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Société de l'Histoire de l'Art Français [Editor]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1924

DOI article:
Tessier, André: Quelques portraits de musiciens français du XVIIe siècle
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19274#0272

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— 246 —

Suit une lettre de la veuve Couperin au directeur des
Musées Jeanron, que je transcris en entier, parce qu’elle
expose toute l’affaire et donne, d’autre part, de tristes lu-
mières sur l’état de misère où se trouvaient alors les der-
niers descendants d’une illustre famille d’artistes*. La
lettre est sans date, mais porte une mention de Jeanron :
reçue le 3o novembre (1848); répondu le 3o.

Monsieur,

Au mois de juillet 1847, M. Panier1 2 3 a bien voulu déposer de
ma part au Muséum deux Portraits représentant deux Cou-
perin, organistes du Roi, l’un (françois Couperin) touche
l’orgue pour accompagner sa fille qui est posée en face de
lui, un cahier de musique à la main. Ce tableau est attribué
à philippe Champagne. L’autre portrait est celui de Charles
Couperin, organiste du Roi, il est assis auprès d’une table.
Ce tableau est attribué à Rigaud. Le dernier gouvernement
ayant eu la pensée de réunir à Versailles les Portraits des
Artistes célèbres, j’eus l’idée d’envoyer ces deux Portraits de
famille au Muséum. Nous eussions été, ma fille et moi, heu-
reuses d’en faire l’hommage, mais, comme beaucoup de per-
sonnes, et particulièrement les artistes, nous sommes tout à
fait ruinées. J’étais au moment de conclure pour l’achat de
ces deux tableaux lors de la dernière Révolution. La rapidité
des événemens, les inquiétudes personnelles, si grandes et si
vives, m’ont empêché, jusqu’à ce moment, de réclamer mes
tableaux ou leur achat qui seroit un grand soulagement dans
notre position actuelle. Ma fille qui est professeur de chant,
de piano, n’a plus un élève... On m’a tant dit du bien de vous
Monsieur, et de la nouvelle administration, que j’espère un
peu, les Arts sont frères. La peinture ne peut-elle pas tendre
une main secourable à la musique? Cette famille des Coupe-
rin est la seule en France qui compte deux siècles de célébrité,

1. M. Charles Bouvet a signalé cette misère dans son excel-
lent livre sur Les Couperin (Paris, 1919, in-8°, p. 180 et suiv.).
Après avoir habité Beauvais, comme le dit M. Bouvet, jusque
vers 1842 ou 1843, la veuve et sa fille étaient revenues s’installer
dans le faubourg parisien de Belleville, rue de Paris, 86, adresse
que donnent les lettres conservées aux archives des Musées.

2. Ce M. Panier était un voisin de la veuve Couperin. Son

adresse est donnée par une des pièces du dossier : rue de Pa-
ris, 123, à Belleville.
 
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