Maria Mrozińska
PLUSIEURS DESSINS DES ARTISTES DE LA COUR DES DUCS
DE BAVIERE - II
II existe peu de dessins conmis de Hans Werl et 1'on peut penser que nombre de ses ouvrages
demeurent non identifies parmi les dessins anonymes allemands. II importe par conseąuent
de signaler les dessins signes de sa main qui pourront aider a reconnaitre les autres. Un seul,
appartenant a la Graphische Sammlung de Munich, a ete cite par Feuchtmayr.1 II provient
d'un liber amicorum et porte la signature Johann Werlj fecit ad bona memoriam suam Anno
1588 in Monachi. On sait qu'a cette date et pendant 1'annee suivante Werl etait a la cour de
Baviere apprenti d'Alessandro Paduano.
Le musee de Varsovie conserve un autre dessin de Hans Werl qui parait un souvenir d'amitić
provenant d'un album semblable. II represente 1'allegorie de 1'Esperance2 (fig. 1). Une jeune
femme en manteau de pelerin est assise au pied de deux arbres aux troncs entrelaces, elle sou-
leve une main vers son coeur et indiąue de 1'autre une ancre posee a terre devant elle. On aper-
ęoit un chateau-fort a 1'arriere d'un paysage montagneux et lćgercment boise. Au dessous se
trouve la devise suivie de la signature: Ihne Gott slet mein Hoffnung alzeit Johanes Werbl Maller
Jung3 (En Dieu repose mon espoir pour toujours J. W. apprenti peintre). Cette allusion aux
annees d'apprentissage date notre dessin entre 1588/89. On serait tente d'admettre plutót 1'an-
nee 1588.
Le dessin a la plume, legerement aąuarelle, revele un debutant. Le corps de la jeune femme
surtout trahit sa main malhabile. Mais le rose du manteau s'harmonise bien avec les tons bron-
zes des arbres et les gris verdatres du paysage, laissant pressentir le futur miniaturiste sur par-
cliemin, tres en vogue a la cour de Munich.
L'influence de van Aachen apparait dans le type de l'Esperance, jeune Allemande au visage
large et piat4. Certaines particularites de cette silhouette, comme ses jambes lourdes et raides
se retrouveront encore dans la representation, surement de plusieurs annees posterieure, de
la Vierge immaculee adoree par les saintes femmes a la Reiche Kapelle de Munich (fig. 2), re-
connue comme le chcf-d'oeuvre de Hans Werl.
J'attribue liypothetiąuement a Johan David Werl le Projet de fontaine a la Chasse de saint
Hubert5 (fig. 3). Dans une grotte creusee entre des blocs rustiques, sur un monticule tapisse
1. K. Feuchtmayr, dans Thieme-Becker, XXXV, 1942, p. 397.
2. Iriv. 146564/157a, plume, aquarelle, 136 X 88 mm., double. De meme que les trois precćdents ce dessin vient d'etre dćtache
d'un album compilć vers la fin du XVIIIc siecle.
3. Je remercie M. H. Geissler de lu lecture exacte de ce texte.
4. Voir par exemple la Vieige du retable de Sainte Marie au Capitole a Cologne, son front bombę aux soureils arques, ses
paupieres ini-eloses sur des yeux a flcur de tete, ou la sainte Catherine du meme retable, rep-oductions dans R. A. Peltzer,
„Der Hofmaler Hans von Aachen", Jahrbuch der KunsthistoriSchen Sammlungen in Wian. XXX, 1911/12, p. 76 —79, fig.
13-14.
5. Inv. 146829, plume et lavis d'encre de Chine, papier jauni, 325x242 mm, traces de pliurcs, plusieurs dóchirurcs renforcćes
au verso, rensemble double. Au recto marque Lugt (Les marąucs de eolleclions de dessins et d'eslampes, 1921 et 1956) 366.
Au verso marque inoonnue a Lugt: BIBLIOTECA REGIA MONACENSIS, ovale en noir, XVIII/XIX siecle. Le dessin
a passe par la vcnte Rochoux en 1862, acquis sans doute par J. Bloch il a fait partie des collections de l'ancienne
Societe des Beaux-Arts de Varsovie.
Le miracle de la conversion du chasseur qui le vendredi saint aurait rencontrć le cerf crucifere est rapporte dans la Lćgende
dorće (XIIIe s.) comme e"pisode de la vie de saint Eustachę. Depuis le XVe siecle il a ete rattache a la legendę de saint
Hubert, eveque de Liege, en le creant patron des chasseurs. Au XVIe siecle le culte de ce eaint s'etait propagć en
Allemagne et eelipsa celui de saint Eustachę qui encore vers 1501 avait fourni a Diirer le sujet d'une de ses plus
belles estampes.
