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LA CHRONIQUE DES ARTS
possède le Théâtre-Français. Ce portrait de
Raehel, jeune, représente la célèbre tragé-
dienne dans son rôle de « Bajazet » vue de
profil et coiffée à la turque.
sis** Le musée Carnavalet a acquis, cette
semaine, à la première vacation de la vente
Hartmann, la belle série d'aquarelles du Siège
de Paris, par Pils.
La Société des Artistes français a élu
cette semaine, les membres des jurys du Salon
de 1899 :
Sculpture. — MM. Mengue, Falguière, Gau-
quié, Max Bourgeois, Patey, Allar, Capellaro,
Cartier, Doublemard, Verlet, H. Dubois, Levas-
seur, Aizelin, Ernest Dubois, Michel. Morice,
G. Lemaire, Becquet, Cou tan, Larche, De-
lorme, Barrias, Peyrol, Loiseau-Rousseau,
Gaudez, Rolard, Marqueste, Vernon, Frémiet,
A. Mercié.
Gravure et lithographie.— MM. Jules Jac-
quet, Burney, Patricot, Flameng, Mongin,Le-
couleux, Boulard, Lefort, Maurou, Sirouy,
Guillon, Audebert, Ruffe, Froment, Langerai,
Léveillé.
Architecture. — MM. Pascal, Loriot, Laloux,
Daumet, Mayeux, Redon, Coquart, Vaudre-
mer, Raulin, A. Normand, Moyaux, Scellierde
Gisors, Guadet, Paulin.
Dimanche dernier, on a inauguré, à
Lille, en môme temps qu'un Institut Pasteur,
un monument en l'honneur de ce savant,
œuvre du sculpteur A. Cordonnier.
Le comité, formé sous l'initiative de la
Société Nationale des Beaux-Arts pour élever
un monument à Puvis de Ghavannes et com-
posé de personnages officiels, d'artistes et
d'amis, a constitué son bureau.
Ont été nommés :
Président d'honneur : M. le Ministre de l'Ins-
truction publique et des Beaux-Arts :
Président : M. Carolus Duran, président de
la Société Nationale des Beaux-Arts ;
Vice-présidents : MM. Aynard, vice-président
de la Chambre des députés ; Bonnat, membre
de l'Institut ;
M. le président du Conseil municipal de
Paris ;
Trésorier : M. Dubufe.
Un comité de patronage a été aussitôt formé
pour appuyer, auprès du grand public et des
admirateurs du maître, la souscription qui va
être ouverte ; il se compose de :
MM. Bourgeois, député, ancien président du
Conseil des ministres ; Poincaré, député, an-
cien ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts ; les maires des villes de Lyon,
Marseille, Amiens, Rouen et Poitiers ; Glairin,
avocat, conseiller municipal ; Hattat, conseiller
municipal.
*** Nous sommes heureux de signaler un
acte de décentralisation artistique que nous
souhaitons voir suivi de beaucoup d'autres
semblables. Il s'agit de la création récente,
dans une sous-préfecture de province, à Bar-
sur-Seine, d'un musée d'art, dont le noyau
est formé par une donation d'un généreux
amateur : M. Trumet de Fontarce.
Un triptyque de van Dyck, dit-on, des Wou-
verman, plusieurs Madones de l'école ita-
lienne, un buste de Napoléon par Canova, un
meuble de salon Empire, etc., sont les princi-
pales œuvres que renferme ce petit musée,
installé dans une des salles de l'hôtel de ville.
PETITES EXPOSITIONS
GALERIE DUrtAND-RVJEL
Nous sentons aujourd'hui noire fonction
s'élever. Déjà, celte année, nous avons ou
quelques aubaines et le métier n'a pas été
toujours ingrat. La « petite Exposition »,
qui s'ouvrit lundi dernier chez Durand-Ruel,
est une « grande » exposition à la considé-
rer par la valeur des œuvres qu'elle réunit.
