N° 15. — 1899
BUREAUX : 8„ RUE FAVART
15 Avril
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MA VIN
Les abonnés à une année, entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
h Chronique des Arts et de la Curiosité.
paris et départements :
Un an. .......12 fr. | Six mois........8 fr.
PROPOS DU JOUR
' omme pour nous faire regretter
davantage encore la perte de
l'éminent directeur honoraire des
Beaux-Arts qui fut, à l'Acadé-
mie, l'adversaire de cet état d'esprit étroit et
routinier qui s'appelle 1' « académisme » et
le généreux défenseur des libertés néces-
saires à l'épanouissement de l'art, voici
qu'au lendemain de sa mort, un article paru
dans un journal du matin propose tout sim-
plement, pour mettre un frein à l'expansion
des Salons et à la multiplicité des Sociétés
artistiques, pour iixer l'incertitude de la
foule en présence de manifestations d'art si
diverses et si nombreuses,... de nous faire ré-
trograder de près d'un siècle en remettant
à l'Académie, tout comme sous Napoléon 1er
et les régimes passés, le soin de réglementer
le goût et de décider, avec son « prestige
incontesté », ce qui doit être tenu pour beau
ou pour laid.
Le projet est vraiment admirable : on
construirait dans la cour même de l'Institut,
loin des bâtisses quelconques où pourraient
continuer à se tenir les autres Salons, dédai-
gneusement tolérés, ce « Palais de l'Art
français, sa demeure définitive », où « l'Aca-
démie resterait maîtresse, sans aucune im-
mixtion étrangère », où « règlement, admis-
sion des œuvres à son exposition, tout pro-
céderait d'elle et d'elle seule ». On ajoute, il
est vrai, qu'elle devra « témoigner de la plus
grande impartialité, ne pas repousser systé-
matiquement les productions — les meil-
ment particulier est le plus hostile » ; mais
il est, surtout à un certain âge, des tempé-
raments qui se plient malaisément aux
nécessités de la vie, et il n'est pas bien diffi-
cile de se figurer l'aspiect d'expositions or-
ganisées dans ces conditions. Elles rétabli-
raient, nous assure-t-on, « l'harmonie entre
le public et les artistes, la paix parmi ces
derniers »;mais cette « harmonie », nous le
craignons, pourrait s'appeler bien plutôt
une indifférente passivité, et cette « paix »,
l'engourdissement qui précède la mort.
Vivent plutôt cent fois les luttes et les
discussions qui préparent l'avenir ! Au
reste, nous n'avons aucune inquiétude sur
le sort qui attend ce projet si neuf ; nous
ne l'avons mentionné que parce qu'il est
caractéristique de l'état d'esprit dont nous
parlions ici même il y a huit jours, esprit
foncièrement hostile à tout essor et à toute
liberté et contre lequel on ne réagira jamais
assez.
NOUVELLES
Au musée du Louvre, le paysage de
Salomon Ruysdaël : Le Bac, dont nous an-
noncions récemment l'acquisition, vient d'être
placé dans la partie de la Grande galerie où
sont les Rubens.
**# Mme Gustave Deloye, veuve du sculpteur
récemment décédé, vient d'offrir à l'État le
buste en marbre de Mm« Yigée-Lebrun, œuvre
de son mari qui figura au Salon de 1895.
M. Jules Glaretie vient d'offrir au musée
de la Comédie-Française un Portrait de
—«^uoiutui les piuumiuuna — ics mcii- Racliel, par Eug. Devéria, qui vient aug-
leures s'entend — auxquelles son tempéra- | menter la série des portraits de l'artiste que
BUREAUX : 8„ RUE FAVART
15 Avril
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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PROPOS DU JOUR
' omme pour nous faire regretter
davantage encore la perte de
l'éminent directeur honoraire des
Beaux-Arts qui fut, à l'Acadé-
mie, l'adversaire de cet état d'esprit étroit et
routinier qui s'appelle 1' « académisme » et
le généreux défenseur des libertés néces-
saires à l'épanouissement de l'art, voici
qu'au lendemain de sa mort, un article paru
dans un journal du matin propose tout sim-
plement, pour mettre un frein à l'expansion
des Salons et à la multiplicité des Sociétés
artistiques, pour iixer l'incertitude de la
foule en présence de manifestations d'art si
diverses et si nombreuses,... de nous faire ré-
trograder de près d'un siècle en remettant
à l'Académie, tout comme sous Napoléon 1er
et les régimes passés, le soin de réglementer
le goût et de décider, avec son « prestige
incontesté », ce qui doit être tenu pour beau
ou pour laid.
Le projet est vraiment admirable : on
construirait dans la cour même de l'Institut,
loin des bâtisses quelconques où pourraient
continuer à se tenir les autres Salons, dédai-
gneusement tolérés, ce « Palais de l'Art
français, sa demeure définitive », où « l'Aca-
démie resterait maîtresse, sans aucune im-
mixtion étrangère », où « règlement, admis-
sion des œuvres à son exposition, tout pro-
céderait d'elle et d'elle seule ». On ajoute, il
est vrai, qu'elle devra « témoigner de la plus
grande impartialité, ne pas repousser systé-
matiquement les productions — les meil-
ment particulier est le plus hostile » ; mais
il est, surtout à un certain âge, des tempé-
raments qui se plient malaisément aux
nécessités de la vie, et il n'est pas bien diffi-
cile de se figurer l'aspiect d'expositions or-
ganisées dans ces conditions. Elles rétabli-
raient, nous assure-t-on, « l'harmonie entre
le public et les artistes, la paix parmi ces
derniers »;mais cette « harmonie », nous le
craignons, pourrait s'appeler bien plutôt
une indifférente passivité, et cette « paix »,
l'engourdissement qui précède la mort.
Vivent plutôt cent fois les luttes et les
discussions qui préparent l'avenir ! Au
reste, nous n'avons aucune inquiétude sur
le sort qui attend ce projet si neuf ; nous
ne l'avons mentionné que parce qu'il est
caractéristique de l'état d'esprit dont nous
parlions ici même il y a huit jours, esprit
foncièrement hostile à tout essor et à toute
liberté et contre lequel on ne réagira jamais
assez.
NOUVELLES
Au musée du Louvre, le paysage de
Salomon Ruysdaël : Le Bac, dont nous an-
noncions récemment l'acquisition, vient d'être
placé dans la partie de la Grande galerie où
sont les Rubens.
**# Mme Gustave Deloye, veuve du sculpteur
récemment décédé, vient d'offrir à l'État le
buste en marbre de Mm« Yigée-Lebrun, œuvre
de son mari qui figura au Salon de 1895.
M. Jules Glaretie vient d'offrir au musée
de la Comédie-Française un Portrait de
—«^uoiutui les piuumiuuna — ics mcii- Racliel, par Eug. Devéria, qui vient aug-
leures s'entend — auxquelles son tempéra- | menter la série des portraits de l'artiste que