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PLUSIEURS DESSINS DES ARTISTES DE LA COUR DES DUCS
DE BAVIERE - II
II existe peu de dessins conmis de Hans Werl et 1'on peut penser que nombre de ses ouvrages
demeurent non identifies parmi les dessins anonymes allemands. II importe par conseąuent
de signaler les dessins signes de sa main qui pourront aider a reconnaitre les autres. Un seul,
appartenant a la Graphische Sammlung de Munich, a ete cite par Feuchtmayr.1 II provient
d'un liber amicorum et porte la signature Johann Werlj fecit ad bona memoriam suam Anno
1588 in Monachi. On sait qu'a cette date et pendant 1'annee suivante Werl etait a la cour de
Baviere apprenti d'Alessandro Paduano.
Le musee de Varsovie conserve un autre dessin de Hans Werl qui parait un souvenir d'amitić
provenant d'un album semblable. II represente 1'allegorie de 1'Esperance2 (fig. 1). Une jeune
femme en manteau de pelerin est assise au pied de deux arbres aux troncs entrelaces, elle sou-
leve une main vers son coeur et indiąue de 1'autre une ancre posee a terre devant elle. On aper-
ęoit un chateau-fort a 1'arriere d'un paysage montagneux et lćgercment boise. Au dessous se
trouve la devise suivie de la signature: Ihne Gott slet mein Hoffnung alzeit Johanes Werbl Maller
Jung3 (En Dieu repose mon espoir pour toujours J. W. apprenti peintre). Cette allusion aux
annees d'apprentissage date notre dessin entre 1588/89. On serait tente d'admettre plutót 1'an-
nee 1588.
Le dessin a la plume, legerement aąuarelle, revele un debutant. Le corps de la jeune femme
surtout trahit sa main malhabile. Mais le rose du manteau s'harmonise bien avec les tons bron-
zes des arbres et les gris verdatres du paysage, laissant pressentir le futur miniaturiste sur par-
cliemin, tres en vogue a la cour de Munich.
L'influence de van Aachen apparait dans le type de l'Esperance, jeune Allemande au visage
large et piat4. Certaines particularites de cette silhouette, comme ses jambes lourdes et raides
se retrouveront encore dans la representation, surement de plusieurs annees posterieure, de
la Vierge immaculee adoree par les saintes femmes a la Reiche Kapelle de Munich (fig. 2), re-
connue comme le chcf-d'oeuvre de Hans Werl.
J'attribue liypothetiąuement a Johan David Werl le Projet de fontaine a la Chasse de saint
Hubert5 (fig. 3). Dans une grotte creusee entre des blocs rustiques, sur un monticule tapisse
1. K. Feuchtmayr, dans Thieme-Becker, XXXV, 1942, p. 397.
2. Iriv. 146564/157a, plume, aquarelle, 136 X 88 mm., double. De meme que les trois precćdents ce dessin vient d'etre dćtache
d'un album compilć vers la fin du XVIIIc siecle.
3. Je remercie M. H. Geissler de lu lecture exacte de ce texte.
4. Voir par exemple la Vieige du retable de Sainte Marie au Capitole a Cologne, son front bombę aux soureils arques, ses
paupieres ini-eloses sur des yeux a flcur de tete, ou la sainte Catherine du meme retable, rep-oductions dans R. A. Peltzer,
„Der Hofmaler Hans von Aachen", Jahrbuch der KunsthistoriSchen Sammlungen in Wian. XXX, 1911/12, p. 76 —79, fig.
13-14.
5. Inv. 146829, plume et lavis d'encre de Chine, papier jauni, 325x242 mm, traces de pliurcs, plusieurs dóchirurcs renforcćes
au verso, rensemble double. Au recto marque Lugt (Les marąucs de eolleclions de dessins et d'eslampes, 1921 et 1956) 366.
Au verso marque inoonnue a Lugt: BIBLIOTECA REGIA MONACENSIS, ovale en noir, XVIII/XIX siecle. Le dessin
a passe par la vcnte Rochoux en 1862, acquis sans doute par J. Bloch il a fait partie des collections de l'ancienne
Societe des Beaux-Arts de Varsovie.
Le miracle de la conversion du chasseur qui le vendredi saint aurait rencontrć le cerf crucifere est rapporte dans la Lćgende
dorće (XIIIe s.) comme e"pisode de la vie de saint Eustachę. Depuis le XVe siecle il a ete rattache a la legendę de saint
Hubert, eveque de Liege, en le creant patron des chasseurs. Au XVIe siecle le culte de ce eaint s'etait propagć en
Allemagne et eelipsa celui de saint Eustachę qui encore vers 1501 avait fourni a Diirer le sujet d'une de ses plus
belles estampes.
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