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9 e Année.

N° 3 -

16 Janvier 1870.

LA CHRONIQI

T O LITIQJJ E

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

Paraissant tous les Dimanches

ABONNEMENTS :

Paris , un an. 15 fr.

— six mois. . .. 8 fr.

UN NUMÉRO : 2 0 CENT.
RÉDACTION : Rue Virienné} 553 Paris

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Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en France & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Etranger

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— six mois. 10 fr.

Etranger, le port en sus.

ADMINISTRATION : Rue Vivienne} 55, Paris

DE LA

SÉPARATION DES BEAUX-ARTS
d’avec la liste civile.

Par décret du 6 janvier, M. le comte
de Nieuwerkerke a été relevé de ses fonc-
tions de surintendant des Beaux-Arts pour
recevoir le titre de surintendant des mu-
sées impériaux, ce qui, traduit en lan-
gage d’autrefois, signifie tout simplement:
directeur général des collections de la
couronne. Ainsi se trouve consommée la
séparation des Beaux-Arts d’avec la liste
civile, séparation que nous n’avons cessé
de réclamer depuis le jour où la Chroni-
que a pu aborder les matières politiques.

Est-ce à dire pour cela que ceux qui
s’intéressent avec nous aux questions
d’art n’aient plus rien à désirer? Malheu-
reusement, il nous faut encore formuler
des vœux. Au lieu de lire dans le Jour-
nal officiel un décret se contentant d’éta-
blir la séparation des Beaux-Arts d’avec
la liste civile, nous aurions préféré y lire
des résolutions basées sur ce raisonne-
ment :

« En 1863, on a distrait du ministère
d’État et placé dans les attributions du
ministère de la Maison de l’empereur et
des beaux-arts :

« L’Académie de France à Rome, l’É-
cole spéciale des Beaux-Arts, les écoles
gratuites de dessin, les ouvrages d’art et
de décoration d’édifices publics, les fêtes
et les cérémonies publiques, les encoura-
gements des Beaux-Arts, souscriptions,
indemnités aux artistes, voyages et mis-
sions scientifiques;

« Les théâtres, le Conservatoire impé-
rial de musique et de déclamation, les
succursales du Conservatoire, l'adminis-
tration supérieure de l’Opéra, l’examen
et l’autorisation des ouvrages dramati-
ques, les encouragements à l’art drama-
tique et musical;

« Les monuments historiques, le mu- -
sée des Thermes et l’hôtel de Cluny;

« L’administration des bâtiments ci-
vils ;

« L’asile impérial de Saverne, la di-
rection générale des Archives de l’em-
pire;

« La publication de la correspondance
de l’empereur Napoléon Ier;

« La grande chancellerie de l’ordre
impérial de la Légion d’honneur ;

« Les services transportés au ministère

d’État par les articles 2 et 3 du décret du
2/i novembre 1860.

« Mais l’expérience ayant démontré que
l’absorption par la Maison de l’empereur
de ces divers services n’a produit aucun
résultat avantageux, et un ministère des
Beaux-Arts indépendant de la couronne
faisant espérer de meilleurs fruits, nous
avons résolu, dans cette croyance, de lui
confier la garde et l’administration de
nos musées impériaux, lui laissant toute
liberté d’en disposer comme bon lui sem-
blera pour savoir définitivement si l’État,
mieux que la couronne, peut donner une
plus large satisfaction aux intérêts des
arts et des industries qui en dépendent. »

Par une semblable mesure, aussi géné-
reuse qu’utile, la couronne eût fourni à
la France les moyens de développer ses
musées et de posséder une institution
rivale de celles créées récemment à Lon-
dres, à Vienne, à Moscou, à Berlin, à
Munich..., et elle eût mérité la recon-
naissance unanime du pays.

Mais ce que la liste civile a cru devoir
faire en \ 863 au bénéfice de la Maison de
l’empereur, elle n’a pas voulu, par réci-
procité, le tenter en 1870 au bénéfice de
l’État, et actuellement nous possédons un
ministère des Beaux-Arts qui, par une
étrange anomalie, se trouve n’avoir au-
cun pouvoir sur la direction des musées
nationaux !

La rupture entre la surintendance et
le ministère des Beaux-Arts est même si
complète, que le ministère ayant cru de-
voir demander à la surintendance une
partie de son personnel, habitué aux ex-
positions, pour l’aider, tout au moins
cette année, dans l’organisation de l’ex-
position ordinaire du mois de mai, M. de
Nieuwerkerke a répondu par un refus.

Que le ministère ne commette point la
faute de renouveler une demande si mal
accueillie, qu’il ferme la porte àtoute idée
de retour, qu’il laisse désormais la liste
civile, si mal disposée envers l’État, livrée
à ses seules ressources pour développer
ses musées, qu’il s’adresse aux artistes
et aux amateurs, et dans quelquês mois
on verra que l’État peut, tout aussi
bien que la couronne et qu’une société
particulière comme VUnion centrale, or-
ganiser une exposition; et avant peu
d’années on sentira la nécessité de placer
les collections nationales sous l’entière
dépendance de l’État.

Émile Galichon.