Elle soulève un enthousiasme et une joie
non dissimulés parmi ses visiteurs. Les
paroles acrimonieuses ou indignées d'autre-
fois n'ont plus d'écho. A peine, çà et là, une
oreille attentive et susceptible peut-elle en-
tendre une malveillance isolée. Les anciens,
radieux, racontent des histoires aux nou-
veaux, stupéfiés : des Renoir vendus 30 et
40 francs à l'hôtel Drouot, le rire du public,
en 1879, quand Monet exposa ses gares
Saint-Lazare, et bien d'autres aventures
assez tristes alors et qui semblent gaies à
présent. Les beaux jours font oublier les
mauvais. Le succès est tel qu'il doit satis-
faire les plus ambitieuses espérances.
L'exactitude a son mérite. Disons tout de
suite la composition de ces cinq salles. Dans
la première, quarante-deux toiles de Renoir ;
dans la seconde, trente-six de Monet ; dans
la troisième, trente-six de Pissarro ; dans la
quatrième, trente-quatre de Sisley; dans la
dernière, vingt-six Corot.
Corot, c'est le père à tous. L'idéal lumi-
neux des modernes, la grâce de certains, la
simplicité do beaucoup, le sentiment tendre
ou enthousiaste do la nature chez la plupart,
l'intelligence et l'honnêteté des moyens et la
liberté chez tous, puis l'horreur du théâtral,
du procédé équivoque, des effets, des expé-
dients, du solennel, du faux-joli, voilà,
après même les transformations des tech-
niques, les bienfaits qu'il a contribué à
répandre. Le Paysage à Yille-d'Avray, la
Rue de Château-Thierry, le Moulin de Plan-
ques, la Nuit tombante, le Tibre, Baigneuses,
le Paysage aux environs de Semur, sont in-
comparables, les uns pour la translucidité
et la légèreté des ciels, les autres pour la
vie des arbres et des verdures, ceux-ci pour
l'impression d'étendue, ceux-là pour la pé-
nétration sans heurt de la lumière dans les
ombres. Et il y a de belles ligures graves et
douces comme l'Italienne et la Femme accou-
dée, ou simples et suaves comme Une Ma-
riée et Jeune Mère.
La présence de Corot n'anéantit pas ses
voisins. N'est-ce pas dire qu'il y a, parmi
les peintures de Monet, Renoir, Sisley et
LA CHRONIQUE DES ARTS
possède le Théâtre-Français. Ce portrait de
Raehel, jeune, représente la célèbre tragé-
dienne dans son rôle de « Bajazet » vue de
profil et coiffée à la turque.
sis** Le musée Carnavalet a acquis, cette
semaine, à la première vacation de la vente
Hartmann, la belle série d'aquarelles du Siège
de Paris, par Pils.
La Société des Artistes français a élu
cette semaine, les membres des jurys du Salon
de 1899 :
Sculpture. — MM. Mengue, Falguière, Gau-
quié, Max Bourgeois, Patey, Allar, Capellaro,
Cartier, Doublemard, Verlet, H. Dubois, Levas-
seur, Aizelin, Ernest Dubois, Michel. Morice,
G. Lemaire, Becquet, Cou tan, Larche, De-
lorme, Barrias, Peyrol, Loiseau-Rousseau,
Gaudez, Rolard, Marqueste, Vernon, Frémiet,
A. Mercié.
Gravure et lithographie.— MM. Jules Jac-
quet, Burney, Patricot, Flameng, Mongin,Le-
couleux, Boulard, Lefort, Maurou, Sirouy,
Guillon, Audebert, Ruffe, Froment, Langerai,
Léveillé.
Architecture. — MM. Pascal, Loriot, Laloux,
Daumet, Mayeux, Redon, Coquart, Vaudre-
mer, Raulin, A. Normand, Moyaux, Scellierde
Gisors, Guadet, Paulin.
Dimanche dernier, on a inauguré, à
Lille, en môme temps qu'un Institut Pasteur,
un monument en l'honneur de ce savant,
œuvre du sculpteur A. Cordonnier.
Le comité, formé sous l'initiative de la
Société Nationale des Beaux-Arts pour élever
un monument à Puvis de Ghavannes et com-
posé de personnages officiels, d'artistes et
d'amis, a constitué son bureau.
