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La chronique des arts et de la curiosité — 1899

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Nr. 5 (4 Février)
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LA CHRONIQUE DES ARTS

au Mercure de France; J.-B. Giraud, conser-
vateur des musées archéologiques de Lyon,
Carie Fischer; M"" Pauline de Beaumont, ar-
tiste peintre.

La Nouvelle Monnaie d'or

Le décret: autorisant la frappe de la
nouvelle monnaie d'or est prochain. Nous
donnons ici le type de cette nouvelle mon-
naie, à laquelle nous augurons un succès
unanime.

En confiant à M. J.-G. Ghaplain, membre
de l'Institut, la composition et la gravure
du flan destiné à remplacer la République
d'Ûudiné et le Génie d'A. Dupré, remis en
usage par le monnayage de la République
française, le ministère des Finances s'adres-
sait à un des maîtres delà médaille. Formé à
la plus pure discipline classique et rompu à
ce travail technique de la retouche des coins
mêmes qu'ignorent beaucoup d'artistes en
médailles, M. Chaplain a satisfait à toutes
les conditions d'une commande si difficile.
C'est bien là une monnaie franche et solide,
expressive et grave, neuve et non point
éphémère, un statère national du plus haut
aLoi artistique. Types de l'avers et du revers,
proportions générales des reliefs et des
champs, caractère des légendes, mesure de
l'exergue et style du listel, tout nous parait
irréprochable et calculé par la plus savante
expérience. Comme toutes les belles choses,
le louis d'or au coq survivra à la mode et
résistera à l'user par son impérieuse et
sculpturale pondération.

Exposition du don Hayem

L'idée excellente qui a présidé à l'expo-
sition, au musée du Luxembourg, du don
de M. Charles Hayem permet ainsi à la
petite critique d'actualité d'en apprécier, à
son heure, l'importance et d'en dresser le
procès-verbal.

Les œuvres de Gustave Moreau, qui font,
par leur rareté et leur richesse orientale,
le grand attrait et la grande valeur de ce
don, ne sont plus à juger ni à décrire, pas
même à énumorer, après les articles de
M. Ary Renan sur leur glorieux créateur
dans la Gazelle des Beaux-Avis. Mais, à côté

d'elles, un peu effacées par leurs brillantes
voisines, il faut tenir compte des œuvres
qui accompagnent ce don précieux et dont
quelques-unes, pour être peu éclatantes, n'en
sont pas moins remarquables. Un petit
Gazin est exquis. C'est un Paysage de neige:
un chemin montant entre deux champs.
Ciel rosé d'un couchant tout voilé de neige
en suspens et ligne onduleuse du terrain; ce
ciel descend bien derrière le terrain, les va-
leurs se fondent, l'impression est d'un senti-
ment délicat. Et quelle étude de fleurs, les
Œillets de Fantin-Latour ! Œillets blancs,
œillets panachés, œillets roses, en belle
pâte savoureuse, franche et légère. Si, dans
le panier de fleurs do Vollon, le fond manque
un peu de translucidité, et si l'aiguière, avec
ses gris perlés, sent plus l'habitude que l'ob-
servation, les tons violets et les blancs des
fleurs font plaisir à l'œil. Et le Ribot, — des
œufs sur le plat, une bassine de cuivre, une
poterie rouge brun, et la note blanche d'une
gousse d'ail, — peinture grave et profonde,
qui donne aux choses une sorte de physio-
nomie humaine, vient à propos augmenter
la représentation au musée de ce maitre
sévère. Le Raffaëlli est amusant, bon échan-
tillon de la manière caractéristique de ce
peintre observateur. Titre : Les Invités at-
tendant la noce, deux types de maraîchers
endimanchés, gauches, se détachant sur le
plâtre sali d'un pauvre mur qui menace do
s'effriter.

Un superbe portrait d'ELio Delaunay,
daté 4865, nous montre le donateur, ce
qui est toujours agréable à voir, histoire
de faire connaissance et de savoir à qui
adresser ses remerciements. Visage sensuel
de gourmet d'art. Un teint jaune et mat et
des beaux noirs, noir de l'œil, noir des che-
veux, noir du vêtement, sur un fond do ta-
pisserie de cuir. Puis, un portrait, daté 1881,
de Barbey d'Aurevilly par Emile Lévy,
image intéressante de i'aristocrate écrivain,
physionomie très étudiée de vieillard qui
porte beau, traitée sans mensonge. La pau-
pière, énergiquement relevée sur l'œil qui
larmoie malgré le regard volontairement
vif, ne peut dissimuler sa minceur de peau
sôchée ; la bouche, close, presque sans lèvres,
cache des désastres ou des ivoires trop neufs ;
la chair est molle. Des jeunes gens facétieux
discutaient malicieusement, un jour, de fa-
çon à être entendus de Barbey d'Aurevilly,
vieux et restauré, sur la question de savoir
s'il est préférable, à l'âge dos cheveux blancs,
de les teindre ou de leur laisser leur blan-
cheur révélatrice.

— Eh bienl moi, Messieurs, leur dit le
maître en s'approchant d'eux, quand je se-
rai vieux, je me teindrai.

Le peintre a bien trouvé ce noir terne des
cheveux devenus plus rares et de la mousta-
che morte. Gomme portraits, il y a encore
celui de M. Ad. Franck, de l'Institut, par Bas-
tien-Lcpage. Bon portrait, qui n'est pourtant
pas d'un maître, quoi qu'aient pensé de ce
peintre mort trop jeune ses admirateurs et
ses amis.

Joli pastel de Pointelin, le Soir. Bretonnes
 
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