NAPOLÉON,

Par la grâce de Dieu et la volonté nationale,
Empereur des Français,

A tous présent et à venir, salut;

Vu le décret en date du 2 de ce mois, qui
porte que le ministère des Beaux-Arts est séparé
du ministère de la Maison de l’Empereur;

Sur la proposition du ministre de notre Mai-
son,

Avons décrété et décrétons ce qui suit :

Yrt. Tr. Sont rapportées les dispositions du
décret du 29 juin 1863, qui avait placé l’admini-
stration des Beaux-Arts sous l’autorité du direc-
teur général des musées impériaux et constitué
une surintendance des beaux-arts.

Art. 2. M. le comte de Nieuwerkerke, séna-
teur, reste chargé de la direction générale des
mi sées impériaux, avec le titre de surintendant
des musées impériaux.

Art, 3. Le ministre de notre Maison est chargé
de l’exécution du présent décret.

Fait au palais des Tuileries, le G janvier 1870.

NAPOLÉON.

Par l’Empereur :

Le mar'échal de France,
ministre de la Maison de l’Empereur,

Vaillant.

NAPOLÉON,

Par la grâce de Dieu et la volonté nationale,
Empereur des Français,

A tous présent et à venir, salut;

Sur la proposition de notre ministre des Beaux-
Arts.

Avons décrété et décrétons ce qui suit :

Art. 1Dr. M. Weiss (Jean-Jacques) est nommé
secrétaire général du ministère des Beaux-Arts.

Art, 2. Notre ministre des Beaux-Arts est
chargé de l’exécution du présent décret.

Fait au palais des Tuileries, le 7 janvier 1870.

NAPOLÉON.

Par l’Empereur :

Le ministre des Beaux-Arts,

Maurice Richard.

Ce n’est donc point, comme nous l’avions
annoncé dans notre dernier numéro, M. Ca-
mille Doucet qui a été nommé secrétaire
général du ministère des Beaux-Arts, mais
M. J.-J. Weiss, rédacteur en chef du Jour-
nal de Paris.

Par décret en date du 1er de ce mois, rendu
sur la proposition du ministre de la Maison de
l’Empereur et des Beaux-Arts, M. Arago (Al-
fred), chef de la division des Beaux-Arts, a été
promu au grade d’officier de la Légion d’hon-
neur; chevalier depuis 1855.

Par le môme décret, M. Deschapelles, sous-
chef du cabinet du ministre, a été nommé cheva-
lier de la Légion d’honneur. (Services excep-
tionnels.

SOCIÉTÉ

DES

AMIS DES ARTS DE ROUEN

M. Ernest Lefèvre , président de la So-
ciété des Amis des Arts de Rouen, nous a
adressé une lettre que, suivant son désir,
M. le directeur de la Chronique s’empresse
de publier intégralement. Fidèle à l’esprit
d’impartialité qui nous a toujours animé,
nous l’avons fait suivre immédiatement de
notre réponse : car nous tenons à défendre
et à compléter l’article tout bienveillant et
tout pacifique que nous avons écrit et qui
a motivé, à notre grande surprise, la pré-
sente insertion.

Monsieur le Directeur,

Je viens de lire dans la Chronique politique
des arts et de la curiosité du 2 janvier courant
un article ayant pour titre : La Société artis-
tique de Normandie et la Société des Amis
des Arts de Rouen. En vous écrivant aujourd’hui,
je viens non pas faire de la polémique inutile,
mais éclairer votre religion qui a été étrangement
surprise. L’attaque est trop vive et trop injuste
pour que je ne compte pas sur votre loyauté
pour l’insertion de cette lettre dans votre plus
prochain numéro.

Je ne prendrai dans cet article que les trois
faits les plus saillants.

1° Dans mon rapport à l’assemblée générale
du 30 novembre dernier, je disais : «Si au chiffre
de 101,405 fr. montant des acquisitions faites
par la Société pendant les six dernières, exposi-
tions, nous ajoutions la somme des acquisitions
faites tant par les amateurs que par la ville pour
son musée, nous arriverions bien au delà de

200.000 fr. «

Sur ce, vous ajoutez : « 200,000 fr. pendant
« une période de 10 ans, il faut reconnaître-que
« ce n’est pas ruineux pour une aussi grande
« ville. »

Vous n’ignorez cependant pas, Monsieur, que
nos expositions n’ont lieu que tous les deux ans,
et que ces chiffres s’appliquent à six expositions
et non à une période de 10 années. Ce fait est
important à signaler, afin de ne pas déplacer
d’une manière aussi sensible la moyenne des
acquisitions à chaque exposition, qui a été de

33.000 fr. au moins.

« 2° Son bureau aurait beaucoup trop prolongé
« son empire ; la commission d’acquisitions aurait
« été formée à plusieurs reprises, sans que la
« Société ait été réellement consultée. »

Le bureau a toujours été nommé par l’assem-
blée généralifqui a cru convenable, plusieurs fois,
à la vérité, de renouveler son mandat à l’u-
nanimité.

Pourquoi une société ne pourrait-elle pas
maintenir à sa tète les membres qu’elle y a
placés, si ces membres, par leur dévouement,
n’ont cessé de lui inspirer toute confiance ?

Je crois que semblable reproche ne devrait
jamais être adressé à ceux qui ne remplissent
que des fonctions purement gratuites.

Voici maintenant F article textuel de nos sta-
tuts, relatif à la composition du jury des acqui-
sitions :

« Une commission de treize membres, non
« compris le président, sera constituée sous le
« litre de : Jury des acquisitions. Cette commis-
 
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