Ont été nommés :
Président d'honneur : M. le Ministre de l'Ins-
truction publique et des Beaux-Arts :
Président : M. Carolus Duran, président de
la Société Nationale des Beaux-Arts ;
Vice-présidents : MM. Aynard, vice-président
de la Chambre des députés ; Bonnat, membre
de l'Institut ;
M. le président du Conseil municipal de
Paris ;
Trésorier : M. Dubufe.
Un comité de patronage a été aussitôt formé
pour appuyer, auprès du grand public et des
admirateurs du maître, la souscription qui va
être ouverte ; il se compose de :
MM. Bourgeois, député, ancien président du
Conseil des ministres ; Poincaré, député, an-
cien ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts ; les maires des villes de Lyon,
Marseille, Amiens, Rouen et Poitiers ; Glairin,
avocat, conseiller municipal ; Hattat, conseiller
municipal.
*** Nous sommes heureux de signaler un
acte de décentralisation artistique que nous
souhaitons voir suivi de beaucoup d'autres
semblables. Il s'agit de la création récente,
dans une sous-préfecture de province, à Bar-
sur-Seine, d'un musée d'art, dont le noyau
est formé par une donation d'un généreux
amateur : M. Trumet de Fontarce.
Un triptyque de van Dyck, dit-on, des Wou-
verman, plusieurs Madones de l'école ita-
lienne, un buste de Napoléon par Canova, un
meuble de salon Empire, etc., sont les princi-
pales œuvres que renferme ce petit musée,
installé dans une des salles de l'hôtel de ville.
PETITES EXPOSITIONS
GALERIE DUrtAND-RVJEL
Nous sentons aujourd'hui noire fonction
s'élever. Déjà, celte année, nous avons ou
quelques aubaines et le métier n'a pas été
toujours ingrat. La « petite Exposition »,
qui s'ouvrit lundi dernier chez Durand-Ruel,
est une « grande » exposition à la considé-
rer par la valeur des œuvres qu'elle réunit.
Elle soulève un enthousiasme et une joie
non dissimulés parmi ses visiteurs. Les
paroles acrimonieuses ou indignées d'autre-
fois n'ont plus d'écho. A peine, çà et là, une
oreille attentive et susceptible peut-elle en-
tendre une malveillance isolée. Les anciens,
radieux, racontent des histoires aux nou-
veaux, stupéfiés : des Renoir vendus 30 et
40 francs à l'hôtel Drouot, le rire du public,
en 1879, quand Monet exposa ses gares
Saint-Lazare, et bien d'autres aventures
assez tristes alors et qui semblent gaies à
présent. Les beaux jours font oublier les
mauvais. Le succès est tel qu'il doit satis-
faire les plus ambitieuses espérances.
L'exactitude a son mérite. Disons tout de
suite la composition de ces cinq salles. Dans
la première, quarante-deux toiles de Renoir ;
dans la seconde, trente-six de Monet ; dans
la troisième, trente-six de Pissarro ; dans la
quatrième, trente-quatre de Sisley; dans la
dernière, vingt-six Corot.
Corot, c'est le père à tous. L'idéal lumi-
neux des modernes, la grâce de certains, la
simplicité do beaucoup, le sentiment tendre
ou enthousiaste do la nature chez la plupart,
l'intelligence et l'honnêteté des moyens et la
liberté chez tous, puis l'horreur du théâtral,
du procédé équivoque, des effets, des expé-
dients, du solennel, du faux-joli, voilà,
après même les transformations des tech-
niques, les bienfaits qu'il a contribué à
répandre. Le Paysage à Yille-d'Avray, la
Rue de Château-Thierry, le Moulin de Plan-
ques, la Nuit tombante, le Tibre, Baigneuses,
le Paysage aux environs de Semur, sont in-
comparables, les uns pour la translucidité
et la légèreté des ciels, les autres pour la
vie des arbres et des verdures, ceux-ci pour
l'impression d'étendue, ceux-là pour la pé-
nétration sans heurt de la lumière dans les
ombres. Et il y a de belles ligures graves et
douces comme l'Italienne et la Femme accou-
dée, ou simples et suaves comme Une Ma-
riée et Jeune Mère.
La présence de Corot n'anéantit pas ses
voisins. N'est-ce pas dire qu'il y a, parmi
les peintures de Monet, Renoir, Sisley et