexandrins étaient trop frondeurs pour s'y soumettre.
Sur le revers d'un grand bronze de l'an 1.2 de Trajan on voit
l'abondance assise (à mon avis, Isis) sur une base à gauche, coiffée
d'épis, et ayant l'uréus au front, elle s'appuie contre un sphinx;
elle tient des épis de blé et un sceptre, et est entourée de 16 enfants
ou génies ; autre forme copiée sur la statue du Nil qui est au
Vatican à Rome, pour indiquer les 16 coudées nécessaires à une
bmne crue. Le même sujet, sauf pour la divinité, se retrouve sur
une monnaie en bronze de l'an 17 d'Antonin2, et sur une autre
pièce de l'an 5 de Lucius Vérus, faisant partie des collections du
musée de Ghizeh3.
Faudrait-il conclure par ces faits peu nombreux, ne relatant du
reste, à mon avis, que des années de crues exceptionnellement
bonnes, je dirai même fortes, que to.ites les autres années d'un
règne comme celui qui m'occupe, ont été stériles? Cette conjecture
serait inadmissible, et par le tableau qui suit, donnant, d'après mon
système, toutes les dates des bonnes crues du Nil, d'après les
monnaies des vingt années de règne de Trajan, et en soulignant
celles exclusivement abondantes, l'Egyptien de nos jours pourra se
dire qu'alors cjmme aujourd'hui le vieux Nil n'a pas changé ses
habitudes fécondantes4.
Les monnaies qui m'ont permis de former ce tableau étant pour
la plupart connues, je m'abstiens de les reproduire toutes dans
ce travail, toutefois je crois bien faire en donnant à la planche I
1 Coins of Alexandria, du musée britannique, p. 59, n° 4 85.
2 F. Fucardent, Collections Giovanni di Dimiirio vol. II p. i26, n° 1838.
3 V. pl. In» 1.
* Champollion Figeac, Egxjple ancienne, Paris 1870, p. 2'i0 A. « Que cette notation, constam-
ment fidèle pendant tous les siècles qui l'ont employée, l'est aujourd'hui encore ; et le savant
géomètre (Biot) dont nous rapportons ici les propres paroles, en a conclu que, dans cet inter-
valle de 5000 ans, le gonflement du Nil s'est opéré constamment à la même époque de l'année
solaire, et qu'il a amené une masse moyenne d'eau, sensiblement égale, par les mêmes
périodes d'accroissement et de diminution, puisque le débordement a duré et dure encore le
même temps »,