Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1920

DOI Artikel:
Moselius, Carl D.: Un peintre d'origine française à la cour de Gustave III: Louis Masreliez
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.19305#0089

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
— 67 —

de renouveler la matière conquise. Dans ce point, il se
révèle comme un architecte de premier ordre. Le signe
de noblesse de ses intérieurs, ce qui leur donne la pureté
et la dignité en même temps sans jamais nuire à la grâce,
c’est la haute valeur architectonique.

Avant de terminer cette esquissse rapide, il faut vous
dire aussi quelques mots du théoricien. L’ami de Vien,
l’ami intime de Raphaël Mengs, aimait à lire et à réflé-
chir-1, et il écrivait avec la même facilité qu’il dessinait.
Ses lettres, surtout la riche correspondance avec Ehrens-
vàrd, une grande quantité d’annotations semées par hasard
parmi ses dessins, et quelques conférences après le retour
en Suède, nous initient à sa philosophie. Déjà le style
mérite un éloge. Il y a un feu là-dedans qui nous étonne,
mais c’est le feu d’un logicien qui sait l’art d’enchaîner et
qui aime la belle ordonnance, même dans ses pensées.
Du reste, nous avons déjà admiré cette clarté chaude
dans ses dessins. Louis Masreliez déteste le rococo; il est
plein d’admiration pour l’Italie, « le pays des poètes et
des peintres » ; il aime, au-dessus de tout, l’antiquité.
Mais, ce qui est plus original, c’est qu’il comprend la
supériorité des Grecs sur les Romains, et qu’il a la singu-
lière liberté d’esprit d’admirer les primitifs et de critiquer
l’élégance maniérée des Bolonais, chose inouïe en 1782.
« En pensant à ce qu’il en coûte à l’esprit humain pour
se délivrer de l’ignorance où il croupit et pour secouer
le joug des préjugés généralement reçus — écrit-il
cette année — je ne saurais assez admirer le Cima-
bue, Giotto, et surtout Masaccio1 2. » Le philosophe subit,
du reste, le même développement que le peintre-décora-
teur. La pensée suit la forme et devient de plus en plus
froide, son admiration pour les anciens plus convention-
nelle et, dans une de ses dernières conférences sur les

1. Louis Masreliez avait une bibliothèque digne de n’importe
quelle Académie des beaux-arts. Les ouvrages in-fol. se com-
posent à eux seuls de 134 numéros. Il possédait aussi plus de
cent tableaux, ainsi qu’une très grande collection de dessins
et de gravures et des moulages d’après l’antique.

2. Voir ses Dessins d’études, vol. V.
 
Annotationen